Ce qu’il faut retenir du troisième débat de la primaire de la droite

Débat/primaire: terne sauf l'indignation de Sarkozy sur la Libye

 

Les sept candidats ont débattu de sujets aussi divers que l’élection de Donald Trump, la Syrie ou l’école.

A trois jours du premier tour de la primaire de la droite, les sept candidats à l’investiture se sont affrontés, jeudi 17 novembre, sur France 2. Retour sur ce qu’ont déclaré Jean-François Copé, François Fillon, Alain Juppé, Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire, Jean-Frédéric Poisson et Nicolas Sarkozy lors de cet ultime grand oral avant de laisser les électeurs les départager.

 

Sur l’élection de Donald Trump et ses conséquences en France

 

Les candidats ont été appelés à donner leur avis sur l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis. Pour François Fillon, la victoire du républicain est l’occasion « de dire stop et de convaincre les Européens de mettre en place une relation transatlantique beaucoup plus équilibrée. » « L’Amérique va se rétracter sur elle-même : ça nous laisse une possibilité fantastique de réaffirmer un leadership. Je pense que ces cinq années qui viennent peuvent marquer le retour de la France et de l’Europe sur la scène internationale », a pronostiqué Nicolas Sarkozy.

« Il a été élu, mais ça ne nous oblige pas à lui ressembler », a lancé Nathalie Kosciusko-Morizet, pour qui les « propos détestables de Donald Trump ne sont pas plus acceptables » maintenant qu’il est président. « Fera-t-il après l’élection ce qu’il avait annoncé avant ? C’est une question que nous devrions nous poser en France aussi », a souligné Alain Juppé.

 

Sur la situation en Syrie

 

« Nos soldats n’ont pas à aller risquer leur vie là-bas. » Comme Alain Juppé, Nathalie Kosciusko-Morizet est opposée au déploiement de troupes françaises au sol en Syrie. « Ce n’est pas à nous de le faire mais aux pays de la région », affirme le maire de Bordeaux.

François Fillon demande une « coalition avec les Russes », à un moment où « l’Amérique et la Russie se réconcilient par-dessus nos têtes », et ce afin de faire face à la « menace mondiale » que fait peser l’organisation Etat islamique. Jean François Copé balaie, lui, cette question : « alliance ou pas avec la Russie, c’est un faux sujet. »

 

Pour le maire de Meaux, « la priorité, ça n’est pas le sort de Bachar Al-Assad, [mais] la destruction de l’Etat islamique et de tous les mouvements islamistes ». Jean-Frédéric Poisson n’est pas de cet avis. « Soit Bachar Al-Assad reste, soit des islamistes prennent le pouvoir. Quand il s’est agi de serrer la main de Staline pour battre Hitler, on s’est posé moins de questions », a plaidé le président du parti chrétien-démocrate. « En cas de chute de régime », les chrétiens d’Orient auront le choix entre « la valise ou le cercueil », a fait valoir de son côté M. Fillon.

 

« Bachar Al-Assad ne représentera jamais à mes yeux - ou alors on n’est plus des humanistes - l’avenir de la Syrie », a rétorqué Nicolas Sarkozy.

 

Sur l’école

 

Les candidats se sont notamment exprimés sur le collège unique, que Bruno Le Maire et Jean-François Copé veulent supprimer. « Dès la 6e, il faut laisser à chaque enfant la possibilité de découvrir son talent en lui donnant des options beaucoup plus ouvertes dont il pourra changer s’il veut, en 5e », a expliqué le premier, tandis que le second a qualifié l’idée de « fiction égalitariste ». « Si le collège ne marche pas aujourd’hui, c’est parce qu’il est le même dans chaque quartier. Il faut que chaque chef d’établissement soit le chef de son établissement », a-t-il développé.

Les candidats étaient en revanche d’accord sur l’idée d’enseigner les « fondamentaux » à l’école et de revenir sur la réforme des rythmes scolaires.

Sur les révélations de Ziad Takieddine sur le financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007

 

Interrogé sur les révélations de Ziad Takieddine qui a affirmé avoir donné en main propre une valise d’argent liquide en provenance Libye à l’ex-président en 2007, Nicolas Sarkozy a éludé :

 

« Quelle indignité. Nous sommes sur le service public vous n’avez pas honte de donner écho à un homme qui a fait de la prison, qui a été condamné à d’innombrables reprises pour diffamation. Ce n’est pas idée que je me fais du service public ».

 

Ce n’est pas la première fois que M. Sarkozy s’en prend à France Télévisions.

 

Sur la fonction publique

 

Alain Juppé est revenu sur la proposition de François Fillon de supprimer 500 000 postes de fonctionnaires. Pour lui « si on supprime 500 000 postes, on ne recrute pas d’infirmières, pas de policiers, et ça, c’est juste impossible. »

François Fillon lui a répondu en précisant qu’il comptait le faire en proposant le passage à une semaine de travail de 39 heures pour l’ensemble des fonctionnaires. « On 

ne fera pas travailler 39 heures les enseignants » lui a rétorqué Alain Juppé.

 

Nicolas Sarkozy a, lui, abondé dans le sens de François Fillon : « il faut augmenter la durée du temps de travail des fonctionnaires. Je suis pour le travailler plus pour gagner plus ». Mais il entend se distinguer de son ancien premier ministre en refusant la hausse de deux points de la TVA qu’il propose.

 

Sur le RSA et les allocations

 

Nicolas Sarkozy a plaidé pour une « allocation nationale sociale unique » à condition que cette personne « donne de son temps à la collectivité » et qu’elle ne puisse pas gagner, en la touchant « plus de 75 % du Smic ». François Fillon propose également une allocation sociale unique mais pour lui, celle-ci « ne doit pas inclure les allocations pour les personnes âges et les personnes handicapées et doit être gérée non pas par l’Etat mais les départements ».

Alain Juppé plaide pour « un compte personnel, qui permette de calculer pour chaque personne la totalité des prestations qu’elle reçoit » pour faire en sorte « que celles-ci restent en deçà du salaire d’activité ».

Bruno Le Maire propose, lui, des « emplois rebonds » pour permettre aux « plus fragiles » d’être embauchés pour un salaire en dessous du Smic – des emplois qui seraient cumulables avec les aides sociales. Ces emplois rebonds seraient encadrés : « un an maximum et un nombre limité dans une entreprise ». Jean-Frédéric Poisson a pour sa part plaidé pour « remettre à plat le système allocataire » et la mise en place d’un revenu universel.

 

Lemonde.fr

Le 18 novembre 2016

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