Paris et Rome souhaitent également que l’accord de Malte sur la répartition des migrants soit élargi « à l’ensemble des pays de l’Union européenne ».

La France et l’Italie vont créer une brigade commune à leur frontière pour lutter contre les filières de passeurs qui y font transiter les migrants, a annoncé, vendredi 31 juillet à Rome, le ministre de l’intérieur français, Gérald Darmanin.

« C’est un point extrêmement important pour lutter contre ce passage à la frontière de populations immigrées clandestines », de la région de Vintimille (côté italien) vers la région de Menton (côté français), a souligné M. Darmanin à la suite d’un entretien avec son homologue italienne, Luciana Lamorgese.

Les patrouilles communes existent déjà entre les polices aux frontières des deux pays mais cette brigade intégrée réunira pour la première fois, au sein d’une structure spécifique, des agents italiens et français placés sous commandement unique, a précisé l’entourage du ministre.

Le cadre juridique et le lieu de casernement de la brigade, qui devrait être opérationnelle dans deux à trois mois, font encore l’objet de discussions.

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Un sommet européen à Bruxelles en octobre

Pour son premier déplacement à l’étranger depuis sa nomination Place Beauvau, M. Darmanin a souhaité se rendre à Rome afin de renforcer la relation franco-italienne « très importante » devant les « difficultés migratoires auxquelles l’Europe fait face ».

La France souhaite une « position commune » avec l’Italie, avant le sommet des ministres de l’intérieur de l’Union européenne (UE) d’octobre à Bruxelles, sur un nouveau « pacte des migrations » que doit proposer la Commission en septembre. Elle souhaite aussi obtenir le soutien de l’Espagne et de l’Allemagne, où M. Darmanin se rendra au mois d’août, a-t-il fait savoir.

« Nous aurons besoin de réformes courageuses, en mesure d’exprimer de manière concrète les principes de solidarité et de répartition équitable des charges entre tous les Etats membres », a affirmé Mme Lamorgese à l’issue de son entretien avec M. Darmanin.

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Accord de Malte suspendu en raison de la pandémie

Paris et Rome ont par ailleurs décidé que l’accord de Malte « puisse être non seulement intégré dans le droit de l’Union européenne, ce qui est la demande italienne et que [la France soutient], mais également l’élargir à l’ensemble des pays de l’UE », selon le ministre.

L’Allemagne, la France, l’Italie et Malte s’étaient mis d’accord en septembre sur un mécanisme temporaire, fondé sur le volontariat, pour une répartition des migrants secourus en mer, mais seuls quelques pays, comme le Portugal, le Luxembourg et l’Irlande, s’étaient ralliés à cette initiative. Et le mécanisme a été suspendu en raison de la pandémie de Covid-19.

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« Les accords de Malte sont suspendus mais il y a eu plusieurs bateaux qui sont arrivés sur le sol italien et il faut aujourd’hui que l’ensemble des pays européens fassent ce que la France et l’Allemagne ont fait, c’est-à-dire à la fois de la fermeté à l’extérieur des frontières de l’Europe (…) et en même temps nous devons pouvoir répartir les demandeurs d’asile lorsqu’ils sont arrivés en Italie », a estimé M. Darmanin.

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Plus de 11 000 migrants arrivés en Italie en 2020

Selon le ministère de l’intérieur italien, 11 191 migrants sont arrivés en Italie cette année jusqu’au 24 juillet, dont 4 000 sont des citoyens tunisiens. A cet égard, l’Italie a demandé à la France d’intervenir auprès du « gouvernement tunisien, qui connaît des difficultés économiques extrêmement fortes, pour voir comment on pouvait régler ce sujet pour justement alléger la pression migratoire en Italie », a déclaré M. Darmanin.

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Des centaines de migrants arrivent également quasi quotidiennement à Malte et sur les côtes des îles italiennes de Lampedusa et de Sicile en provenance de Libye.

Vendredi, plus de quatre-vingt-dix migrants d’Afrique subsaharienne ayant traversé la Méditerranée depuis les côtes libyennes ont été secourus par les gardes-côtes italiens et débarqués à Lampedusa, selon un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP) sur place.

 

Le Monde avec AFP
Le 1er août 2020

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