Après deux mois au CHA, une attestation de formation et un échographe tout neuf !

Le docteur Sékou Diallo repart vendredi en Guinée, après deux mois passés à l'hôpital d'Armentières, avec plein de projets.
Le docteur Sékou Diallo repart vendredi en Guinée, après deux mois passés à l'hôpital d'Armentières, avec plein de projets.

LE VISAGE DU DIMANCHE SÉKOU DIALLO MÉDECIN G |

Depuis une dizaine d'années, l'hôpital d'Armentières est jumelé avec celui de Mamou, capitale de la région de Moyenne Guinée. Un lien qui s'est noué grâce à l'ACAUPED (*) qui intervient régulièrement là-bas. C'est ainsi que, pendant deux mois, Sékou Diallo, médecin obstétricien guinéen, a fait un stage d'observation à la maternité armentiéroise. Nous l'avons rencontré, en compagnie de Jean-Luc Desmaretz, président de l'ACAUPED et président de la commission médicale de l'hôpital d'Armentières.

 

Sékou Diallo est né il y a 31 ans à Sara Moussaya, à 100 km de Mamou, dans une famille peule (les Peuls constituent un important groupe ethnique présent surtout en Afrique de l'Ouest). « Je suis le dernier de seize enfants, explique-t-il. Et très tôt, je me suis destiné à la médecine car mon père était infirmier. Les infirmiers, chez nous, ce n'est pas comme ici : ils posent des diagnostics et mettent en place des thérapies. Ils sont souvent responsables de centres de santé. » Élève brillant, Sékou quitte le lycée de Mamou et commence ses études de médecine à Conakry, la capitale de Guinée. « Quand j'ai commencé à exercer à l'hôpital de Mamou, au bloc opératoire, j'ai été étonné d'entendre tout le monde appeler les infirmières anesthésistes des "Madames Desmaretz" » se souvient en riant Sékou Diallo. Très vite, le jeune médecin gynécologue-obstétricien comprend qu'il s'agit d'une référence au docteur Jean-Luc Desmaretz, médecin anesthésiste exerçant à Armentières et qui, depuis de nombreuses années, intervient en Guinée, au Mali mais aussi dans plein d'autres pays pour le compte de l'ACAUPED. En l'occurrence, le Dr Desmaretz a formé là-bas de nombreux personnels hospitaliers aux techniques d'anesthésie. « Très vite, j'ai cherché à rencontrer M. Desmaretz parce que j'étais en train de faire ma thèse sur l'éclampsie ». Cette complication de l'hypertension lors de l'accouchement, est en effet la première cause de mortalité des femmes et des bébés à la naissance. La préoccupation du jeune médecin, partagée par le Dr Desmaretz, a rapproché les deux hommes. Quelques années plus tard, voici donc Sékou Diallo à Armentières. Ce stage de deux mois, commencé le 25 décembre, aura été extrêmement enrichissant. « En tant que chef adjoint de la maternité de Mamou, je vais réorganiser le service en m'inspirant de ce que j'ai découvert ici. Je vais mettre en place des protocoles, pour la transmissions des informations entre les personnels soignants, ou encore des réunions interdisciplinaires. Au niveau des hospitalisations - nous avons 23 lits - je vais mettre l'accent sur la durée. » « Normalement, intervient le Dr Desmaretz, on doit garder sous surveillance une femme qui vient d'accoucher au moins six heures. C'est la loi physiologique qui l'impose car le risque hémorragique est fort pendant ces six heures. Chez nous, on garde les femmes quatre jours. En Guinée, au bout de quatre heures, la femme repart avec son enfant ! » Changer les mentalités, dans un pays où les accouchements, dans leur immense majorité, sont pratiqués par des accoucheuses de villages, n'est pas le plus facile, Sékou Diallo, le sait bien. Autre objectif : l'asepsie. « Nous avons un superbe bloc opératoire, mais ce qui pose problème, c'est l'hygiène, résume-t-il.

Il va falloir continuer l'action déjà entreprise par l'ACAUPED qui nous donne des désinfectants, des consommables - blouses, gants, champs opératoires, etc. -. Mais cela passe bien sûr par la sensibilisation et la formation des personnels. » Vendredi, Sékou Diallo reprendra l'avion avec plein de projets en tête, une attestation de stage de formation en échographie en poche et... un échographe dans ses bagages. « Ça tombe bien parce que le nôtre est en panne depuis plusieurs mois. » Une belle histoire, non ? •

ACAUPED : Association pour la coordination d'aide d'urgence aux populations en détresse.

 

 

PAR BRUNO TRIGALET

armentieres@lavoixdunord.fr

05.02.2012


Écrire commentaire

Commentaires: 0