Libye: violents combats autour de la résidence de Kadhafi et dans le sud de Tripoli

© AFP Des Libyens fêtent l'entrée des rebelles dans la capitale, le 22 août 2011 à Tajura, une banlieue de Tripoli
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TRIPOLI (AFP) - (AFP) - De violents combats se déroulaient lundi matin autour de la résidence du dirigeant Mouammar Kadhafi à Tripoli, au lendemain d'une offensive majeure menée par les rebelles dans la capitale libyenne, que les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, espèrent victorieuse.

Dans la nuit, les rebelles, qui ont lancé une offensive samedi soir sur la capitale, ont atteint la place Verte, un lieu symbolique où les partisans du régime avaient l'habitude de se rassembler.

Une foule en liesse dansait, agitait des drapeaux rouge, noir et vert, aux couleurs de la rébellion, et scandait "Allah Akbar" ("Dieu est grand") tout en tirant en l'air, selon des images diffusées par la télévision britannique Sky News.

Pour autant, les affrontements se poursuivaient dans la capitale lundi matin. Des combats de plus en plus violents avaient lieu autour de la résidence de Mouammar Kadhafi à Bab Al-Aziziya, selon un journaliste de l'AFP sur place.

© AFP Carte de Tripoli indiquant les combats autour de la résidence du colonel Kadhafi
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Le colonel Kadhafi serait encore dans sa résidence, a indiqué à l'AFP une source diplomatique.

Depuis 06H00 (04H00 GMT), des bruits d'affrontements à l'arme légère et à l'arme lourde retentissaient également en provenance du sud de la capitale, a indiqué le reporter de l'AFP, sans pouvoir déterminer avec exactitude la provenance des tirs.

Vers 06H30 (04H30 GMT), des tirs de kalachnikov étaient aussi entendus tout près de l'hôtel Rixos, où est logée la presse internationale.

Dans un bref entretien téléphonique avec la chaîne Al-Jazira, un des fils de Mouammar Kadhafi, Mohamed, a affirmé qu'il était chez lui, qu'il restait dans sa maison et qu'il ne la quitterait pas. La chaîne n'a pas précisé dans quel quartier il résidait.

L'entretien a été interrompu par des bruits de tirs, intenses et très proches, puis Mohamed Kadhafi, président du Comité olympique libyen, a repris l'interview sur un ton de panique.

© AFP Un habitant de Benghazi manifeste sa joie après l'entrée des rebelles à Tripoli, le 21 août 2011
© AFP Gianluigi Guercia

L'offensive "Sirène" a été lancée samedi soir par les insurgés en coordination entre le CNT, l'organe politique de la rébellion à Benghazi (est), et les combattants dans et autour de Tripoli, a indiqué un porte-parole du Conseil national de transition (CNT), en précisant que l'Otan était "aussi impliquée".

Des insurgés se sont infiltrés dans la capitale en arrivant par la mer de l'enclave côtière de Misrata, à 200 km à l'est, selon la rébellion.

D'autres rebelles venant de l'Ouest ont réussi, après de violents accrochages avec des soldats loyalistes, à entrer dans Tripoli dimanche en fin d'après-midi, acclamés par les habitants qui couraient le long de leur convoi, dans une ambiance euphorique, a constaté un correspondant de l'AFP.

Les insurgés, qui semblent n'avoir pas rencontré une forte résistance, se sont approchés du centre de la capitale après avoir pris le contrôle de plusieurs quartiers dont Tajoura, dans la banlieue est de Tripoli, selon les témoins.

Quelques heures auparavant, le colonel Kadhafi avait appelé ses partisans à "nettoyer" la capitale des rebelles, dans son troisième message sonore en moins de vingt-quatre heures diffusé par la télévision libyenne.

Dimanche matin, il avait déjà martelé qu'il ne se rendrait pas et sortirait "victorieux" de la bataille de Tripoli.

Le porte-parole du régime, Moussa Ibrahim, a affirmé pour sa part que "le régime est toujours fort et que des milliers de volontaires et de soldats sont prêts à se battre". Il a indiqué dimanche soir que 1.300 personnes avaient péri au cours des dernières 24 heures à Tripoli. Il n'était pas possible de vérifier ce bilan.

Le procureur de la CPI (Cour pénale internationale) Luis Moreno-Ocampo a annoncé que Seif al-Islam, un autre fils de Mouammar Kadhafi, avait été "arrêté". Seif al-Islam, présenté dans le passé comme le futur successeur de son père, fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la CPI pour crimes contre l'humanité.

© AFP Les rebelles prennent position après des combats contre les forces loyalistes, dans une forêt à l'ouest de Tripoli, le 21 août 2011
© AFP Filippo Monteforte

A Benghazi, la "capitale" rebelle dans l'est de la Libye, des dizaines de milliers d'habitants en délire ont envahi les rues dans la nuit. "Bye Bye le frisé!", "Dieu est grand!", scandait la foule en liesse.

Mahmoud Jibril, l'un des principaux responsables du CNT, basé à Benghazi, a demandé aux rebelles de s'abstenir de toute vengeance. Il les a également mis en garde contre des "poches de résistance (pro-Kadhafi) dans et autour de Tripoli", soulignant que "le combat n'est pas terminé".

Dans la nuit de dimanche à lundi, les forces pro-kadhafi ont ainsi pilonné le quartier Al-Hemida (est), a indiqué à l'AFP un habitant.

"Les bataillons de Kadhafi sont en train de tirer des roquettes sur les habitations, les gens sont terrifiés et terrés chez eux, en train d'attendre les rebelles pour les sauver", a-t-il poursuivi.

Mais pour le président américain Barack Obama, le régime du colonel Kadhafi "a atteint le point de non-retour" et le "tyran" libyen doit partir pour éviter un bain de sang.

Le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen a estimé de son côté que "le régime de Kadhafi s'effondre clairement".

 

L'Otan a pris le commandement fin mars d'une coalition internationale intervenue sur mandat de l'ONU pour protéger la population civile d'une sanglante répression d'un mouvement de contestation sans précédent, né à la mi-février, contre le régime autoritaire de Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans.

Le président français Nicolas Sarkozy a déclaré "que l'issue ne fait désormais plus de doute", tandis que Rome estimait que la "tragédie" du conflit "touche à sa fin". Pour Londres, "il est clair d'après les scènes auxquelles nous assistons à Tripoli que la fin est proche pour Kadhafi".

En revanche, l'un des derniers alliés du dirigeant libyen, le président vénézuélien Hugo Chavez a estimé que les gouvernements d'Europe et les Etats-Unis étaient "en train de détruire Tripoli sous les bombes".


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