Rejoindre les Etats-Unis: une famille soudanaise entre peurs et espoirs

Après la confirmation de la suspension du décret anti-immigration de Donald Trump, le Soudanais Mohamed al-Khatim et sa famille s'apprêtent à rejoindre les Etats-Unis mais l'optimisme se mêle désormais à l'inquiétude et ils oscillent entre "craintes" et "espoirs".

Mohamed, qui rêve pourtant de ce pays depuis sept ans, craint en effet que la politique protectionniste du nouveau président américain n'ait créé une atmosphère hostile pour les immigrants.

"Les discours du président alimentent la haine dans la société américaine", déplore-t-il, assis dans la maison de ses beaux-parents à Omdurman, en banlieue de Khartoum.

"Moi qui suis venu chercher une vie meilleure que dans mon pays, ce genre de positions me fait hésiter."

Le 27 janvier, une semaine après son arrivée à la Maison Blanche, M. Trump a signé un décret interdisant temporairement l'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays à majorité musulmane, dont le Soudan, mettant en suspens les projets de la famille.

Mais un tribunal de Seattle a suspendu le décret, une décision maintenue jeudi par la Cour d'appel de San Francisco.

"Après l'interdiction, tous nos espoirs s'étaient envolés", raconte à l'AFP la femme de Mohamed, Amine, tenant son petit garçon de huit mois sur les genoux.

Il y a un mois, le couple avait obtenu un visa américain et quitté leur appartement dans la capitale. Ils achevaient les derniers préparatifs du départ lorsque l'interdiction est entrée en vigueur.

"Nous avons déménagé dans la maison de mes parents, où nous logeons toujours, mais tous nos effets personnels sont dispersés", explique Amine, 33 ans, vêtue d'un foulard noir et d'une longue jupe.

- 'Assurer un avenir' -

La suspension du décret a toutefois redonné espoir à la famille, qui prévoit désormais de rejoindre Denver pour suivre des cours d'anglais pendant quelques mois, afin de pouvoir chercher du travail.

"L'Amérique est un pays gouverné par des lois, sa Constitution et ses institutions", relève Amine. "C'est pourquoi je vais mettre mes craintes de côté et y aller."

Aujourd'hui, elle se veut optimiste et espère que les choses vont s'arranger une fois sur le sol américain.

"Au cours des 28 dernières années, le Soudan n'a fait preuve de progrès dans aucun domaine", estime-t-elle. "Pour assurer un avenir à mon fils (...), je pense que les Etats-Unis sont une meilleure option dans tous les secteurs, y compris en matière d'éducation ou de santé."

De son côté, Mohamed affirme vouloir construire une meilleure vie pour sa famille et espère que leur expérience aux Etats-Unis sera différente que leur vie au Soudan.

Mais les positions de Donald Trump sur l'immigration sèment l'inquiétude parmi ceux qui souhaitent s'installer aux Etats-Unis, admet-il tandis que sa femme prépare des plats traditionnels soudanais pour le petit-déjeuner, avant la prière du vendredi.

Si bien qu'aujourd'hui, il concède avoir "peur de vivre là-bas indéfiniment".

"Je viens d'un pays qui souffre de divisions politiques et ethniques. Si mon fils est interrogé sur sa religion à l'école, alors le mieux serait encore de rester au Soudan".

 

AFP
Le 10 février 2017

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