Trump signe un nouveau décret sur l'immigration

WASHINGTON  - Donald Trump a signé lundi une nouvelle version de son décret suspendant temporairement l'entrée sur le territoire des Etats-Unis des ressortissants de six pays musulmans d'Afrique et du Moyen-Orient au lieu de sept précédemment, l'Irak ne figurant plus sur la liste.

Le décret, qui devrait entrer en vigueur le 16 mars selon une porte-parole de la Maison blanche, maintient pour 90 jours l'interdiction d'entrée sur le territoire américain des ressortissants d'Iran, de Syrie, de Libye, du Yémen, de Somalie et du Soudan.

Ces six pays figuraient déjà dans la première version signée le 27 janvier dernier mais qui a été bloquée par la justice fédérale le 3 février.

Donald Trump avait publiquement critiqué les juges et promis tout d'abord de porter l'affaire devant la Cour suprême, avant de se rétracter et de décider de prendre un nouveau décret amendé, plus aisé à défendre devant la justice.

Le délai entre la signature du nouveau décret et sa mise en oeuvre doit permettre d'éviter les difficultés techniques apparues après le premier décret. Celui-ci, applicable immédiatement, avait provoqué des scènes de chaos dans les aéroports où des voyageurs concernés par le décret mais déjà en vol au moment de sa publication avaient été interpellés et stoppés à leur descente d'avion.

"C'est le devoir solennel du président de protéger le peuple américain", a déclaré à la presse le secrétaire d'Etat Rex Tillerson après la signature du décret. "Comme les menaces pour notre sécurité continuent à évoluer et à se modifier, notre bon sens nous dicte de réévaluer et de réexaminer en permanence le système sur lequel nous comptons."

Le leader de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, a dit s'attendre à ce que le décret révisé connaissent les mêmes difficultés devant les tribunaux que la première version.

"Une interdiction diluée reste une interdiction", a-t-il déclaré. "Malgré les modifications du gouvernement, nous sommes moins en sécurité, et pas plus, avec ce décret dangereux ; il est mesquin et anti-américain. Il doit être abrogé."

"SOULAGEMENT"

L'Irak en a été retiré parce que le gouvernement irakien, depuis la signature de la première version du décret, a mis en place de nouvelles procédures de vérifications, explique-t-on à la Maison blanche. Il s'agit aussi, ajoute-t-on, de tenir compte de la collaboration entre Washington et Bagdad dans la lutte contre l'Etat islamique (EI).

Le ministère irakien des Affaires étrangères a évoqué son "profond soulagement".

"Cette décision est un pas important dans la bonne direction, elle renforce l'alliance stratégique entre Bagdad et Washington dans de nombreux domaines, en tête desquels la guerre contre le terrorisme", a estimé le ministère.

Depuis l'intervention des Etats-Unis en Irak en 2003, plusieurs milliers d'Irakiens ont combattu auprès de l'armée américaine ou ont travaillé comme interprètes. Beaucoup, ayant fait l'objet de menaces pour avoir travaillé avec les Etats-Unis, se sont installés aux Etats-Unis.

Les dizaines de milliers de ressortissants des six pays toujours concernés bénéficiant d'un statut de résident permanent aux Etats-Unis - détenteurs de la "green card" - ne sont plus affectés par le nouveau décret présidentiel.

Le nouveau décret énumère les catégories de personnes qui pourront quoi qu'il en soit entrer aux Etats-Unis; cela sera le cas pour les voyages d'affaires ou les séjours à caractère médical, ou pour les personnes ayant de la famille aux Etats-Unis ou qui sont connues en tant que partisans des Etats-Unis.

Le décret initial prévoyait que l'entrée de tous les réfugiés était suspendue aux Etats-Unis pour une durée de 120 jours, et que les réfugiés syriens seraient interdits d'accès aux Etats-Unis pour une période indéterminée. Dans la nouvelle version, les réfugiés syriens n'ont plus de statut particulier.

Les réfugiés qui sont "en transit" et qui ont déjà reçu le feu vert des autorités pourront se rendre aux Etats-Unis.

(Avec Patricia Zengerle, Doina Chiacu et Mica Rosenberg; Henri-Pierre André, Eric Faye, Jean-Stéphane Brosse et Danielle Rouquié pour le service français)

par Steve Holland et Julia Edwards Ainsley

Reuters
Le 6 mars 2017

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