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BRAS DE FER - Il venait de valider son CAP et avait obtenu un contrat, mais le jeune boulanger Lamine Diaby doit être renvoyé en Guinée d’ici à début août par la préfecture. Son patron a lancé une pétition pour soutenir son apprenti.

"Ça me fait vraiment mal", lâche le jeune Guinéen Lamine Diaby dans le reportage en en-tête. L’apprenti boulanger, major de sa promotion, venait de valider son CAP et d’obtenir un contrat d’un an dans sa boulangerie de Besançon, mais il devra peut-être le déchirer.

’est une lettre de la préfecture qui a tout fait basculer, quelques jours avant ses résultats d’examen : le jeune homme vient d’avoir 18 ans, il n’est donc plus protégé par la loi qui interdit l'expulsion de mineurs isolés sans papiers. De plus, ses documents d’identité ne seraient pas authentiques, ajoute la préfecture.

Aujourd’hui on me dit que je dois aller travailler chez moi alors que je n’ai aucune famille là-bas, déplore-t-il, la voix cassée par l’émotion. La seule famille à qui je tiens maintenant, c’est mon patron." Lamine Diaby doit quitter le territoire d’ici à début août, après deux ans de formation au cours desquelles il s’est illustré avec des notes prometteuses, puisqu’il a fini major de sa promotion. L’apprenti visait même un Brevet Professionnel après son contrat.
Chez ses collègues, il y a un sentiment de gâchis. "Comme collègue il est super, comme apprenti il apprend très vite", souligne l’un d’eux qui se dit "un peu dégoûté" : "C’est comme si on lui claquait la porte au nez juste après avoir réussi son diplôme".

Une pétition de soutien rassemble près de 1500 signatures en quatre jours

"Ça va me mettre en difficulté, c’est comme si on m’enlevait une jambe ou un poumon", plaide de son côté son patron, le maître boulanger Alexandre Figard. Il a lancé une pétition, mise en ligne lundi 12 juillet, pour l’aider à obtenir un titre de séjour. "Souffrant d'une maladie chronique", il souhaite à terme que "Lamine occupe un poste de responsable boulanger", précise le texte de la pétition.

Dès le premier jour, des centaines de signatures ont été rassemblées et à la caisse de la boulangerie, les clients défilent pour laisser leur nom sur le document. "C’est la moindre des choses, et ça va lui apporter beaucoup", commente l’un d’eux. À ce jour, la pétition a récolté près de 1500 signatures en ligne.
Une aide bienvenue pour ce jeune Guinéen balloté par les épreuves sur tout son parcours migratoire : né en 2002 à Conakry, capitale du pays, Lamine Diaby n’a pas connu sa mère et a été abandonné par son père, raconte le texte de la pétition. Avec son frère, il quitte la Guinée en octobre 2018 et entame un parcours périlleux jusqu’à Besançon, en passant par le Mali, l’Algérie, le Maroc, l’Espagne…

Un cas qui n'est pas isolé

Avec son avocate, Lamine Diaby espère lancer un recours pour poursuivre sa carrière en France. Son cas fait sensiblement écho à celui de Laye Fodé Traoré, un autre apprenti-boulanger guinéen menacé d’expulsion en janvier dernier. Sa régularisation avait été arrachée après plus d’une semaine de grève de la faim menée par son patron, Stéphane Ravacley. La pétition lancée pour le soutenir avait recueilli près de 242.400 signatures et avait notamment été relayée par le député européen Raphaël Glucksmann.

 

Lci.fr

 

Le 15 juillet 2021

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