L’organe chargé d’organiser la présidentielle du 18 octobre en Guinée a présenté lundi les chiffres du fichier électoral, statistiques aussitôt attaquées par l’opposition au président sortant Alpha Condé, candidat à un troisième mandat malgré des mois de contestation. L’opposition a accusé la commission électorale nationale d’avoir gonflé l’électorat dans le fief du pouvoir, qui s’en défend.

L’élaboration des listes de Guinéens habilités à voter est un sujet de querelle politique récurrent dans ce pays. La communauté internationale avait sévèrement mis en doute la fiabilité de celui employé en mars pour un référendum constitutionnel dont M. Condé s’est servi pour faire acte de candidature à un troisième mandat.

La Communauté des Etats ouest-africains a dépêché depuis le 7 septembre trois experts en Guinée pour assister la commission électorale nationale dans l’établissement du fichier en vue de la présidentielle. Le point de presse au cours duquel la commission a présenté les chiffres relatifs à ce fichier n’a pas fait apparaître clairement quelle part les experts de la Cédéao avait prise à l’élaboration des listes.

Les experts doivent remettre un rapport à la Cédéao, a-t-on appris de source proche de leur travail. Mais la commission a présenté le fichier comme définitif. Elle a indiqué que la distribution des cartes d’électeur commencerait vendredi.

Le fichier comporte plus de 5,4 millions d’électeurs, a dit la commission.

La région de Kankan, fief du président Condé dans l’est, compte 22% des inscrits, soit plus d’un million d’électeurs. Le bastion du principal opposant, Cellou Dalein Diallo, Labé (nord), représente 8% de l’électorat.

Ces disparités « posent des interrogations », a dit à l’AFP Aliou Condé, un responsable du parti de Cellou Dalein Diallo. Il cite l’exemple de Mandiana, dans la région de Kankan, qui compterait aujourd’hui plus de 200.000 électeurs contre 84.000 en 2010.

« Donc, en 10 ans, l’électorat de Mandiana a progressé de 141,50%. Il faut qu’on nous dise d’où viennent ces électeurs » et s’il y a eu « une génération spontanée à Mandiana », a dit M. Condé, sans lien de parenté connu avec le chef de l’Etat.

La région de Kankan a un tel nombre d’électeurs en raison d’une « forte migration des populations » dans les zones où l’or et le diamant sont exploités, a expliqué à l’AFP un député du pouvoir, Souleymane Keïta.

Douze candidats ont été autorisés par la Cour constitutionnelle à se présenter à la présidentielle.

L’opposition guinéenne a fait descendre depuis un an des milliers de Guinéens dans la rue pour faire barrage à un troisième mandat de M. Condé. La contestation a donné lieu à des heurts et été plusieurs fois durement réprimée. Des dizaines de civils ont été tués.

 

 

afrique.lalibre.be
L
e 15 septembre 2020

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