Les économistes de l'Organisation de coopération et de développement économique n'anticipent plus que 3,8% de hausse pour l'activité dans le monde cette année, soit 0,1 point de moins que dans leurs précédentes prévisions du mois de mars.

L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a révisé, ce mercredi, en légère baisse sa prévision pour la croissance de l'économie mondiale en 2018. Elle reste toutefois globalement optimiste sur son évolution à court terme mais insiste toujours sur la nécessité pour les gouvernements de mettre en œuvre des réformes structurelles pour consolider cette croissance dans le temps et atténuer des risques qui restent importants.

» LIRE AUSSI - La croissance française revue à la baisse en ce début d'année

Ses économistes n'anticipent plus que 3,8% de hausse pour l'activité dans le monde cette année, soit 0,1 point de moins que dans leurs précédentes prévisions du mois de mars. Ils ne changent rien en revanche à leurs attentes pour 2019, toujours calées à 3,9%.

Zone euro et Japon

Quelles sont les raisons de cette révision pour 2018? Cela tient pour l'essentiel à la zone euro et au Japon. L'OCDE n'escompte plus que 2,2% de croissance dans la première et 1,2% chez le second, soit des baisses de respectivement 0,1 et 0,3 point par rapport à mars. Plus précisément en France, l'OCDE a amputé de 0,3 point sa prévision cette année, l'abaissant de 2,2% à 1,9%. Idem pour l'Allemagne avec une baisse à 2,1% contre 2,4% attendus en mars. Les prévisions pour l'an prochain sont maintenues pour ces deux pays, à 1,9% et 2,1% respectivement. Quant à l'Italie, qui traverse une crise politique et fait face à des turbulences financières sur les marchés, elle devrait connaître une croissance de 1,4% cette année (-0,1 point) et chuter à 1,1% en 2019 (-0,2 point).

» LIRE AUSSI - Le Japon célèbre huit trimestres de croissance

Néanmoins, l'économie américaine, qui traverse l'un des cycles de croissance les plus longs de son histoire, devrait continuer sur sa lancée grâce à une réforme fiscale massive adoptée à la fin de l'année dernière. L'OCDE table sur une hausse de 2,9% cette année et 2,8% l'an prochain, sans changement par rapport à ses prévisions de mars dernier. Elle ne change rien non plus à ses anticipations pour la Chine (6,7%) mais revoit en hausse les perspectives de croissance de l'Inde (+0,2 point à 7,4%).

» LIRE AUSSI - USA: le FMI révise en hausse sa prévision de croissance à 2,9%

Pour l'OCDE, le ralentissement constaté au premier trimestre s'est concentré sur les pays développés et tient pour une part à des facteurs temporaires comme une météo difficile, même si les inquiétudes liées aux risques de guerre commerciale ont peut-être nourri des incertitudes chez les acteurs économiques, les amenant à différer des investissements.

Politiques monétaires

Le rebond des prix du pétrole a sans doute aussi, selon elle, contribué à la faiblesse récente de la consommation des ménages. Mais son impact devrait se dissiper rapidement.

» LIRE AUSSI - Les prix du pétrole en ordre dispersé

Car pour 2019, les dernières prévisions de l'organisation sont globalement stables par rapport à celles de mars, avec une croissance attendue de 2,8% aux États-Unis, 2,1% en zone euro et 6,4% en Chine qui devrait permettre de ramener le taux de chômage de la zone OCDE à 5,1%, son niveau le plus bas depuis 1980. Elle est légèrement plus optimiste pour le Royaume-Uni (+0,2 point à 1,2%), le Canada (+0,2% à 2,2%) et le Brésil (+0,4 point à 2,8%).

Mais elle révise en baisse ses projections sur l'Allemagne (-0,1 point à 2,1%) et l'Italie (-0,2 point à 1,1%), même si, pour ce dernier pays, elle dit ne pas prendre en compte un impact éventuel de la crise politique actuelle qui pourrait modifier la donne.

Pour l'OCDE, la croissance de l'économie mondiale a retrouvé un rythme de croisière proche de 4%, qui est sa moyenne des dernières décennies. Mais elle relève que, contrairement aux épisodes précédents, où elle avait été nourrie par des gains de productivité, elle doit son regain de vigueur uniquement aux politiques monétaires très accommodantes menées par les grandes banques centrales pour sortir de la crise, auxquelles ont succédé depuis peu des politiques budgétaires à nouveau expansionnistes.

Préconisation de réformes structurelles

«Maintenant que la politique monétaire entame enfin un retour à la normale, les gouvernements interviennent avec des politiques budgétaires de soutien», souligne Alvaro Santos Pereira, chef économiste par intérim de l'OCDE. Les trois quarts des pays de l'OCDE y ont recours à des degrés divers, à commencer par les États-Unis avec leur réforme fiscale, dont l'OCDE chiffre toujours l'impact sur la croissance à 0,5 point de PIB cette année et 0,75 point l'an prochain.

Si ce soutien est favorable à l'activité pour le moment, Alvaro Santos Pereira avertit, dans une allusion aux États-Unis, qu'il pourrait renforcer les pressions inflationnistes et partant, avoir un impact négatif à moyen terme dans les pays qui connaissent déjà une longue phase de croissance.

«Il est important que, en faisant ces choix, les gouvernements soient bien conscients de l'impact à moyen terme de leurs politiques et ne se focalisent pas seulement sur leurs bénéfices à court terme», dit l'économiste.

Plus généralement, il souligne que, pas plus que la politique monétaire, la politique budgétaire ne saurait suffire pour alimenter indéfiniment la croissance et que la priorité doit être donnée aux réformes structurelles, ce que trop peu de pays ont choisi de faire jusqu'ici.

«Malgré la croissance plus forte, il ne faut pas faire preuve de complaisance. Des réformes structurelles sont vitales pour consolider la phase d'expansion actuelle et diluer les risques», déclare-t-il.

 

lefigaro.fr
Le 30 mai 2018

Écrire commentaire

Commentaires: 0