JUSTICE - Le procès de Moussa Camara, Guinéen homosexuel menacé d'expulsion, poursuivi devant le tribunal correctionnel de Lyon pour avoir refusé d'embarquer dans un avion pour Conakry, a été reporté vendredi au 12 juin.

Placé en détention provisoire dans l'attente de la prochaine audience, Camara, âgé de 28 ans, a demandé un délai pour préparer sa défense. Dans le box ce vendredi 4 mai, en l'absence d'interprète en langue soussou, l'homme a déclaré dans un français hésitant : "J'ai trop peur pour rentrer".

Placé au centre de rétention administrative (CRA) de Nîmes depuis fin mars, Camara avait été conduit jeudi matin à l'aéroport de Lyon-Saint-Exupéry en vue de son expulsion. Il avait ensuite été placé en garde à vue après avoir refusé d'embarquer.

"Question de vie ou de mort"

Artiste acrobate, il était arrivé en France en 2015 avec une autorisation temporaire de travail et sa demande d'asile avait été rejetée en 2017, selon l'association Aides qui le soutient. L'individu affirme que son compagnon a été lynché à mort par sa famille en Guinée, qu'il a quittée pour fuir les persécutions contre les homosexuels. En Guinée, l'homosexualité est passible d'une peine allant jusqu'à trois ans de prison.

Association AIDES @assoAIDES

-COMMUNIQUÉ-
AIDES exige la LIBÉRATION de Moussa et le réexamen de sa demande d'asile. AIDES demande la protection de l'Etat pour toute personne gay, bi, lesbienne ou trans arrivant de pays notoirement homophobes et dangereux.
Cette politique indigne doit cesser.

Son avocate, Me Florence Alligier a considéré qu'il s'agissait d'une "question de vie ou de mort" en cas de retour de son client dans son pays natal, invitant le tribunal à s'interroger sur ses "droits fondamentaux au-delà de l'infraction pénale". Le cas de Moussa a suscité de l'émotion sur les réseaux sociaux. "Son compagnon a déjà été assassiné en raison de son homosexualité. Son expulsion serait un scandale", avait affirmé le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure.

Cette mobilisation survient alors que les députés LREM ont introduit dans le projet de loi asile-immigration un amendement visant à mieux protéger les demandeurs d'asile homosexuels, en excluant de la liste des "pays d'origine sûrs" ceux qui persécutent les homosexuels. La Guinée ne fait toutefois pas partie de cette liste.
huffingtonpost.fr
Le 6 mai 2018

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