Des particuliers se cotisent pour payer l’hôtel à Léa et ses trois enfants, sortis du dispositif d’hébergement d’urgence. Ils en appellent à la préfecture.

« C’est un cri d’alarme. Un appel au secours », lâche Abdel. Cet habitant de Colombes s’apprête à partir en vacances, comme beaucoup. Sauf qu’il n’arrive pas à avoir l’esprit tranquille. Depuis une dizaine de nuits, lui et d’autres anonymes se cotisent pour payer deux chambres d’hôtel à Léa et ses trois enfants âgés de trois, cinq et 13 ans. Mais ce bel élan de solidarité s’épuise.

« Nous arrivons aujourd’hui à un point où c’est compliqué. L’hôtelier, touché, lui a offert une nuit. Nous lui en offrons encore une. Mais après… » Au rythme de 110 € la nuit (pour deux chambres à 55 €), la cagnotte, lancée à l’origine pour d’autres familles en grande précarité, s’amenuise.

Et l’angoisse de Léa grandit. « Chaque jour, on ne sait pas si on va pouvoir rester avec les enfants, confie cette mère de famille, la gorge serrée. Depuis le 25 mai, nous avons perdu notre chambre à Paris Porte de Clichy. On est épuisés. »

Léa était hébergée à l’hôtel dans le cadre du dispositif d’hébergement d’urgence du 115. Mais en mai, les critères ont été durcis par la préfecture des Hauts-de-Seine. Certaines familles se retrouvent à la rue, dont Léa. D’autres savent que les nuitées sont comptées. Une mobilisation se met en place. Manifestations, réunions… elle finit par porter ses fruits.

 

 

« Humainement, ce n’est pas possible de les remettre à la rue »

Le 20 juillet dernier, lorsque le préfet des Hauts-de-Seine reçoit une délégation d’élus, de représentants associatifs et deux mères de famille concernées. Il promet que même si les critères s’appliquent aux nouveaux entrants, les personnes déjà hébergées ou celles qui ont été sorties du dispositif de mise à l’abri ces derniers mois pourront le réintégrer. Léa faisait partie de la délégation. « J’ai expliqué à monsieur le préfet que mes enfants ne pouvaient plus aller à l’école car je suis hébergée à droite à gauche, rappelle la jeune femme ivoirienne. Il m’a dit, je m’engage à vous reprendre, mais il n’a pas donné de date. »

En attendant, le collectif Solidarité familles Colombes li vient en aide. « Je suis sensible à la situation de ces bouts de chou et j’ai donné de l’argent à la cagnotte, confie Malika, une autre habitante mobilisée. Mais trouver chaque jour 110 €, ce n’est pas possible sur le long terme. Et humainement, ce n’est pas possible de les remettre à la rue. Il faut une solution pérenne ! »

Contactée, la préfecture rappelle de son côté que « le dispositif d’hébergement d’urgence est toujours saturé ». Et invite Léa « à rappeler chaque jour le 115 pour qu’une chambre puisse lui être attribuée. »

Adeline Daboval @adaboval
Le 3 août 2018

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