MONDE Depuis l'interception dimanche de trois navires ukrainiens par la Russie, les tensions entre Kiev et Moscou ont encore grimpé d'un cran...
Les garde-côtes russes ont intercepté par la force dimanche trois navires de la marine ukrainienne au large de la Crimée annexée par la Russie en 2014, tirant sur eux et faisant trois blessés parmi les marins à leur bord.
 

Kiev considère l’événement comme une agression de Moscou et demande aux pays membres de l’Otan de déployer des navires en mer d’Azov pour soutenir Kiev dans son bras de fer avec la Russie. 

La chancelière allemande appelle de son côté l’Ukraine à « rester avisée ». 

La tension monte entre Kiev et Moscou. Le président ukrainien Petro Porochenko a demandé aux pays membres de l’Otan, et notamment à l’Allemagne, de déployer des navires en mer d’Azov pour soutenir Kiev dans son bras de fer avec la Russie, après un accrochage avec les forces russes au large de la Crimée. 20 Minutes fait le point sur la situation. 
Quelle est la cause du regain de tensions entre les deux pays ?
 

La confrontation entre l’Ukraine et la Russie a été réactivée par la capture en mer Noire de trois navires militaires ukrainiens dimanche. Les garde-côtes russes ont intercepté par la force trois bâtiments de la marine ukrainienne au large de la Crimée, annexée par la Russie en 2014. Les Russes ont ouvert le feu, faisant trois blessés parmi les marins à leur bord. L’accrochage s’est produit alors que les trois navires ukrainiens tentaient de traverser le détroit de Kertch pour entrer dans la mer d’Azov, d’une importance cruciale pour les exportations de céréales ou d’acier produits dans l’est de l’Ukraine. Il s’agit de la première confrontation militaire ouverte entre Moscou et Kiev depuis cette annexion et le début, également en 2014, d’un conflit armé dans l’est de l’Ukraine entre forces ukrainiennes et séparatistes pro russes, qui a fait plus de 10.000 morts. 

Depuis dimanche, l’Ukraine ne décolère pas après ce qu’elle considère être une agression de son gigantesque voisin. La loi martiale, votée lundi par le Parlement de Kiev, y est entrée en vigueur mercredi pour 30 jours dans dix régions frontalières et côtières de ce pays.  

Vladimir Poutine a, lui, défendu ses forces et insisté sur le fait que, selon lui, les gardes-côtes russes avaient simplement « rempli leur devoir avec précision », considérant que les Ukrainiens « n’ont pas répondu aux demandes de nos gardes-frontières. Et sont entrés dans nos eaux territoriales », a assuré le président russe. Vladimir Poutine a qualifié l’accrochage de « provocation » organisée par Petro Porochenko, mal en point dans les sondages à quelques mois de l’élection présidentielle en Ukraine. 

Quels sont les alliés respectifs de l’Ukraine et de la Russie ? 

« L’Allemagne est l’un de nos plus proches alliés et nous espérons que des pays au sein de l’Otan sont désormais prêts à dépêcher des navires en mer d’Azov pour aider l’Ukraine et y assurer la sécurité », a déclaré le président Porochenko.  

Face à cette escalade des tensions entre la Russie et l’Ukraine, l’Union européenne s’est déclarée mercredi « extrêmement préoccupée », mais n’envisage pas de nouvelles mesures pour sanctionner l’opération militaire russe contre les navires ukrainiens. 

Allié de Moscou, le président turc Recep Tayyip Erdogan a indiqué jeudi qu’il avait proposé à la Russie et à l’Ukraine de jouer un rôle de médiateur. Le chef de l’Etat turc s’est entretenu mercredi au téléphone avec ses homologues russe et ukrainien, les appelant à résoudre leurs problèmes « par la voie diplomatique ». « Pouvons-nous assumer un rôle de médiateur ici ? Nous en avons parlé avec les deux parties », a déclaré Recep Tayyip Erdogan lors d’une conférence de presse tôt  ce jeudi à Istanbul avant de prendre l’avion pour l’Argentine, où un sommet du G20 se tient en fin de semaine. 

« Au cours de nos entretiens, M. Poutine et M. Porochenko nous ont chacun transmis certaines demandes, et nous transmettrons les demandes (de l’Ukraine) à Vladimir Poutine lors de notre entretien en Argentine », a assuré Recep Tayyip Erdogan. 

Quelles conséquences cette escalade de tensions peut-elle avoir ? 

La crise entre Kiev et Moscou pourrait donc avoir des répercussions sur le sommet du G20, qui s’ouvre vendredi en Argentine. « Peut-être que je ne ferai pas cette entrevue » prévue avec Vladimir Poutine dans ce cadre, avait averti Donald Trump, soulignant « ne pas aimer cette agression », dans un entretien avec le Washington Post. Mais finalement, la rencontre entre les présidents russe et américain aura bien lieu à Buenos Aires comme prévu, a indiqué jeudi le Kremlin. Parmi les sujets qui pourraient être abordés par les deux chefs d’Etat, « les relations bilatérales, la sécurité stratégique, le désarmement et les conflits régionaux », a ajouté Dmitri Peskov. 

Peut-on s’orienter vers un conflit armé entre l’Ukraine et la Russie ? 

Les ministres des Affaires étrangères des 29 pays de l'Otan se réunissent en conseil mardi et mercredi prochains à Bruxelles et le responsable ukrainien a été invité à les rencontrer. La demande du président ukrainien de déployer des navires de l’Otan sera discutée à cette occasion, mais l’Alliance reste prudente. «  Depuis l’annexion illégale de la Crimée par la Russie en 2014, l’Otan a considérablement accru sa présence en mer Noire, a déclaré la porte-parole Oana Lungescu. Aujourd’hui, les navires de l’Otan patrouillent et s’exercent régulièrement dans la mer Noire. » Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a pour sa part mis en garde Moscou. « La Russie doit comprendre que ses actions auront des conséquences », a-t-il averti lundi. 

Ce jeudi matin, la chancelière allemande Angela Merkel, sollicitée par le président ukrainien, l’a invité à se montrer raisonnable et a promis d’aborder la question avec le président russe Vladimir Poutine lors du sommet du G20. « Il ne peut y avoir de solution militaire à ces confrontations », a-t-elle averti. Une position largement partagée par les pays de l’Union européenne. 

Alors que mardi, le président Poroschenko évoquait la « menace d’une guerre totale » avec Moscou, dans le même temps, dans l’est de l’Ukraine, des soldats ukrainiens creusaient des tranchées et remplissaient leurs sacs de munitions et rations de survie, se tenant prêts dans l’éventualité d’un basculement vers un conflit armé

20 minutes.fr
Le 29 novembre 2018

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