Le pèlerinage de La Mecque attire plusieurs millions de fidèles chaque année. Un défi logistique, d'autant plus dans le contexte de la crise sanitaire qui affaiblit l'économie du pays.

L'Arabie Saoudite a décidé lundi de maintenir fin juillet le grand pèlerinage musulman de La Mecque, avec un "nombre très limité" de fidèles, alors que la pandémie de nouveau coronavirus "continue de s'accélérer" dans le monde selon l'OMS.

Seules les personnes "se trouvant à l'intérieur du royaume" saoudien pourront effectuer le hajj, conformément aux mesures de précaution destinées à contenir la propagation du virus, a précisé l'agence.

Risque de contamination, dans le pays du Golfe le plus touché

En raison de sa forte affluence, le hajj peut aussi devenir un énorme vecteur de contagion du coronavirus, avec des fidèles venus du monde entier. Or la pandémie "continue de s'accélérer" à travers la planète, s'est inquiété lundi le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus.

C'est notamment le cas en Arabie Saoudite, pays arabe du Golfe le plus touché avec une recrudescence du nombre de contaminations. Les autorités ont officiellement recensé plus de 161.000 personnes infectées, dont 1.307 sont décédées.

Pour contenir la propagation de la maladie, l'Arabie Saoudite a dès mars suspendu le petit pèlerinage, la "omra", qui s'effectue toute l'année à La Mecque et Médine, les deux lieux les plus saints de l'islam, situés dans l'ouest du pays. Jusque ici, le gouvernement de l'Arabie Saoudite maintenait l'incertitude autour de la tenue de ce pèlerinage. Fin mars, le ministre saoudien du Pèlerinage, Mohammad Benten, avait également demandé aux musulmans de reporter temporairement leurs préparatifs du hajj.

Dans ce qui apparaît comme un effort pour apporter une caution religieuse à cette décision, la Ligue islamique mondiale, basée en Arabie Saoudite, a indiqué reconnaître la légitimité de ce hajj limité, dans l'intérêt des pèlerins eux-mêmes, selon les médias officiels saoudiens. La Ligue islamique mondiale (LIM), est souvent considérée comme un bras diplomatique du royaume saoudien, ainsi que comme un instrument de diffusion du wahhabisme, version saoudienne et très puritaine de l'islam.

Youssef Al-Othaimeen, secrétaire-général de l'Organisation de la coopération islamique a dit de son côté "apprécier le soin extrême donné à la santé et à la sécurité des pèlerins".
 

L'un des rassemblements religieux les plus importants du monde

Tout en "réalisant les objectifs de la loi islamique", avec un hajj "très limité", les autorités saoudiennes assurent vouloir "répondre aux exigences de prévention et de distanciation sociale nécessaires pour assurer la sécurité et la protection" des fidèles.

Ce pèlerinage est l'un des cinq piliers de l'islam. Étant l'un des plus importants rassemblements religieux au monde, il a attiré 2,5 millions de musulmans en 2019, selon les chiffres du ministère organisateur.

Risque conséquent sur l'économie saoudienne déjà affaiblie

Lors du hajj et de la omra, les pèlerins injectent chaque année 10,6 milliards d'euros dans l'économie saoudienne, selon le gouvernement. Cette somme, le royaume va devoir s'en passer bien que bienvenue en ces temps d'austérité.

Le grand pèlerinage fait partie des autres sources de revenus vers lesquelles le royaume souhaite réorienter son économie dans le cadre du plan de réforme du prince héritier Mohammed ben Salmane, qui veut débarrasser son pays de sa dépendance au pétrole.
Bfmtv - R.B. avec AFP
Le 23 juin 2020

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