Mali : 49 civils et 15 soldats tués dans les attaques d’un bateau et d’une base de l’armée

Au Mali, soixante-quatre personnes dont 49 civils et 15 soldats ont été tuées jeudi 7 septembre 2023 dans deux attaques « terroristes revendiquées » par Al Qaïda.

Soixante-quatre personnes dont 49 civils et 15 soldats ont été tuées jeudi dans deux attaques « terroristes revendiquées » par Al Qaïda et ayant visé un bateau de transport de passagers et une base de l’armée dans le nord du Mali, où un deuil national de trois jours a été décrété à partir de vendredi, a annoncé le gouvernement dominé par des militaires.

Les deux attaques distinctes ont visé « le bateau Tombouctou » sur le fleuve Niger et « la position de l’armée » à Bamba, dans la région de Gao (nord), avec « un bilan provisoire de 49 civils et 15 militaires tués », selon un communiqué du gouvernement qui ne précise pas combien de personnes sont mortes sur le navire et dans le camp, des assauts « revendiqués » par un groupe affilié à Al-Qaïda.

 

Deuil national de trois jours

L’attaque de Bamba a été revendiquée jeudi par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou Jnim selon l’acronyme arabe), alliance jihadiste affiliée à Al-Qaïda, sur la plateforme de propagande Al-Zallaqa, selon SITE, ONG américaine spécialisée dans le suivi des groupes radicaux.

 

Les deux attaques ont été « revendiquées » par le GSIM, a dit le gouvernement dans son communiqué selon lequel l’assaut contre le bateau a aussi fait « des blessés ainsi que des dégâts matériels ». La riposte de l’armée a permis de « neutraliser une cinquantaine de terroristes », selon la même source.

Le gouvernement a annoncé un deuil national de trois jours à compter de vendredi, dans un communiqué distinct. Le bateau, de la compagnie malienne de navigation (Comanav, publique), a été attaqué dans le secteur de Gourma-Rharous, entre Tombouctou et Gao, avait précisé plus tôt l’armée malienne sur les réseaux sociaux.

 

Le bateau a été visé par « au moins trois roquettes tirées contre le moteur », a indiqué à l’AFP la Comanav, qui assure avec quelques bâtiments une importante liaison sur plusieurs centaines de kilomètres de Koulikoro, près de Bamako, jusqu’à Gao, en passant par les grandes villes sur le fleuve.

Jusque 300 passagers

Plusieurs passagers se sont jetés à l’eau dès les premiers tirs contre le navire, a indiqué à l’AFP un responsable de la Comanav. Le Tombouctou peut transporter environ 300 passagers, ont précisé des agents de la Compagnie sous le couvert de l’anonymat sans se prononcer sur le nombre de personnes effectivement à bord.

 

Des soldats se trouvaient à bord en guise d’escorte, dans le contexte de menace sécuritaire qui règne dans la région, a déclaré un responsable militaire sous le couvert de l’anonymat. De rares images diffusées sur les réseaux sociaux et censées rendre compte de la situation, dans une zone à l’accès et aux communications difficiles, montrent un épais nuage de fumée noire s’élever au-dessus d’un paysage fluvial.

 

Un bateau avait déjà été attaqué à la roquette le 1er septembre dans la région de Mopti, plus au sud, faisant un mort, un enfant de 12 ans, et deux blessés. La liaison fluviale était utilisée par différents usagers, commerçants ou familles, et paraissait plus sûre à beaucoup que la route, a déclaré à l’AFP un agent de la Comanav.

Blocus

Cette attaque est intervenue quelques semaines après que le GSIM a annoncé, début août, imposer un blocus à Tombouctou qui coïncide avec la reconfiguration sécuritaire en cours autour de « la ville aux 333 saints » inscrite au patrimoine de l’humanité.

 

La mission de l'ONU (Minusma), poussée à partir du Mali par la junte au pouvoir, vient de quitter deux camps proches de Tombouctou, Ber et Goundam, transférés aux autorités maliennes. Cette prise de contrôle par l’État malien a donné lieu à des combats avec les jihadistes, mais aussi des accrochages avec les ex-rebelles touareg.

 

Tombouctou, avec ses quelques dizaines de milliers d’habitants aux confins du Sahara, est l’une des grandes villes du nord tombées entre les mains de rebelles touareg, puis de salafistes après le déclenchement de l’insurrection de 2012. Les forces françaises et maliennes ont repris la ville en 2013.

 

Accord de paix

Les groupes à dominante touareg ont signé un accord de paix avec l’État malien en 2015 tandis que les jihadistes continuaient les hostilités. La violence s’est propagée au centre et au Burkina Faso et au Niger voisins, faisant des milliers de morts. Des militaires ont pris le pouvoir par la force tour à tour dans les trois pays depuis 2020 en invoquant la crise sécuritaire. Les tensions récentes dans le nord du Mali font craindre pour la survie de l’accord de 2015.

 

Les militaires maliens ont poussé vers la sortie la force antijihadiste française en 2022 et la mission de l'ONU en 2023, et se sont tournés militairement et politiquement vers la Russie. Ils ont fait du rétablissement de la souveraineté l’un de leurs mantras. Mais de vastes étendues continuent d’échapper à leur contrôle et différents experts estiment que la situation sécuritaire s’est encore dégradée sous leur direction.

 

Ouest-France.fr

 

Le 8 septembre 2023

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