Le physicien Jim Green, employé de la NASA, explique dans une interview que même si les scientifiques parvenaient à trouver des traces de vie sur Mars, le monde ne serait pas prêt à entendre une telle annonce, qui entraînerait une révolution philosophique et scientifique.

Dans une interview donnée au journal The Telegraph et relayée par CNN, le directeur des sciences planétaires de la NASA et scientifique Jim Green explique qu'il serait extrêmement délicat d'annoncer aux habitants de la Terre l'existence de la vie sur Mars, et que le public ne sera pas prêt à appréhender la nouvelle, même si celle-ci intervient dans de nombreuses années.

Pour lui, une telle découverte bouleverserait à la fois notre manière de penser l'existence et la vie, mais aussi nos certitudes et questionnements dans le domaine scientifique. Avec le lancement, en 2020, de nouvelles missions vers Mars, les scientifiques pourraient bien n'avoir jamais été aussi proches d'une possible annonce de vie extraterrestre.

"Ce serait révolutionnaire"

Jim Green affirme ainsi qu'il y a une possibilité réelle qu'une des prochaines missions soit couronnée de succès. "Je suis inquiet à ce propos, parce que je pense qu'on est proche de les trouver [les preuves de vie extraterrestre, nldr], et de devoir faire des annonces" explique-il au Telegraph.

 

Il faudrait s'attendre à une révolution philosophique et scientifique, du même ordre que la révolution copernicienne, quand Copernic découvrait et affirmait que la Terre tournait autour du Soleil, et entraînait alors un changement profond de perspective sur le monde.

"Si nous réussissons, ce sera révolutionnaire. Cela amorcera une toute nouvelle ligne de pensée. Je ne pense pas que le monde soit préparé à cette annonce. (...) Ce qui arrive ensuite, c'est tout un ensemble de nouvelles interrogations scientifiques. Est-ce que cette forme de vie nous ressemble? A que point sommes-nous liés? Est-ce que la vie peut se déplacer de planète en planète, ou est-ce qu'il y a juste une étincelle de vie, dans le bon environnement, qui finit par générer de la vie, en se basant sur l'environnement chimique dans laquelle elle se trouve?", s'interroge Jim Green.

Si les scientifiques découvrent de la vie sur Mars, leurs résultats seront pourtant encore assez éloignés des romans et films de science-fiction. Le but est principalement de trouver les types de minéraux qui peuvent seulement être faits par de la vie terrestre, c'est-à-dire des formes de micro-organismes.

Les missions partiront en 2020 et 2021

Deux missions devraient partir l'été prochain pour Mars, de la NASA et de l'ESA (European Space Agency), pour forer des formations rocheuses mais aussi pour creuser profondément dans le sol, dans le but de trouver des traces de vie, près d'un ancien océan martien où de la vie était peut-être présente il y a des millions d'années. Les rovers "ExoMars" de l'ESA et "Mars2020" de la NASA devraient envoyer leurs résultats plusieurs semaines ou mois après avoir effectuer ces relevés, et pour la première fois, la NASA sera en mesure de ramener des échantillons martiens sur Terre.

Les espoirs des scientifiques sont basés sur les différents signes relevés montrant qu'il y a pu y avoir de l'eau sur Mars, et qu'il y en aurait dans le sol martien, entre 1,5 et 3%. Pour Jim Green, même si les conditions sont extrêmes sur Mars (l'atmosphère serait exposée à des radiations radioactives, et la température moyenne est de -65 degrés), la vie peut exister, en s'enfouissant sous terre. "Quand l'environnement devient extrême, la vie se déplace dans les roches" ajoute-t-il.

"En réalité, parce que la croûte terrestre contient tant d'eau, nous savons maintenant qu'il y a plus de vie sous nos pieds que sur la surface de notre planète, en incluant la vie dans les océans" explique Jim Green, en rappelant que là où il y a de l'eau, il y a de la vie.

Ces missions sont peut être l'unique chance dans les décennies, ou siècles à venir, de savoir s'il y a de la vie autre part que la Terre, et de répondre à une question majeure de la conquête spatiale.

Julia Galan

 

Le 3 octobre 2019

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