Calais - De violents affrontements entre migrants afghans et africains jeudi en plusieurs endroits de Calais, ont fait 18 blessés, dont quatre, touchés par balle, étaient entre la vie et la mort dans la soirée, selon des sources concordantes.

Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb était attendu vers 23H30 au commissariat de la ville et devait passer la nuit sur place. "Après les graves incidents survenus aujourd'hui, je me rends dès ce soir à Calais pour un point de situation avec le préfet, la maire de la ville et les acteurs locaux", a tweeté le ministre. Il devait aussi rencontrer dans la nuit les forces de l'ordre déployées sur le terrain.

En termes de victimes, "on est revenu à une situation qui ressemble beaucoup à celle de 2015", année de création de la "Jungle", démantelée en octobre 2016, a-t-on commenté de source judiciaire. Toutefois, "chaque jour ne se ressemble pas en termes de violence", a-t-on ajouté.

Des forces de sécurité "complémentaires" ont été déployées sur place, selon la préfecture.

Au total, cinq migrants ont été blessés par balle: quatre étaient en "urgence absolue" et devaient être opérés au centre hospitalier de Calais, le cinquième a été dirigé vers le CHRU de Lille en raison de son état "très sérieux, selon la préfecture. Douze autres souffraient de nombreux traumatismes et blessures diverses provoqués pour certains par des armes blanches, d'après la même source, et un dernier a été renversé sur un axe routier.

Il s'agit du bilan le plus lourd depuis le 1er juillet 2017 lorsque des bagarres inter-ethniques avaient fait 16 blessés, dont un grave. Un an plus tôt, le 26 juin 2016, d'autres rixes avaient fait 40 blessés, dont aucun n'avait été atteint gravement.

La dernière rixe entre migrants ayant débouché sur des blessures par balle remonte au 25 novembre 2017, lors d'un échange de tirs entre deux groupes d'Afghans, possible règlement de comptes entre passeurs. Cinq d'entre eux avaient été blessés.

Environ 800 migrants vivent actuellement à Calais selon les derniers chiffres des associations, entre 550 et 600 selon la préfecture.

Une première rixe a éclaté vers 15H30 entre une centaine de migrants érythréens et une trentaine d'Afghans, en un lieu proche du centre hospitalier de la ville où avait lieu une distribution de repas, selon la préfecture.

Des tirs à l'arme à feu par un ressortissant afghan seraient à l'origine de cet affrontement, indique-t-on de même source au conditionnel, ce qui accréditerait la thèse de la présence de passeurs sur place.

Quatre migrants, qui seraient âgés de 16 à 18 ans et de nationalité érythréenne, ont été blessés par balle lors de ces affrontements et leur "pronostic vital était engagé", a déclaré à l'AFP le parquet de Boulogne-sur-Mer.

La Direction régionale de la police judiciaire (DRPJ) et la brigade mobile de recherches de la police aux frontières ont été saisies. Aucune interpellation n'avait eu lieu dans la soirée.

- 'Schéma classique' -

Vers 16H00, une deuxième rixe s'est déroulée à environ 5 km de là, à Marck-en-calaisis.

Concrètement, "une centaine de migrants africains armés de bâtons ont voulu s'en prendre à une vingtaine d'Afghans", a rapporté le parquet. Un car a été affrété pour amener les Afghans au centre d'accueil et d'examen des situations (CAES) de Belval.

La police a protégé les Afghans pris à partie par 150 à 200 Erythréens, selon la préfecture.

Puis en fin d'après-midi, de nouvelles violences ont éclaté dans la zone industrielle des dunes à Calais, non loin du site de l'ancienne "Jungle".

"Les Afghans sont venus pour une distribution de repas rue des Verrotières et sont tombés sur une forte présence africaine. On a eu un mouvement de foule qui a entraîné des blessés avec des barres de fer", a indiqué le parquet à l'AFP. Six migrants ont été blessés selon le parquet, dont un grièvement à la tête, comme l'a constaté un correspondant de l'AFP sur place.

"Le conflit entre Afghans et Africains a toujours été sous-jacent. C'est malheureusement un schéma classique" de voir des affrontements entre eux, a commenté une source préfectorale.

Outre des CRS et gendarmes mobiles, les pompiers étaient nombreux sur place, selon un correspondant de l'AFP.

Bernard BARRON
Le 2 février 2018

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