Des travaux prévus sur le câble internet sous-marin ACE les 21 et 22 mars auraient momentanément privé les utilisateurs guinéens d’Orange, MTN et Cellcom de connexion et d’appels internationaux, en plein week-end électoral. Mais ceux-ci ont finalement été reportés de quelques jours.

Orange, MTN et Cellcom Guinée ont prévenu leurs utilisateurs le 19 mars qu’une coupure de réseau internet allait intervenir de 1 heure du matin à 13 heures le 21 mars et de 1 heure à 9 heures le 22 mars, suite à une intervention menée par Orange Marine, la filiale de l’opérateur télécoms Orange dédiée à la pose et la maintenance de câbles internet sous-marins.

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Planifiés et reportés plusieurs fois depuis 2018, les travaux consistant à mettre à jour et à augmenter la capacité des segments 1 à 3 du câble Africa Coast to Europe (ACE) – qui connecte, depuis 2012, 24 pays de la côte occidentale au reste du monde – n’auront finalement pas lieu ce week-end. En pleine période de double scrutin en Guinée, la coupure aurait plongé le pays dans un blackout complet aussi bien pour les appels internationaux que pour la navigation internet.

Un seul câble pour connecter la Guinée

En effet, la Guinée est entièrement dépendante de ce câble long de 17 000 kilomètres. Le trafic ne peut donc pas être transféré sur un autre axe de communication, qu’il soit sous-marin ou terrestre (le backbone terrestre guinéen n’est toujours pas terminé).

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Contacté par Jeune Afrique, Orange, qui fait partie des 19 opérateurs propriétaires du câble, et l’entreprise guinéenne d’infrastructure de télécoms Guilab chargée de contrôler la bande passante sur ACE ont confirmé qu’un report de l’intervention a été décidé ce vendredi 20 mars pour un créneau ultérieur. Si aucune date n’a encore été fixée, les travaux devraient intervenir au cours de la semaine prochaine.

Une décision bienvenue alors même que des voix dénonçant une manœuvre du pouvoir avaient commencé à s’élever sur les réseaux sociaux. Mais Saïd Oumar Koulibaly, directeur général de Guilab, se veut rassurant : « J’ai adressé une lettre le 9 mars au ministre des Télécommunications et à l’ensemble des opérateurs du pays pour prévenir que les travaux allaient entraîner quelques coupures. Qui aurait parié à ce moment-là que des élections allaient se tenir à cette date ? En Guinée tout est ramené à la politique, mais cette opération est indépendante de notre volonté : nous sommes un consortium de 19 opérateurs, et les travaux vont concerner de nombreux pays de la sous-région », précise-t-il.

« Pas de concertation » entre opérateurs et autorités

Pour sa part, Jean-Luc Vuillemin, directeur des réseaux internationaux d’Orange et patron d’Orange Marine, confirme que ce genre de décision n’est pas prise en concertation avec l’autorité de régulation ou le ministère concerné.

Face aux spéculations, le ministre de la Communication, Amara Somparé, a lui aussi voulu couper court à toute polémique : « Cette coupure est une pure coïncidence. Les élections devaient se tenir d’abord le 16 février puis elles ont été reportées au 1er mars. Si le scrutin avait eu lieu aux dates initialement proposées, personne n’aurait parlé de cette maintenance ». a-t-il déclaré à JA.

Jeune Afrique a également contacté le ministre des Télécommunications et de l’Économie numérique, Moustapha Mamy Diaby qui s’est refusé à tout commentaire, précisant qu’il « n’a pas été informé pour les travaux »

 

Par Fatoumata Diallo et Quentin Velluet, Jeune Afrique

 

Le 20 mars 2020

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