Élections cantonales 2011 : coup de semonce pour Nicolas Sarkozy

La consigne du "ni-ni" imposée par Nicolas Sarkozy pour le second tour des cantonales a créé une cacophonie sans précédent au sein de la majorité. © Stephane Lemouton / Abaca
La consigne du "ni-ni" imposée par Nicolas Sarkozy pour le second tour des cantonales a créé une cacophonie sans précédent au sein de la majorité. © Stephane Lemouton / Abaca

La lourde défaite de la droite aux cantonales sonne comme un avertissement pour le chef de l'État, à un an de la présidentielle.

Le Point.fr

À plus d'un an de la présidentielle, la lourde défaite de la droite dimanche aux cantonales a claqué comme un coup de semonce pour Nicolas Sarkozy, dont le virage à droite menace de faire exploser l'UMP et commence à écorner son statut de "candidat naturel" pour 2012. Après les revers des municipales en 2008 et des régionales l'an dernier, le chef de l'État, toujours au plus bas dans les sondages, s'est prudemment tenu à distance de la campagne de son parti pour les cantonales, absorbé par son rôle de chef des armées et de pilote de l'intervention militaire en Libye.

Le nouvel échec subi dimanche par son camp dans le dernier test électoral grandeur nature de son mandat a immédiatement été épinglé à son revers. Sans surprise à gauche. "C'est une très lourde sanction à Nicolas Sarkozy et à l'UMP", a lancé le numéro deux du PS Harlem Désir. Mais aussi, et surtout dans la majorité, écartelée depuis une semaine par le psychodrame du "ni-ni" entre les tenants d'un vote sans ambiguïté pour le candidat de gauche présent au second tour afin de faire barrage au Front national, et ceux qui, comme Nicolas Sarkozy, s'y refusent systématiquement.

Changement de cap

Sitôt connus les résultats, de nombreuses voix à droite ont, dans la foulée, exigé un changement de cap du chef de l'État, qui s'est appliqué depuis des mois à "droitiser" son discours avec l'espoir de rééditer le "siphonnage" des électeurs du FN réussi à la présidentielle de 2007. Sur un ton d'une fermeté rare pour un centriste, le président d'honneur du Parti radical André Rossinot a agité le spectre d'une sortie de son mouvement de l'UMP en laissant au parti présidentiel "un mois pour changer, pour se réorganiser, pour accepter sa diversité, sa pluralité".

"Il est temps que l'expression du centre, celle des gaullistes et des libéraux, reprenne toute sa place au sein de l'UMP", a poursuivi M. Rossinot, alors que son successeur Jean-Louis Borloo entretient le doute sur une éventuelle candidature en 2012, potentiellement dangereuse pour Nicolas Sarkozy au premier tour avec un Front national fort. "Le virage à droite suivi par le président est inutile et dangereux", a renchéri l'ex-porte-parole de l'UMP Dominique Paillé. "Si l'on veut garder une chance de gagner, il est urgent d'infléchir cette route, de s'occuper d'abord d'emploi et de pouvoir d'achat plutôt que d'immigration", a-t-il ajouté, relevant la bonne tenue des centristes dans plusieurs départements.

"Droitisation"

À l'inverse, l'aile droite de l'UMP a voulu voir dans ces cantonales une justification de la "droitisation" du discours. "Le problème n'est pas la stratégie d'aujourd'hui, mais celle d'hier, l'ouverture, qui a fait fuir nos électeurs vers le FN", a déclaré à l'AFP le député du Nord Christian Vanneste, ajoutant qu'"il faut réoccuper d'urgence le terrain que nous leur avons laissé". Le débat pour 2012 qui déchire l'UMP est loin d'être clos. Le sondage Ipsos publié dimanche devrait l'alimenter : il donne Nicolas Sarkozy éliminé du second tour de la présidentielle par Marine Le Pen et le PS, qu'il soit incarné par Dominique Strauss-Kahn, Martine Aubry ou François Hollande.

En plus du débat sur la stratégie commence à poindre un autre débat, en forme de point d'interrogation, sur les capacités du candidat Nicolas Sarkozy à faire gagner son camp dans un an. "Ce serait une pure folie d'avoir un autre candidat" que l'actuel chef de l'État, a lancé dimanche le chiraquien et ministre du Budget François Baroin. Mais en coulisses, nombre d'élus s'inquiètent pour leur réélection. "Franchement, la question de sa candidature est aujourd'hui posée", lâche un responsable de la majorité. Et d'ajouter : "Je doute qu'il puisse encore nous mener à la victoire."

 

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