KINSHASA (Reuters) - Joseph Kabila, le président de la République démocratique du Congo (RDC), ne sera pas candidat lors de l'élection présidentielle prévue le 23 décembre, a annoncé mercredi le porte-parole de la présidence.

L'annonce faite devant la presse par Lambert Mende met fin à des années de spéculations pour savoir si Kabila allait briguer un troisième mandat malgré la limite fixée à deux par la Constitution.

L'ancien ministre de l'Intérieur Emmanuel Ramazani Shadary, qui a 57 ans, sera le candidat de la coalition au pouvoir lors de la présidentielle, a ajouté le porte-parole.

Ramazani, flanqué de ses partisans, s'est brièvement adressé aux journalistes après avoir déposé sa candidature, mercredi après-midi, au siège de la Commission électorale nationale dans la capitale Kinshasa.

"(Kabila) avait dit qu'il n'y aurait pas de problème. Il avait dit qu'il ne ferait pas un troisième mandat. Aujourd'hui, il a tenu sa promesse", a dit Ramazani. "C'est un grand honneur pour moi, et, au fil du temps, nous allons présenter un programme social".

La décision de choisir Ramazani constitue un défi de la part de Kabila, son ancien ministre de l'Intérieur étant sous le coup de sanctions de l'Union européenne pour violation des droits de l'homme, dont des répressions meurtrières contre des opposants.

Le retrait de Kabila, qui subissait des pressions en ce sens d'alliés régionaux comme l'Angola mais aussi de l'UE et des Etats-Unis, est de nature à apaiser les craintes de nouvelles violences dans ce pays où la transition du pouvoir s'est souvent faite dans le sang.

 

SONDAGES DÉFAVORABLES AU POUVOIR

L'élection du 23 décembre veut être perçue comme la première à suivre un processus démocratique après des décennies de régime autoritaire, de coups d'Etat et de conflits meurtriers.

L'ancien vice-président Jean-Pierre Bemba et le président de la principale formation d'opposition Félix Tshisekedi sont déjà candidats.

Un sondage national rendu public en juillet montrait que les candidats de l'opposition obtiendraient une majorité nette, tandis que les candidats potentiels de la coalition au pouvoir étaient loin derrière à la traîne.

Le fait que le choix de Kabila se soit porté sur un fidèle entre les fidèles, Ramazani, laisse penser que le président, parvenu au pouvoir après l'assassinat de son père en 2001, entend bien rester étroitement impliqué dans les affaires politiques de la RDC.

Kabila pourra de nouveau être candidat en 2023 et va rester à la tête de son Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD); il a d'ailleurs nommé des fidèles au sein de la bureaucratie fédérale, notamment dans les tribunaux et au sein de l'armée.

La représentante permanente des Etats-Unis à l'Onu, Nikki Haley, s'est félicité de l'annonce de la présidence congolaise mais a estimé qu'il restait fort à faire en RDC pour garantir un scrutin honnête en décembre.

Ramazani, ancien gouverneur de la province de Maniema dans l'est de la RDC, a été ministre de l'Intérieur de la fin 2016 jusqu'à février dernier, date à laquelle il a été nommé secrétaire permanent du PPRD.


Par Amédée Mwarabu - Reteeurs
Le 8 août 2018

(Pierre Sérisier et Eric Faye pour le service français)

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