Communiqué N°  005/2020     

 

Paris – France, le 06 avril 2020

 

 

Lettre Ouverte à Monsieur le Président de la République de Guinée – Conakry

Professeur ALPHA CONDE

 

 

Monsieur le Président,

 

Depuis plus d’un an, votre obstination de rester au pouvoir en Guinée ne fait l’ombre d’aucun doute. Seulement vous devez savoir que 80 % de vos compatriotes, en Guinée comme à l’étranger regrettent cette tentative qui pourrait vous permettre de présider la destinée de notre pays à vie, malgré l’échec avéré de près de 10 années de gouvernance.

 

Le Peuple de Guinée, meurtri et résigné depuis son indépendance en 1958 se trouve, après 62 ans de souveraineté, à la queue des pays émergents pour un développement viable profitable à tous.

 

Dans ce contexte de blocage délibérément orchestré par le gouvernement et invariablement renouvelé à toutes les consultations depuis votre prise de pouvoir en 1990, votre présidence plonge inéluctablement le peuple dans le désespoir et l’insécurité. Les résultats des élections du 22 mars, au mépris de toutes les règles démocratiques, notamment l’absence d’inclusivité liée au fichier électoral, ne seront pas reconnus.

 

Nous craignons que la Guinée se referme sur elle-même, comme cela  a déjà été le cas jadis après l’accession à la souveraineté nationale en 1958.

 

Monsieur le Président, vous avez quatre-vingt-deux ans révolus. Votre nouvelle constitution taillée sur mesure, pourra, si toutefois elle passe, vous maintenir à la tête de notre pays pour 12 années supplémentaires, ce qui vous amènera à 94 ans, sans aucune possibilité d’alternance politique en Guinée, avec son corolaire de manifestations et malheureusement des pertes en vies de nos concitoyens, le plus souvent très jeunes.

 

Vos milices, vos Donzos (chasseurs traditionnels en forêt) appuyés par vos forces de défense et de sécurité, continuerons leurs forfaitures, dans l’impunité absolue au mépris de toutes les règles démocratiques.

 

Vous avez décidé et maintenu le double scrutin, législative et référendaire, malgré les conseils et les multiples appels à la retenue.

Dans l’intérêt de la cohésion nationale, Monsieur le Président, vous devez savoir que la majorité des Guinéens n’ont pas pris part au vote du 22 mars 2020. Cette élection a malheureusement engendrée plusieurs dizaines de morts Hélas !!!

 

Toutes les organisations de la sous-région, à savoir : L’UA, La CEDAO ainsi que vos homologues présidents et anciens présidents ont tentés de vous en dissuader Hélas !!

 

 

La communauté internationale, à travers l’Europe a aussi tenté de vous ramener à la raison Hélas !!

Les partis politiques d’oppositions rassemblés au sein du FNDC (Front National pour la Défense de la Constitution) avec la dizaine de manifestations en Guinée, comme à l’étranger, ne vous ont pas fait changer d’avis Hélas !!

 

Monsieur le Président, votre deuxième et dernier mandat se termine au mois d’octobre prochain. Il serait bien dans l’intérêt de la cohésion nationale que vous ne tentiez pas de briguer un mandat de plus.

Tous ceux qui disent le contraire ne vous rendent pas service.

 

Les guinéens dans leur grande majorité, constatent avec regret, que votre confiscation du pouvoir, illustrée par ce constat et l’impasse politique à laquelle est confronté le peuple de Guinée, n’ouvre aucune perspective de développement pour notre pays.

 

Vous avez fait votre temps, avec ce que vous avez pu réaliser durant ces neuf dernières années.

Sincèrement, Monsieur le Président, il faut maintenant chercher à vous reposer, afin de permettre à vos partisans de continuer à vous saluer dans d’autres fonctions.

 

L’impasse politique dans laquelle votre obstination avérée plonge le peuple de Guinée est regrettable. Aujourd’hui, vous n’avez plus l’adhésion du peuple. Votre volonté de briguer un 3ème mandat anti constitutionnel avec toutes les difficultés imposées aux Guinéens par votre gouvernement a montré un désaveu total des populations guinéennes pour votre gouvernance de près de 10 ans à la tête de la Guinée. Votre maintien au pouvoir, au-delà des 2 mandats consécutifs, ne vous profiteras pas.

Il profitera uniquement à une petite catégorie de responsables qui veulent simplement protéger leurs intérêts personnels au détriment du peuple de Guinée.

 

En outre, cela occasionnera malheureusement encore des pertes en vies de nos compatriotes. Hélas !!

Vous devez savoir que le mot d’ordre de boycott lancé par le FNDC en raison en autre de l’absence d’un fichier électoral crédible a été suivi avec succès par les Guinéens. Moins de 20 % seulement de nos compatriotes avaient fait le déplacement, remettant donc en cause toute crédibilité de représentation nationale aux « élus » qui sortirons de ce double scrutin. Il est difficile de corriger un fichier électoral aussi contesté, avec un écart de deux millions et demi d’électeurs fictifs, en 15 jours. C’est impossible, si toutefois la CENI veut être juste et crédible.

 

Les conséquences de votre obstination sont palpables et visibles. Des morts, des blessés, des arrestations arbitraires, etc…. etc…

Il convient donc, Monsieur le Président, de travailler à la restitution de la confiance au peuple, avant votre départ le mois de décembre prochain. Confiance perdue envers l’exécutif et de vous-même en premier lieu.

 

Dans la perspective de l’élection présidentielle de décembre 2020. Si elle se tient à cette date !...

L’alliance – AFPGL – inscrit dans le cadre du FNDC  renouvelle l’exigence des Forces de Changement, à savoir entre autres :

 

1)       Le renouvellement de tous les membres de la CENI, afin de conduire une élection    présidentielle juste et acceptable par tous.

 

2)       La reprise totale du fichier électoral, consensuel et acceptable par toutes les parties.

 

3)       L’accès équitable aux médias d’état (RTG et autres) mais également à votre propre télévision ACTV

 

 

4)       Les manifestations et réunions publiques des partis d’opposition libres et sans répression policières.

 

5)       Neutralité de l’administration dans les processus électoraux, notamment, des préfets, sous-préfets, membres du gouvernement, etc……

 

6)       La liberté de travail équitable des radios privées sur toute l’étendue du territoire national et la garantie de leur protection. (conditions sinéquanone, sans lesquelles aucune victoire du peuple n’est possible)

 

7)       La garantie du respect de la volonté et du choix exprimés par le peuple dans les urnes. (La sincérité et le respect)

 

8)       La facilité d’accès à la carte d’identité nationale numérique pour tout citoyens guinéens.

 

9)       La délivrance de carte électorale pour tous guinéen en âge de voter.

 

10)   L’arrêt des interventions des forces de police et autres milices, dans les activités des partis politiques d’opposition.

 

11)   L’arrêt des arrestations arbitraires et autres formes de kidnapping par les forces encagoulées, non identifiées, et les déportations à l’intérieur du pays dans des prisons secrètes.

 

12)   Le réaménagement de la loi anti-casse, vecteur de toutes formes de confusions et d’intimidations.

 

13)   Le respect des engagements de tous les dirigeants, dans le cadre de leurs prérogatives.

 

14)   D’être juste et loyal envers la nation donc le peuple.

 

 

Monsieur le Président,

 

C’est en compagnon de lutte politique pour la démocratie et le développement en Guinée, que je me permets de vous interpeller ainsi. Mais aussi en qualité d’ancien coordinateur général du Mouvement contre le référendum institutionnel de 2001 organisé par le PUP (Parti de l’Unité et du Progrès, alors au pouvoir en Guinée)

 

Au nom de l’Alliance – AFPGL, je m’adresse à vous également en qualité de coordinateur général du FRAD (Front Républicain pour l’Alternance Démocratique en Guinée – 2003)

Tous deux coalition de partis politiques d’opposition, dont vous avec largement participer et contribuer avec le RPG que vous dirigez.

 

Monsieur le Président,

Notre pays traverse aujourd’hui une crise politique grave. Cette situation difficile pour le peuple dont vous avez la responsabilité est en train de vous échapper totalement. Votre régime fait face à une généralisation des conflits ethniques. Il vous revient, en tant que Président de rectifier le tir avant que cela ne soit trop tard !!

Cette situation inquiétante ne peut laisser aucun Guinéen responsable indifférent.

(Comme on dit : qui ne dit mot consent)

    

Votre élection à la présidence de la République de Guinée en 2010 avait suscité beaucoup d’espoir. Malheureusement, l’attente du peuple n’est pas au rendez-vous, après bientôt 10 années de gouvernance. Sans nul doute vous avez fait de votre mieux. Mais hélas, il y a beaucoup de morts et de blessés qui jonchent votre parcours de président.

 

Votre double scrutin a occasionné des morts et des disparitions à N’ZÉRÉKORÉ. Il convient donc, Monsieur le Président, de tout mettre en œuvre pour que toute la lumière soit faite sur ces tueries, afin d’établir la chaine de responsabilité dans cette affaire. Et permettre à la justice de la République de faire son travail sans entrave. Cette démarche sera appréciée par tous les Guinéens.

 

Nous pensons à L’ALLIANCE – AFPGL – que seule la conviction, le respect des engagements envers le peuple, le respect de la différence de l’autre et des opinions opposées, constitueront la base solide de notre équilibre national et donc la crédibilité de notre Nation.

 

Merci pour l’intérêt que vous accorderez à cette petite contribution de notre alliance.

 

 

 

                                                                         Pour L’AFPGL

                                                                         Le secrétaire exécutif chargé de la Coordination

 

CISSÉ Alhoussène CAMPEL

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