Paris (AFP) - Six suspects en lien avec les milieux de l'ultradroite ont été interpellés mardi dans une enquête sur des menaces d'attaque visant Emmanuel Macron, un projet "imprécis" que les enquêteurs doivent encore éclaircir.

Le coup de filet antiterroriste mené par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), a permis d'arrêter plusieurs suspects en lien avec la mouvance d'ultradroite à la suite de renseignements faisant état d'"un possible projet d'action violente" contre le président, a indiqué l'une des sources proches de l'enquête, confirmant une information de BFMTV.

L'opération a ciblé cinq hommes et une femme âgés de 22 à 62 ans, qui ont été placés en garde à vue, dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle", ont précisé des sources judiciaire et proche de l'enquête.

Parmi ces suspects, quatre hommes ont été interpellés en Moselle et un autre en Ille-et-Vilaine. La femme, âgée de 61 ans, a été arrêtée en Isère. Elle résidait à Prunières, un village de 365 habitants situé dans le sud du département.

Toutefois, a souligné une source proche de l'enquête, "cette enquête vise un projet, imprécis et mal défini à ce stade". Les investigations en cours devront établir la réalité et la nature exacte de cette menace.

Lundi, lors de l'installation du nouveau directeur de la DGSI Nicolas Lerner, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner s'est dit "attentif" aux menaces venues notamment des "mouvements extrémistes de droite comme de gauche, très actifs sur notre territoire".

- Castaner et Mélenchon -

Depuis 2017, les enquêteurs ont déjà mené au moins deux autres coups de filets antiterroristes visant l'ultradroite.

La DGSI avait notamment démantelé en octobre 2017 un groupuscule dirigé par un jeune habitant de Vitrolles (Bouches-du-Rhône) et ancien militant de l'organisation royaliste Action française, Logan Nisin.

Arrêté en juin 2017 puis mis en examen, il avait reconnu devant les enquêteurs avoir fondé ce groupe sous le nom d'OAS, rappelant l'organisation responsable d'une campagne sanglante contre l'indépendance de l'Algérie dans les années 1960. Son objectif: "enclencher une re-migration basée sur la terreur".

Parmi les cibles potentielles, le groupe avait envisagé de s'en prendre au chef de file de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon et à l'ancien maire de Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence) devenu ministre Christophe Castaner.

Évoquées aussi, des attaques contre des "kebabs" de Marseille ou le "chantier de la grande mosquée de Vitrolles", mais le projet avait tourné court, faute d'en avoir "les capacités", avait indiqué Logan Nisin aux enquêteurs.

Sur les neuf jeunes suspects mis en examen pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle", huit avaient été initialement placés en détention provisoire et quatre d'entre eux ont depuis été remis en liberté.

Plus récemment, c'est un autre groupe, Action des forces opérationnelles (AFO) qui a été ciblé en juin dernier par une opération de la DGSI. Selon les investigations, ce groupe, qui affiche son ambition de lutter "contre le péril islamiste", avait évoqué des projets d'attaques contre des islamistes sortant de prison ou des mosquées radicales.

Treize de ses membres présumés dont son probable chef de file, un policier à la retraite qui entendait "durcir l'action" du groupe, avaient été mis en examen cet été, notamment pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle".

Quatre d'entre eux, dont le chef présumé du groupuscule, ont été remis en liberté sous contrôle judiciaire contre l'avis du parquet.

En France, l'ultradroite est portée par des groupuscules concurrents agissant en ordre dispersé et aux capacités opérationnelles "limitées", estimait la DGSI dans une note versée au dossier d'instruction sur le groupe de Logan Nisin.

Nathalie ALONSO et Katell PRIGENT, AFP
Le 6 novembre 2018

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