Coup d’État au Niger : ce que l’on sait des conditions de détention de Mohamed Bazoum qui inquiètent l’ONU

NIGER - Du jour au lendemain, Mohamed Bazoum et sa famille sont devenus des « otages ». Depuis le coup d’État mené à Niamey le 26 juillet, le président élu du Niger est retenu prisonnier par les putschistes avec sa femme et son fils de 22 ans. Et ce vendredi 11 août, l’UE a exprimé sa « profonde inquiétude » face à « la détérioration des conditions de détention » du président nigérien. Un cri d’alarme notamment rejoint par l’ONU.

 

Le président Bazoum et sa famille « seraient, selon les dernières informations, privés de nourriture, d’électricité et de soins depuis plusieurs jours (...) Il a consacré sa vie à œuvrer pour améliorer le quotidien des Nigériens, rien ne permet de justifier un tel traitement », a indiqué de sur Twitter le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell.

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a également dénoncé mercredi « les déplorables conditions dans lesquelles vivraient le président Bazoum et sa famille ». Les deux institutions réclament la libération de l’homme d’État. L’Union africaine juge, elle aussi, « inadmissibles » les conditions de détention du président Bazoum. Voici ce que l’on sait de la situation.

 

Privé d’électricité et de soins

Le président Bazoum serait retenu dans sa résidence officielle au sein du palais présidentiel, plus précisément au sous-sol du bâtiment, selon les informations de Jeune Afrique. Il a été placé en surveillance par sa propre garde et est en compagnie de sa famille. Là, ses conditions de détention semblent se détériorer au fil du temps.

 

Au troisième jour du coup d’État, le 28 juillet, le président avait pu s’entretenir au téléphone avec d’autres chefs d’État, parmi lesquels le président français Emmanuel Macron. Il assurait alors être en bonne santé. Puis dans une tribune publiée par le Washington Post le 3 août, il avait déclaré « j’écris en tant qu’otage », exprimant son inquiétude quant à l’évolution de la situation politique du pays. Il ne précisait pas les conditions de sa séquestration. Dans une interview donnée le lendemain à LCI, l’ambassadrice du Niger en France et soutien du président Aïchatou Boulama Kané assurait pour sa part qu’il était privé d’électricité et que ses communications téléphoniques avaient été coupées.

 

Depuis, la situation semble s’aggraver. Selon le média américain CNN, Mohamed Bazoum n’a que des pâtes et du riz pour se nourrir. Dans une série de messages envoyés à un ami il a affirmé qu’il était privé de « tout contact humain depuis vendredi (le 4 août, ndlr) », sans que personne ne lui apporte de nourriture ni de médicaments.

 

Dans une interview exclusive donnée au Guardian ce vendredi 11 août, la fille du président Zazia Bazoum affirme que son père est détenu dans des conditions « inhumaines », sans eau potable et dépendant de l’approvissionnement en riz et en pâtes. « C’est très dangereux, [les putschistes] le font pour faire pression sur eux, mais ce n’est pas juste de les voir dans cette situation », a-t-elle ajouté.

 

Selon l’ONG Human Rights Watch qui s’est entretenue avec Mohamed Bazoum, celui décrit le traitement qui lui est réservé comme « inhumain et cruel », dénonçant également une mise en danger de son fils cardiaque et privé de soins.

 

 

La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest, la Cedeao, a ordonné jeudi 10 août le déploiement de sa « force en attente » pour « restaurer l’ordre constitutionnel » au Niger. Une intervention militaire devrait intervenir « dans les plus brefs délais », selon le président ivoirien Alassane Ouattara. La Cedeao, qui espère toutefois toujours parvenir à une résolution pacifique de la crise, n’a précisé aucun calendrier, ni le nombre total ou l’origine des militaires composant cette « force en attente ».

 

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Le 11 août 2023

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