Les putschistes qui ont renversé le président guinéen Alpha Condé ont libéré mardi un premier groupe de dizaines d'opposants au régime déchu, à la veille d'un sommet de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) sur la Guinée.

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Les militaires emmenés par le chef des forces spéciales, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya insistaient également sur la prochaine ouverture d'une «concertation» nationale pour définir les modalités de la transition politique conduite par un futur gouvernement d'union nationale dans ce pays pauvre d'Afrique de l'Ouest aux importantes ressources minières.

La Cédéao, qui a condamné la prise de pouvoir éclair et l'arrestation d'Alpha Condé dimanche, doit se réunir mercredi en sommet extraordinaire virtuel à partir de 14h00 GMT pour discuter de la situation en Guinée. À la suite d'un putsch similaire au Mali voisin en août 2020, la Cédéao avait pris des sanctions, essentiellement économiques, jusqu'à ce que les militaires s'engagent sur la voie d'une transition de 18 mois maximum pour rendre le pouvoir à des dirigeants civils issus d'élections.

Une liste de 79 détenus libérables approuvée

Une délégation au Mali, conduite par le médiateur de la Cédéao dans cette crise, l'ex-président nigérian Goodluck Jonathan, a d'ailleurs exprimé mardi son inquiétude quant au respect des échéances, se disant «préoccupée par l'insuffisance d'actions concrètes dans la préparation effective du processus électoral». L'épilogue de plus de dix années de régime d'Alpha Condé en Guinée a suscité une large réprobation internationale, notamment de l'Union africaine (UA) qui a appelé à la «libération immédiate» d'Alpha Condé et au «retour à l'ordre constitutionnel».

 

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Aucun décès lié au putsch n'a été rapporté officiellement. Mais des médias guinéens ont fait état d'une dizaine à une vingtaine de morts dans les rangs de la garde présidentielle, des informations invérifiables faute d'accès aux hôpitaux. Les photos et noms d'au moins une dizaine de victimes, accompagnés de messages de condoléances, circulaient sur les réseaux sociaux. Les forces spéciales disent avoir agi pour mettre fin à «la gabegie financière» et au «piétinement des droits des citoyens». Elles ont dissous le gouvernement et les institutions et aboli la Constitution qu'avait fait adopter Alpha Condé en 2020 en invoquant ce changement de loi fondamentale pour se représenter après deux mandats, malgré des mois de contestation réprimée dans le sang.

Un premier groupe de dizaines de personnes, arrêtées notamment lors de cette contestation, a commencé à être libéré mardi soir. Un correspondant de l'AFP a vu une vingtaine d'entre elles sortir de la prison civile de Conakry, dont les opposants Abdoulaye Bah et Etienne Soropogui, ou encore un transfuge du parti au pouvoir, Ismaël Condé, condamné à trois ans et quatre mois de prison pour des propos laissant entendre que seules les armes pourraient chasser Alpha Condé du pouvoir.

Une liste de 79 détenus libérables dès mardi a été approuvée après des consultations entre les nouvelles autorités, l'administration pénitentiaire et les avocats des détenus, selon ces derniers. Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), coalition de mouvements politiques et de la société civile qui a mené la contestation contre le troisième mandat, espérait initialement dès lundi la libération de ses membres emprisonnés.

 

Lefigaro.fr

 

Le 8 septembre 2021

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