Maître de Conakry depuis 2010, l'ex-"opposant historique" tient à se tailler une Constitution sur mesure afin de prolonger son bail. Périlleux.

Un cas d'école après tant d'autres. Daté du 16 juin et adressé à "toutes les ambassades et représentations diplomatiques et consulaires de la république de Guinée", ce courrier enrichit la - trop - riche collection des artifices institutionnels imaginés sous les lambris des palais subsahariens pour prolonger le bail du président en place, quitte à malmener la Constitution. Gageons qu'on le disséquera sous peu dans les amphis de droit public, en Afrique et ailleurs. Bricolage, mode d'emploi. 

La missive signée par Mamadi Touré, ministre des Affaires étrangères et des Guinéens de l'étranger, a le mérite de la clarté. Elle invite ses destinataires à "[s'] approprier le contenu" de la note jointe et à "en tirer [leurs] éléments de langage". En fait de note, un argumentaire de cinq feuillets bien tassés censé établir "l'opportunité et la nécessité" d'adopter une nouvelle loi fondamentale, rédigé en français et en anglais. Le chef de la diplomatie de Conakry prie la quarantaine d'ambassadeurs et consuls mobilisés d'"en assurer une large diffusion au niveau des autorités et institutions auprès desquelles [ils sont] accrédités." Tâchons donc de contribuer, à notre modeste niveau, à l'effort ainsi entrepris. 

Par Vincent Hugeux, lexpress.fr
Le 26 juin 2019

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