Depuis Pretoria, où il a prononcé un discours devant la communauté française, le président a envoyé un message «aux millions de jeunes gens qui ont une histoire avec l’Afrique par leur famille».
Emmanuel Macron a conclu sa visite de deux jours, au Rwanda puis en Afrique du Sud, sur une note très politique. Louant, dans un discours à la communauté française à Pretoria (Afrique du Sud), le « partenariat » qu’il veut nouer avec les pays du continent, le président ambitionne de « changer les regards et les esprits » sur la relation de la France et de l’Afrique. Y compris entre les frontières de l’Hexagone, où il envoie aussi très clairement un message.
Car disant cela, le voilà qui s’adresse aux « millions de jeunes gens » qui, en France, « ont une histoire avec l’Afrique par leur famille, par des générations ». « On va enfin leur dire que l’on va pouvoir bâtir en commun. On va arrêter de leur dire : C’est un problème et vous devez vous intégrer. On va enfin leur dire : Vous êtes une chance pour la France et vous allez nous aider à développer cette histoire commune », avance-t-il.
Voilà aussi le sens qu’il entend donner à cette relation qu’il tente de renouveler depuis quatre ans. Au plan mémoriel, comme lorsqu’il reconnaît à Kigali « l’ampleur des responsabilités de la France » dans le génocide des Tutsis - sans présenter formellement d’excuses, point sur lequel la presse sud-africaine lui a demandé de s’expliquer une nouvelle fois.
Ou en plaidant pour une plus forte « coopération » face à l’urgence sanitaire, comme en matière économique. « L’Afrique est une chance parce que c’est un continent jeune. Cette chance devient un cauchemar si on laisse l’Afrique seule avec ses problèmes. L’Afrique ne demande pas d’aide, elle demande un d’investissement légitime pour qu’elle puisse prendre sa part de réussite », lance-t-il à Pretoria, avant d’ajouter : « De manière très égoïste, j’y crois pour l’Afrique que j’aime et je pense que c’est essentiel pour notre pays. » Un message à destination de la jeunesse, donc. Un contrepied net, aussi, à une partie de la droite et à l’extrême droite. Ce qui n’a rien d’anodin à un an de la présidentielle
Lors de cette étape sud-africaine centrée sur la lutte contre la pandémie de coronavirus, Emmanuel Macron et son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa se sont accordés à affirmer que les brevets sur les vaccins anti-Covid « ne doivent en rien être un frein » à l’immunisation des populations. Le président français s’est dit d’accord pour soutenir une demande de levée temporaire des droits, même si la priorité reste selon lui le transfert de technologie. Devant la communauté française d’Afrique du Sud, il a utilisé le mot « hapo » qui, en langue khoïsan, signifie que les rêves doivent être partagés par la communauté pour se réaliser. « Ce mot résume à lui seul cette aspiration au vivre-ensemble des Sud-Africains. L’Europe et l’Afrique c’est bien cela aujourd’hui: Hapo! », a-t-il lancé.

Avant de reprendre la direction de la France, le chef de l’Etat a visité la fondation Nelson Mandela à Johannesburg. « C’est important avant de partir de rendre hommage et de s’imprégner de ce qui a fait l’histoire de ce pays et ses combats », a déclaré Emmanuel Macron, saluant la « vie d’engagement, de sacrifices, de combats » de Nelson Mandela. « Et une consécration, celle de l’égalité et de la liberté. »

leparisien.fr, Par Pauline Théveniaud, envoyée spéciale à Pretoria (Afrique du Sud) 
Le 29 mai 2021

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