Arrivé en juillet à Dijon, après être resté un an sans jouer, sauf dans les rues de Conakry, le Guinéen Jules Keita a terrassé Nice samedi et se fait remarquer sur les réseaux en se comparant à la star brésilienne.

« Neymar, c’est mon idole. Les gens au pays m’appellent Baba Neymar. Car moi aussi je peux jouer plus fort que Neymar (sic).» Ce week-end, Jules Keita, l’attaquant de Dijon (20 ans) a fait le buzz, malgré lui, avec cette déclaration. Le feu follet guinéen (1, 68 m ; 56 kg), arrivé en juillet à Dijon pour trois ans, venait de réussir une entrée fracassante à Nice (4-0) avec 2 buts et 1 passe décisive en dix minutes.

« Tout est allé trop vite pour lui, tempère son conseiller Vincent Ciccada qui dirige la structure AK Betty avec Hervé Cros, qui s’occupe de recruter de jeunes footballeurs guinéens. Il n’avait jamais parlé devant des micros, il était impressionné et il s’est fait piéger. Au fond de lui, ce n’est pas ce qu’il voulait dire par rapport à Neymar. Car c’est un garçon humble et respectueux. Le petit sort à peine de la rue en Guinée, il faut y aller doucement avec lui. »

Bloqué par l’ambassade et les douanes en Guinée

Il y a encore trois mois, Jules Keita errait en effet dans les rues de Conakry. Sans club depuis juin 2017, son horizon se limitait à des tournois de quartier. En 2015, il avait été pourtant repéré par le SC Bastia lors de la CAN des moins de 17 ans et signé deux ans comme stagiaire pro. Malgré une belle Coupe du monde des moins de 20 ans avec la Guinée en 2017, il avait dû retourner à la case départ. Livré à lui-même à cause du dépôt de bilan du SC Bastia et abandonné par ses précédents agents.

« Ils l’ont laissé sans argent et ils ne lui répondaient plus au téléphone, raconte Vincent Ciccada. Son titre de séjour avait expiré, il était bloqué par l’ambassade et les douanes en Guinée. Sa situation était vraiment compliquée quand on l’a récupéré. » Depuis quelques années, la structure AK Betty a transféré de nombreux jeunes guinéens en Europe comme Naby Keita (Liverpool), Issiaga Sylla (Toulouse) ou Sadio Diallo (Hatayspor).

«Un grand combat administratif pour régulariser sa situation»

« Pendant plusieurs mois, on s’est occupé de lui, on lui a donné de l’argent, on l’a aidé à survivre, poursuit Vincent Ciccada. On l’a aussi fait travailler, même si pendant un an il a surtout joué dans la rue. Jules ne pouvait pas quitter son pays pour faire des essais. Ce sont donc les clubs qui se sont donc déplacés à Conakry pour le voir. On remercie Dijon pour sa confiance. Ça a été aussi un grand combat administratif pour régulariser sa situation. »

Après sa prestation à Nice, son entourage veut maintenant « le protéger». Et décidé de bloquer toutes les sollicitations médiatiques. «On ne s’attendait pas à ce qu’il explose aussi vite en L1, reconnaît Vincent Ciccada. Quand on voit d’où il vient, c’est déjà extraordinaire qu’il se soit adapté aussi rapidement. Mais c’est pour ça qu’on va être vigilant et l’accompagner de très près. »

 

Source : Leparisien
Le 30 août 2018

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