Dans son pays, l’attaquant de Linas-Montlhéry (22 ans) est surnommé du nom de l’international français du Barça. Malgré un parcours tortueux, il rêve toujours d’une carrière pro.

Sur son compte twitter, il a inscrit sur sa fiche « attaquant de football professionnel Linas-Montlhéry ». La mention peut prêter à sourire. Mais elle symbolise la détermination de Pascal Leno, guinéen de 22 ans arrivé en France il y a 3 ans et demi. « C'était exactement le 21 mai 2016, se souvient-il. Ce rêve de jouer un jour en pro, je l'ai toujours dans un coin de ma tête. Je me donne jusqu'à 25 ans. Je n'abandonne pas et ne me décourage pas. Je n'ai pas le choix. Je dois tout donner pour ma famille, et me battre tous les jours pour l'aider. Je suis l'aîné, il faut que je montre l'exemple. »

Pour le moment, ses journées débutent par un réveil à 5 h 30. « Je fais des livraisons, j'essaye de me débrouiller », confie avec pudeur l'attaquant arrivé cette saison à Linas-Montlhéry (R 1) après deux ans à Sénart-Moissy (N 3 puis R 1). Le club essonnien vient de lui trouver un petit appartement. « Ils sont toujours là pour moi, c'est réconfortant car je suis assez timide, je ne parle pas beaucoup et n'ai pas d'amis en dehors du foot, poursuit Leno. Je n'ai pas pu retourner chez moi en Guinée depuis que je suis en France. En arrivant, je pensais que ce serait facile. Je ne m'imaginais que ce serait aussi compliqué et que j'aurais autant d'épreuves à surmonter. Mais tout ça m'a rendu plus combatif. Malgré tout ça, je ne regrette pas d'être venu ici. »

 

« Mon rêve absolu serait de porter moi aussi un jour le maillot vert », confie l'attaquant de Linas-Montlhéry

Originaire de Kissidougou, au sud de la Guinée, Pascal Leno était surnommé « Griezmann » lorsqu'il s'est révélé à 17 ans en 1re division avec le Soumba FC de Dubréka, un club situé à une soixantaine de kilomètres de la capitale Conakry. « Les supporteurs m'ont appelé comme ça au début et ça m'est resté, sourit-il. Ils trouvaient qu'on avait des ressemblances dans le jeu. J'aime bien Griezmann, surtout que mon équipe préférée c'est le Barça mais je préfère Messi. »

En France, l'attaquant supporte Saint-Etienne car « Pascal Feindouno a joué là-bas. » « Mon rêve absolu serait de porter moi aussi un jour le maillot vert », poursuit Leno dont l'arrivée en France avait débuté par un rendez-vous manqué. Son président à Soumba, devenu son tuteur et agent, lui avait obtenu un essai au Havre (L 2). Mais le garçon était arrivé en retard par rapport à la date prévue. « Le Havre ne m'a pas gardé, regrette-t-il. Comme j'ai de la famille dans le coin, je me suis retrouvé dans l'Essonne et j'ai signé dans un petit club, Arpajon. » L'équipe évoluait en 1re division de district, l'équivalent de la… 10e division. « J'ai marqué une trentaine de buts et j'ai pu aller à Sénart-Moissy, raconte-t-il. Au mois de juin, j'ai discuté avec les Lusitanos (N 2) et Les Ulis (N 3) mais on ne s'est pas mis d'accord. En R 1, c'est difficile de se faire remarquer, surtout quand on ne connaît pas grand monde... » Auteur de sept buts cette saison, dont celui de la qualification à la Flèche (N 3) (3-2) au tour précédent, Leno s'est offert une petite visibilité grâce à la Coupe de France. Un nouveau succès dimanche contre Évreux (N 3) entraîné par Christophe Taine (ex-Paris FC, Fleury) pourrait faire basculer Linas-Montlhéry dans une autre dimension. « La Coupe, ça nous permet d'être vus et ça peut m'ouvrir des portes, conclut Leno. Ce match contre Évreux sera l'un des plus importants de ma carrière, car si on gagne, on aura peut-être la chance de tomber contre une L1. »

 

Par Laurent Pruneta, Leparisien.fr

 

Le 7 décembre 2019

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