Pau (France) : un jeune Guinéen de 17 ans enfin reconnu mineur par la justice

Après trois ans de galère, un jeune Guinéen de 17 ans est enfin reconnu mineur par la justice. Il va donc pouvoir être pris en charge comme la loi le prévoit pour les migrants de moins de 18 ans.

Mamadou Barry arrive en France en 2013. Il est Guinéen, son père est mort, et sa famille le force à partir avec un réseau de passeurs jusqu'en Europe. Il arrive avec un faux passeport qui dit qu'il a 30 ans. Il est donc considéré comme majeur. Sauf que Mamadou n'a que 15 ans à l'époque. C'est le début de trois ans de cauchemar pour le jeune migrant.

Dix mois de prison

À peine arrivé en France, les passeurs confisquent le faux passeport de Mamadou. Mais dans les fichiers il est quand même enregistré sous sa fausse identité. Il a donc 30 ans au regard de la loi. Il a bien un acte de naissance, vrai celui là, mais les administrations considèrent que rien ne prouve qu'il est authentique. Il est donc considéré à partir de sa fausse identité d'adulte. Et surtout il est sans papier.

Il est arrêté à deux reprises, à Montpellier et à Pau. Et condamné comme un adulte. Il écope donc de 4 mois ferme la première fois, 6 mois ferme la seconde. En prison, les surveillants se rendent bien compte qu'il a une tête d'enfant, qu'il ne fait pas du tout ses 30 ans, alors ils le placent en isolement pour le protéger des autres détenus. Mais Mamadou ne supporte pas, il fait une tentative de suicide.

Refus d'embarquer

Après ses 10 mois de prison, Mamadou est amené en centre de détention à Hendaye. Il fait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français. Là encore c'est illégal pour un mineur. Mais la justice le considère toujours comme adulte. Il va donc passer 38 jours dans ce centre. Puis il est embarqué dans un charter à Paris pour être renvoyé en Guinée. Mais Mamadou refuse d'embarquer. Hors de question pour lui de rentrer auprès d'une famille qui ne veut pas de lui.

Le bout du tunnel

À l'aéroport, les policiers laissent Mamadou partir. Ils ont trop de réfugiés à gérer. Mamadou se retrouve donc seul et sans argent à Paris. Il va à l'ambassade de Guinée, qui enfin, lui délivre un passeport avec sa véritable identité, grâce à son acte de naissance qu'il avait gardé sur lui pendant tout ce temps. De retour au Pays basque, où une association lui vient en aide, Mamadou est hospitalisé et opéré pour une grave maladie aux poumons.

Ce que le tribunal administratif de Pau a validé mardi, c'est que Mamadou est bien mineur. Et donc que le Conseil départemental est dans l’obligation de le traiter comme tel. En lui offrant un toit, de quoi survivre, se nourrir, se soigner. Tout ce dont Mamadou avait droit jusque là, mais que la justice française a "refusé" de voir selon son avocate Maître Selvinah Pather.

Elle décrit le garçon comme calme, intelligent et courageux. Maintenant qu'il a fini de se battre avec la justice, Mamadou aimerait faire des études, travailler, se faire des amis, et se soigner.

Maître Pather compte lancer une procédure en responsabilité contre l'Etat. Pour faire reconnaître par la justice les conditions dans lesquelles Mamadou a dû vivre pendant toutes ces années.

Par Margaux StiveFrance Bleu Béarn

Le 28 septembre 2016

 

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