Union du Fleuve Mano : LA CEDEAO APPELEE À LA RESCOUSSE

Sécurité et infrastructures». Tel était le thème de la conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union du fleuve Mano (Ufm), le dimanche 17 juillet, au City Hall de Monrovia, au Liberia. De l’avis des participants, les travaux se sont déroulés dans une très bonne atmosphère et ont été enrichissants. Tant au niveau des quatre Chefs d’Etat : Ellen Johnson Sirleaf (Liberia), Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire) et Alpha Condé (Guinée) que de leurs ministres respectifs qui les ont précédés la veille pour préparer le terrain. Le lien entre les deux sujets :

sécurité et infrastructures est certes étroit mais la question de la sécurité a naturellement été présentée comme le préalable au développement. C’est d’ailleurs le sens de cette interpellation faite à la Cedeao. «Les Chefs d’Etat lancent un appel à la Cedeao en vue de considérer les menaces transfrontalières Côte d’Ivoire - Liberia comme un problème qui pourrait affecter la sous-région entière. Cependant, ils demandent à la Cedeao de fournir un appui immédiat pour le secteur sécuritaire». En tout cas, les dirigeants ont pratiquement entériné les propositions de leurs ministres et experts en préconisant au besoin un chronogramme de travail sur les trois mois à venir (Cf. communiqué final, P. 3). Au regard de la convergence de vues entre les Etats membres, c’est très aisément que des solutions pratiques consensuelles ont été préconisées, comme l’a expliqué le ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de la Défense, Koffi Koffi Paul. Laquelle repose sur les échanges d’informations et des actions communes pour faciliter la traçabilité des mouvements des personnes et des biens dans la sous-région. «La circulation des informations ; le développement des corridors douaniers et le déploiement des forces tout le long des frontières avec l’appui des forces onusiennes existantes en Côte d’Ivoire, au Liberia, et en Sierra Leone ; les rencontres régulières pour faire le point de la situation sécuritaire». Il a rappelé au nombre des dispositifs de sécurisation, «la construction d’une dizaine de casernes par l’Onuci en Côte d’Ivoire pour aider à contrôler les frontières et à rassurer les populations». Et au plan administratif, «la mise en place d’un comité technique comprenant les états-majors, le ministère de la Défense et les services de sécurité pour élaborer un mécanisme de suivi et de prévention des différents conflits de la zone». Il a annoncé, au mois d’octobre, une réunion de ce groupe en Guinée «pour proposer un mécanisme concret aux Chefs d’Etat». Les échanges d’information prennent en compte, a expliqué Koffi Koffi Paul, la situation sur les mercenaires, notamment leur identité et l’identité des individus qui se sont rendus coupables de pillage ou vol de véhicules. Il est même envisagé «l’extradition» d’ex-combattants et de mercenaires. Il a confié que 124 personnes ont été arrêtées et sont en ce moment emprisonnées au Liberia. Et de préciser que les Etat membres de l’Ufm étant également tous membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), ils n’ont «pas besoin» d’accord de défense pour mettre en œuvre une telle politique sécuritaire. Lors d’une conférence de presse conjointe animée après la lecture du communiqué final, le Président Alassane Ouattara a réaffirmé qu’«aucune impunité ne sera tolérée».

 

Par ailleurs, vu que le flux des réfugiés ivoiriens a un impact énorme sur le Liberia, 140 000 personnes sur initialement 200 000, les dirigeants ont recommandé une aide pour le pays hôte.

Au niveau des infrastructures, second aspect du thème du sommet, en attendant les recommandations des réunions ministérielles et du Secrétariat général de l’Ufm basé à Freetown, en Sierra Leone, les priorités ont été axées sur l’interconnexion en matière d’électricité et de routes puis le développement de l’agriculture et du commerce inter-Etats. «Il y a par exemple une convention d’une valeur de Neuf millions de dollars qui existe entre la Côte d’Ivoire et le Liberia permettant à nos deux pays de bénéficier d’une couverture de l’électricité par un système de connexion à partir de la Côte d’Ivoire et mettre en place un système de distribution. Deuxièmement, il y a le pont à construire entre la frontière Harper du Liberia et la Côte d’Ivoire qui est un dossier qui devait pouvoir être réalisé dans une année. La troisième chose, c’est que nous avons convenu d’aller vers un système de transport, l’Air Mano. La Côte d’Ivoire a proposé qu’il y ait d’abord un inventaire de tous les projets d’interconnexion existants et que chaque Etat puisse le transmettre au secrétariat», a expliqué le ministre de l’Intégration africaine, Adama Bictogo, qui a participé aux travaux en commission sur les infrastructures de l’espace Ufm. Selon lui, le projet d’interconnexion électrique entre le Liberia et la Côte d’Ivoire et «le projet d’autoroute Danané-Toulepleu qui mène en Guinée sont des projets qui, devraient démarrer d’ici le début de l’année 2012». D’ici là, un inventaire sera fait par les instances de l’Ufm pour faire le point des projets en instance et relever les obstacles de manière à rechercher les financements pour une relance de grande envergure des programmes.

 

Paulin N. Zobo

Envoyé spécial à Monrovia (Liberia)

Fratmat


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