C'est un document qui n'aurait pas dû devenir public en Guinée. Dans un pays où se pose la question d'une modification de la Constitution, qui pourrait permettre au président Alpha Condé de briguer un troisième mandat, une note émanant du ministère des Affaires étrangères, à destination des ambassadeurs guinéens, fait l'apologie d'une réforme des institutions.

Datée du 19 juin, la note tient en 12 pages, dont une traduction en anglais. Signé de la main de Mamadi Touré, le ministre des Affaires étrangères, le document demande aux ambassades de s’en « approprier le contenu » pour en « tirer les éléments de langage ». À savoir que nul ne peut ôter au peuple le droit de changer sa Constitution. Que le président est en droit d’en proposer une nouvelle pour la soumettre à référendum. Ce que contestent de nombreux juristes.

Sur le fond, cette lettre lève un coin du voile sur ce projet que personne n’a pour l’instant consulté. Disant que l’actuelle Constitution manque de légitimité, car adoptée en 2010 par un Conseil de transition. Qu’il est « nécessaire » de réduire le nombre d’institutions pour faire des économies, tout en instaurant un poste de vice-président. Et qu’il faut intégrer diverses préoccupations sociales et environnementales pour la plupart déjà inscrites dans la loi.

Dans un communiqué, le ministère confirme son authenticité, regrette la fuite et annonce des dispositions pour « situer les responsabilités ». Pour l’opposition, « le président cherche à séduire au-delà de ses frontières en faisant la promotion d’un projet antidémocratique ». Aucun pays ni institution ne s’est pour l’instant prononcé sur le sujet.

RFI
Le 4 juillet 2019

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