Dix-sept personnes ont été tuées dans des inondations causées par des pluies torrentielles qui se sont abattues sur Abidjan dans la nuit, un lourd bilan déjà enregistré les années précédentes en pleine saison des pluies dans la capitale économique ivoirienne.

Ce bilan a été annoncé par le ministère ivoirien de l'intérieur à 15h30 (locales et GMT). On ignore le nombre de blessés éventuels, mais "115 personnes ont été secourues par les sapeurs-pompiers militaires et la Marine nationale" pendant la nuit, "appuyés par la population", a indiqué le ministre de l'Intérieurn Sidiki Diakitén à l'issue de la réunion d'une cellule de crise interministérielle mardi matin.

Des "pluies torrentielles" sont tombées sans interruption "de 23 heures lundi à 6 heures mardi" sur Abidjan, métropole de 5 millions d'habitants en croissance continue, où les constructions anarchiques sont légion, y compris dans des zones inondables, habitées par des populations pauvres. Ville vallonnée bâtie autour de lagunes bordant la mer, Abidjan pâtit d'infrastructures défaillantes, en particulier pour les égouts et la gestion des eaux.

Plusieurs quartiers ont été frappés par les inondations: on compte huit morts dans la commune de Cocody, deux dans la commune populaire de Yopougon, un à Adjamé, un à Port Bouët, selon un comptage partiel du ministre de l'Intérieur. Un éboulement a fait plusieurs morts à Attécoubé, selon la télévision nationale RTI.

Dans le quartier Riviera 3 à Cocody, la Cité Allabra a été dévastée par les eaux en furie, ont constaté un journaliste et un photographe de l'AFP: pans de murs effondrés, portails arrachés, palmiers renversés, voitures défoncées gisant sens dessus dessous dans les rues recouvertes de boue et de débris, y compris des 4x4 pesant plus de deux tonnes.

"Je dormais à l'étage, mon ami à côté de moi m'a réveillé : +Lève-toi il y a de l'eau !+. J'ai regardé par la fenêtre, je voyais passer des voitures, des meubles emportés par l'eau. Puis l'eau a commencé à monter l'escalier, on a eu peur, mais la pluie a diminué", a raconté à l'AFP Ismaël Oulata, coach sportif.

Au rez-de-chaussée, toutes ses machines de musculation sont hors d'usage. Le salon de coiffure voisin est maculé de boue.

- 'Je n'ai jamais vu ça' -

"On a tout perdu", témoigne Mme Sabine, gérante d'une pizzeria à l'entrée de la cité, qui préfère ne pas donner son nom de famille. "Quand on est arrivés ce matin, tous les congélateurs étaient renversés, tous les produits sont gâtés, et nos cinq motos de livraison ont été abîmées".

Selon plusieurs témoignages, l'eau est montée jusqu'à deux mètres pendant la nuit.

"Je n'ai jamais vu ça de ma vie", a témoigné un habitant, qui a vu sa voiture emportée à 600 mètres.

Thierry Diarrassouba, agent de sécurité d'un centre commercial voisin, où les pompiers ont installé un poste de secours dans la nuit, a vu des gens "en état de choc" après avoir été sauvés.

"Des habitants étaient perchés sur les toits des maisons" en attendant les secours, a rapporté le directeur général de l'Office national de la protection civile, Fiacre Kili.

Le Premier ministre ivoirien, Amadou Gon Coulibaly, a déploré le lourd bilan de ces inondations et la récurrence de ce type de catastrophe à chaque saison des pluies, de mai à juillet.

L'an dernier, les pluies avaient fait 15 morts entre mai et juin à Abidjan. En juin 2015, 16 personnes étaient mortes. Et le 19 juin 2014, 23 personnes avaient péri dans des glissements de terrain. Le plus lourd bilan remonte au 29 mai 1996, où des pluies diluviennes avaient fait 28 morts à Abidjan.

"Les zones à risque, nous les connaissons, ce sont toujours les mêmes quartiers", avec "des constructions sur des bassins d'orage ou des bassins versants", a déclaré le Premier ministre qui présidait la cellule de crise.

Il faut "des prévisions météo plus fines", pour "avertir les populations au moins 24 heures à l'avance", afin qu'elles évacuent leurs logements, a-t-il plaidé. "Nous travaillons avec les maires des communes pour identifier les zones de relocalisation" pour ces populations. "Des travaux d'assainissement sont en cours mais il faut du temps avant qu'ils ne produisent leurs effets", a conclu le Premier ministre.

AFP
Le 20 juin 2018

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