En marge de sa visite à New York, le président guinéen a lancé un appel à ses partisans pour qu'ils se préparent « pour le référendum et les élections ». Une allusion à un référendum sur une éventuelle réforme constitutionnelle qui figure parmi les questions que doivent trancher les « concertations nationales » actuellement en cours.

C’est une petite phrase qui n’a pas manqué de résonner sur les réseaux sociaux guinéens. « Je vous demande de vous organiser et de vous préparer pour le référendum et les élections », lance le président guinéen, devant un parterre de militants de la diaspora, déclenchant un tonnerre d’applaudissements. Et Alpha Condé d’ajouter : « Ce qui veut dire que ceux qui n’ont pas leurs cartes d’électeur doivent commencer à se faire recenser », tandis que certains se levaient dans l’assistance pour scander « Prési ! Prési ! »

 

La vidéo amateur, tournée à l’ambassade de Guinée lors d’une rencontre d’Alpha Condé avec des Guinéens de la diaspora, dimanche 22 septembre à New York, est d’autant plus largement relayée et commentée que,  jusqu’ici, la parole du président guinéen sur le sujet était rare et mesurée. Surtout, l’opposition guinéenne n’a pas manqué de s’en saisir, jugeant que ces propos venaient confirmer les doutes émis sur les « concertations nationales » lancées depuis une dizaine de jours par le Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana.

LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE A PARLÉ AU CONDITIONNEL

Contacté par Jeune Afrique, le Premier ministre Kassory Fofana assure au contraire que « le président de la République a parlé au conditionnel » et que « ces consultations sont utiles ». « Je suis là pour écouter et prendre acte des demandes de tous les partis. L’opposition a été trop vite en besogne en refusant d’y participer », affirme-t-il.

Le bilan des consultations dressé dans deux semaines

Sur les législatives, le Premier ministre souligne que « de toute façon, la date [des élections] est fixée au 28 décembre 2019, comme l’a recommandé le président de la Ceni après s’être concerté avec ses commissaires ». Un choix de calendrier qui avait révélé des dissensions au sein de la Ceni, une partie des commissaires considérant ce délai trop court et plaidant pour qu’elles ne soient pas organisées avant mars 2020.

 

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Sur la question du référendum, en revanche, Kassory Fofana se montre plus prudent. « Je continue mon travail. Dans deux semaines, quand j’aurai mené toutes les consultations, je ferai un bilan. C’est à ce moment-là qu’une décision pourra être prise concernant la tenue ou non d’un référendum », insiste le Premier ministre.

Amadou Damaro Camara, président du groupe RPG arc-en-ciel (mouvance présidentielle) à l’Assemblée nationale, se montre en revanche beaucoup plus affirmatif . « La tendance de ces consultations est claire. Les retours que nous avons eu montrent que la tendance est en faveur d’un référendum pour une nouvelle Constitution », a-t-il confié à Jeune Afrique.

 

L’opposition de son côté, maintient sa position, et se félicite même des propos d’Alpha Condé. « Au sein du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), nous nous réjouissons d’avoir refusé de participer à ces consultations. Pour Alpha Condé, elles n’étaient qu’un moyen de se doter d’une certaine légitimité. Et par ces déclarations, il ridiculise Kassory Fofana », estime ainsi le chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, joint par JA.

 

Jeune Afrique, Par Fatoumata Diallo
Le 25 septembre 2019

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