Un homme devant le département du Travail à New York le 25 mars 2020
Un homme devant le département du Travail à New York le 25 mars 2020

Washington (AFP) - Le nombre de nouveaux chômeurs a explosé aux Etats-Unis, avec plus de trois millions de nouvelles demandes d'allocations chômage la semaine passée, un afflux inédit, dans une économie stoppée net par la pandémie de coronavirus.

Ce sont ainsi 3,3 millions de personnes qui ont fait une demande d'allocations chômage au cours de la semaine du 15 au 21 mars. Soit 3 millions de nouveaux demandeurs supplémentaires par rapport à la semaine précédente, qui avait enregistré 282.000 nouvelles demandes.

Il s'agit d'un niveau jamais vu aux Etats-Unis, le précédent record datant d'octobre 1982 avec 695.000 nouvelles demandes.

A 3,5% en février, le taux de chômage était jusqu'alors le plus faible depuis un demi-siècle. Il devrait bondir lors de la publication le 3 avril du chiffre mensuel, le secrétaire d'Etat au Trésor Steve Mnuchin ayant évoqué, dans le pire scénario, un taux record de 20%.

"La hausse extraordinaire des premières demandes est due aux effets (de l'épidémie) de Covid-19", relève le département du Travail dans son communiqué publié jeudi.

Le département du Travail précise que ce sont principalement les services, en particulier l'hébergement et la restauration, qui sont frappés, mais il cite également "les soins de santé et l'assistance sociale, les arts, les divertissements et les loisirs, les industries du transport et de l'entreposage et de la fabrication".

Plus de la moitié des Américains sont désormais appelés à rester chez eux, afin d'éviter au virus de se propager.

Les mesures de confinement mises en place, à des degrés divers, dans plusieurs métropoles ou Etats du pays --y compris les plus peuplés comme la Californie et New York--, ont contraint restaurants et commerces à fermer temporairement, et ont lourdement affecté des secteurs comme les transports ou le tourisme.

Les analyses les plus optimistes tablaient sur seulement 525.000 nouvelles demandes, quand d'autres attendaient plusieurs millions.

Les analystes d'ING ont relevé que les lignes téléphoniques et les sites internet ont été saturés "lorsque les gens se sont inscrits. Des millions d'autres déposeront leur demande dans les semaines à venir".

Cette flambée du nombre de chômeurs n'a toutefois pas effrayé Wall Street, qui a terminé la journée en nette hausse.

- Extension de l'assurance chômage -

"Tout le monde savait que nous allions prendre un gros coup", a réagi le conseiller économique de la Maison Blanche, Larry Kudlow, interrogé par des journalistes. Selon lui, un retour à la normale "prendra des semaines et des mois", mais "pas des années, c'est certain".

"Ces chiffres reflètent les pertes d'emplois importantes dans les entreprises de services comme l'hébergement et la restauration, ce qui signifie que les travailleurs à faible revenu ressentent déjà l'impact de cette crise", a commenté Joe Biden, probable adversaire démocrate du président républicain à l'élection de novembre.

Pour lui, Donald Trump "n'est pas responsable du coronavirus, mais il porte l'entière responsabilité de la réponse lente et non coordonnée", et il estime qu'"au moins 3 millions de personnes n'ont plus d'emploi parce que notre président n'a pas fait son travail quand c'était important".

Le plan de soutien massif à l'économie qui a reçu le feu vert du Sénat mercredi soir prévoit une extension de l'assurance chômage alors que de nombreux Américains connaissent une situation précaire, payés à l'heure, à la journée ou même à la course.

Ce plan prévoit une aide de plus de 2.000 milliards de dollars et en particulier un volet très important devant permettre aux entreprises de garder leurs employés et de continuer à les payer.

Les indemnités chômage ont été notablement étendues et les travailleurs indépendants ou à temps partiel pourront en bénéficier, de même que les personnes malades ou en quarantaine.

Les économistes de Pantheon Macroeconomics relèvent que la recherche Google "déposer une demande de chômage" ("file for unemployment") est près de huit fois supérieure actuellement à ce qu'elle était en février 2009, en pleine crise des subprimes.

Le nombre de foyers américains reliés à internet était certes inférieur il y a onze ans à ce qu'il est aujourd'hui, mais pour ces économistes, ce sont ainsi 4 millions de chômeurs qui pourraient apparaître.

Partie de Chine fin 2019, la pandémie de coronavirus avait infecté jeudi plus de 69.000 personnes et fait plus de 1.000 morts aux Etats-Unis, selon le comptage de l'université Johns Hopkins, qui fait référence.

 

Julie CHABANAS
Le 27 mars 2020  

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