
Depuis le coup de force par lequel Kais Saied s’est octroyé les pleins pouvoirs à l’été 2021, ONG et opposants déplorent une régression des libertés dans le pays berceau du Printemps arabe en 2011.
Des milliers de Tunisiens ont manifesté jeudi à Tunis, à l’occasion de la fête du Travail, contre la politique du président Kais Saied et pour demander la libération de personnalités politiques emprisonnées.
Le rassemblement a attiré des participants de différentes factions politiques, à l’appel de la puissante confédération syndicale tunisienne UGTT et de proches des opposants détenus.
« Nous ne sommes pas satisfaits de ce qui se passe », a déclaré un militant, Souhaieb Ferchichi, qui dénonce « une atmosphère de peur et de répression ». « Ce régime est en train d’échouer », a-t-il estimé, accusant le pouvoir de ne pas respecter « la constitution et la loi ».
Sur l’avenue Habib Bourguiba, principale artère de Tunis et haut lieu de la contestation, des manifestants portaient une banderole mentionnant « L’injustice est le début de la fin ». « La révolution viendra » a scandé la foule, d’où émergeaient des panneaux qualifiant le président de « tyran ».
« Le pays est à l’arrêt, dans un état d’étouffement des voix et d’emprisonnement de la jeunesse qui poste sur les réseaux sociaux », a dénoncé dans un communiqué le dirigeant de l’UGTT Noureddine Taboubi fustigeant une « répression des libertés ».
Depuis le coup de force par lequel Kais Saied s’est octroyé les pleins pouvoirs à l’été 2021, ONG et opposants déplorent une régression des libertés dans le pays berceau du Printemps arabe en 2011.
« Non à l’ingérence étrangère »
La manifestation s’est déroulée quelques jours après que l’avocat Ahmed Souab, un ténor du barreau tunisien, a été placé en détention pour terrorisme. Il avait dénoncé des pressions politiques sur les juges lors d’un récent procès, à l’issue duquel une quarantaine d’accusés, dont des figures de l’opposition, ont été condamnés à de lourdes peines de prison pour complot contre l’État.
« En tant que famille, nous considérons que son arrestation est motivée par des raisons politiques », a déclaré Mongi Souab, le frère de l’avocat, membre de la défense lors du procès de masse.
La procédure a suscité des critiques internationales, rejetées cette semaine par la présidence, qui a dénoncé une « ingérence flagrante dans les affaires intérieures de la Tunisie ».
Une contre-manifestation a également rassemblé un petit groupe de partisans de M. Saied dans la capitale tunisienne. « Le président a dit ce qu’il a dit : non à l’ingérence étrangère », a déclaré parmi eux Ridha Soula, un retraité de 70 ans.
leparisien
La 1 mai 2025
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