On ignore encore les raisons de ces tirs. Le ministère de la défense malien se refuse à parler de « mutinerie ».

Des coups de feu ont retenti mardi 18 août au matin dans le grand camp militaire de Kati, à une quinzaine de kilomètres de la capitale malienne Bamako. D’après des témoins interrogés par l’AFP, des soldats maliens ont tiré en l’air pour une raison inconnue. « Ils étaient nombreux et très nerveux », selon un médecin de l’hôpital de Kati.

L’ambassade de France à Bamako « recommande instamment » à ses ressortissants de rester chez eux. Un conseil également dispensé par l’ambassade de Norvège qui évoque dans un message rapporté par Reuters une « mutinerie au sein des forces armées ».

Les raisons de ce coup de colère des militaires ne sont pas encore claires. « Nous suivons attentivement la situation. La hiérarchie militaire est entrée en contact avec les troupes, on fera une déclaration officielle dans la journée », a déclaré une source au ministère de la défense, qui s’est refusée à parler de « mutinerie ».

Nouveaux appels à manifester contre le pouvoir

Le Mali, épicentre de la menace djihadiste au Sahel depuis 2012, est confronté depuis juin à une grave crise sociopolitique. Lundi, l’opposition a annoncé de nouvelles manifestations cette semaine pour réclamer le départ du président Ibrahim Boubacar Keïta, avec en point d’orgue l’occupation d’une place symbolique au cœur de Bamako vendredi et samedi.

Le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques du Mali (M5-RFP), qui mène depuis juin la plus importante contestation du pouvoir depuis le coup d’Etat de 2012, est une coalition hétéroclite de guides religieux, d’opposants politiques, de membres de la société civile et de syndicalistes.

Il a refusé jeudi dernier une rencontre avec le président Keïta proposée par le médiateur des Etats ouest-africains, l’ex-président nigérian Goodluck Jonathan, fixant notamment comme préalable la fin de la « répression » contre ses militants.

Le week-end du 10 juillet, une manifestation à l’appel du Mouvement du 5 juin a dégénéré en trois jours de troubles meurtriers. L’opposition évoque un bilan de 23 morts et plus de 150 blessés. Le Premier ministre, Boubou Cissé, a parlé de 11 morts et l’ONU de 14 manifestants tués.

La crise actuelle est partie de l’invalidation d’une trentaine de résultats des législatives de mars-avril par la Cour constitutionnelle, dont une dizaine en faveur de la majorité du président Keïta.

 

Le Monde avec AFP et Reuters
Le 18 août 2020

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