Un demandeur d'asile, arrivé à Montréal en 2016, est menacé d'expulsion vers la Guinée, même s'il dit craindre sérieusement pour sa vie en raison de son orientation sexuelle. Son expulsion par l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) est prévue pour le 3 août, à moins d'une intervention de dernière minute.

J’ai fui mon pays, j’étais un homme bien connu. J’étais un homme qui avait les moyens pour rester dans le pays. Mais j’ai fui mon pays parce que j’étais persécuté, non seulement par le pouvoir en place, mais aussi par ma famille, qui m’a haï, a raconté celui qu'on présente uniquement sous le pseudonyme de Karim.

Il affirme avoir fui pour sauver sa peau quand sa famille et le parti politique d'opposition au sein duquel il militait ont découvert sa bisexualité. Il dit qu'il vivait en quelque sorte une double vie, où il cachait sa véritable orientation sexuelle.

Je suis aujourd’hui entre la vie et la mort. Tout ce que je demande, c’est une protection. Je demande au gouvernement canadien de sauver ma vie et celles de mes enfants.

Karim
Karim a vu son statut de réfugié lui être refusé en 2017. La même année, il a évité l'expulsion in extremis le jour même de son départ grâce à l'intervention du ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Ahmed Hussen. Un permis de séjour temporaire lui a donné un sursis de six mois, mais l'ASFC

a refusé de le lui prolonger.

Ils sont intervenus pour lui donner un permis de séjour temporaire quand le dossier a été médiatisé. Malheureusement, il semble que les libéraux ont décidé de continuer avec les politiques d'expulsions arbitraires des conservateurs, dénonce son avocat, Stewart Istvanffy.

On a ensuite refusé à Karim un permis de résidence pour des considérations d'ordre humanitaire et, finalement, une dernière demande d'examen des risques avant renvoi (ERAR) s'est avérée vaine.

Maintenant, selon Me Istvanffy, il ne reste plus qu'à espérer une intervention de la Cour fédérale pour éviter encore une fois l'expulsion. Une audience est prévue lundi après-midi.

On espère que la Cour fédérale va intervenir pour faire respecter notre charte des droits et des libertés, qu'il y aura un contrôle de la légalité de cette décision qui va très fortement à l'encontre de nos valeurs les plus profondes, a commenté l'avocat spécialisé en immigration et en droits de la personne.

« Entre la vie et la mort »

Lorsqu'on lui demande ce qu'il craint en Guinée, Karim répond sans hésiter : la mort.

Je suis quelqu'un qui n'a personne pour le protéger. Ta famille t'a haï, tes amis t'ont haï. Qui peut t'aider? Qu'est-ce que tu vas faire là-bas? C'est la mort qui m'attend. Rien que ça, confie-t-il.

Karim implore le gouvernement canadien de ne pas prendre le risque de le renvoyer en Guinée.

J'avais tout ce qu'il faut dans mon pays. J'avais les moyens, je n'avais pas l'ambition de m'en aller, et je ne serais pas parti si je n'avais pas eu ce problème, assure l'homme qui mise sur de plus en plus d'appuis politiques et communautaires au Québec.

Pour Mohamed Barry, porte-parole du Comité guinéen pour un statut pour tous et toutes, son pays d'origine n'est pas sécuritaire pour Karim.

En Guinée, l’armée fait ce qu'elle veut, il n’y a pas de contrôle. Je dirais que c’est un pays sans État, pas de contrôle. Les gens s’en tirent à chaque fois, explique-t-il.

Les homosexuels ne sont pas protégés en Guinée, ils sont souvent lapidés, ils n’osent même pas réclamer leurs droits. Ils n’osent pas se tenir main dans la main pour marcher dans la rue. Ils peuvent faire 10 ans de prison en raison de leur homosexualité, a ajouté M. Barry.

Avec des informations de Michel Marsolais et Karine Mateu

Avec les informations de La Presse canadienne

Le 28 juillet 2019

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