Après l’épreuve, un peu de réconfort en vue pour les migrants africains en Europe qui ont déjà payé un lourd tribut avec des centaines de victimes du Coronavirus !

 

Portugal et Italie montrent la voie….

Dos au mur sur le plan économique ou pour des raisons humanitaires, plusieurs pays européens ont décidé de régulariser en masse leurs « sans-papiers » ou se trouvent pressés par leurs opinions pour emprunter cette voie. Déjà en mars dernier, le Portugal  est le premier à lancer une procédure de régularisation massive des sans-papiers sur son sol pour permettre à tous l’égalité des soins face au COVID. Parmi les premiers bénéficiaires, nombreux sont les capverdiens, angolais, guinéens-bissau… et quelques centaines de Sénégalais aux cotés des 15000 concitoyens qui résident légalement dans la péninsule lusitanienne. En Allemagne, Espagne et France, des voix se font de plus en plus entendre pour suivre l’exemple portugais tout en anticipant à l’heure de la relance, les déficits en main d’œuvre dans des secteurs clés : agriculture, santé, bâtiment, industrie…

Ces derniers jours c’est au tour de l’Italie, principal pays impacté par l’épidémie, d’annoncer par la voix de Teresa Bellanova, ministre de l’agriculture, la décision de régulariser rapidement 200 000 sans-papiers « pour sauver nos récoltes et l’agriculture ». Comme en France et en Espagne, la fermeture des frontières au début de l’épidémie a vidé les champs des provinces italiennes, de ses milliers de travailleurs étrangers saisonniers. Et dans ce contexte, cet appel en faveur des sans-papiers n’a pas peiné à convaincre tant le Ministre italien de l’intérieur que le Premier ministre, Giuseppe Conte qui voient également dans cette opération, l’opportunité de contrecarrer l’exploitation par la mafia des 600 000 sans-papiers installés en Italie.  Parmi ces derniers, ceux qualifiés pour le travail agricole voire le personnel de maison et l’assistance aux personnes âgées pourraient être délivrés bientôt par le décret de régularisation à venir…

Et les « sans-papiers » africains d’Italie peuvent y croire ! De sources ONG italiennes, cette communauté d’informels est estimée à plus de 200000 membres soit un tiers des « sans -papiers » totaux en Italie. Parmi les ressortissants africains les plus représentés : marocains, tunisiens, sénégalais, ghanéens, nigérians, ivoiriens, guinéens, erythréens, soudanais du sud…Même si la plupart d’entre eux sont davantage concentrés dans les terres industrielles du nord (Lombardie, Emilie-Romagne, Piémont…), ils n’en demeurent pas moins nombreux et appréciés dans les travaux agricoles sur les terres du sud (Pouilles, Calabre, Sicile…).  Avec 70000 ouvriers, Maroc, Tunisie et Sénégal fournissent déjà les trois principaux contingents africains de travailleurs agricoles saisonniers et devraient logiquement être les principaux bénéficiaires africains des régularisations à venir.

 

Ce qui est bon pour la diaspora…

Ce qui est bon pour la diaspora est une chance pour l’Afrique ! D’année en année, la solidarité des diasporas africaines vis à vis de leurs proches restés au pays ne se dément pas. En 2019, elles ont transféré vers l’Afrique subsaharienne près de 50 milliards USD depuis la France, Europe, USA et plus d’une soixantaine de pays ! Une tendance durable dont il est acquis qu’elle sera mise à mal par la crise du COVID comme le prévoit la Banque Mondiale, estimant à 20%  la baisse des transferts diasporiques de la zone Afrique pour l’année en cours. Par ces temps d’infortune, moins de précarité et plus de pouvoir d’achat (et de transferts) pour quelques dizaines de milliers de sans-papiers africains régularisés est une petite bouffée d’air pour leurs familles et notre continent.

 

Samir BOUZIDI

Spécialiste en mobilisation des diasporas africaines

 

Le 8 mai 2020

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