Un Canadien enlevé mardi sur un site minier du nord-est du Burkina Faso, Kirk Woodman, a été retrouvé mort mercredi soir, vraisemblablement assassiné par ses ravisseurs lors de leur fuite.

"C'est avec une vive émotion et une grande tristesse que nous avons appris la mort du Canadien Kirk Woodman, enlevé par des individus non identifiés dans la nuit du 15 au 16 janvier 2019, à la base vie de la société de prospection minière Productive Discovery dans le village de Tiabangou (Nord-Est)", a annoncé jeudi le ministre burkinabè des Affaires étrangères Alpha Barry dans un communiqué.

"Le gouvernement du Burkina condamne avec la dernière énergie ce lâche assassinat et assure qu'une enquête est ouverte et (que) toutes les mesures seront prises pour retrouver et punir les coupables", a-t-il poursuivi.

"Le Canada condamne les responsables de ce crime odieux", a déclaré de son côté la ministre canadienne des Affaires étrangères Chrystia Freeland, dans un communiqué, offrant son aide aux autorités burkinabè pour "rechercher les responsables et les traduire en justice".

"Le corps portant des impacts de balle (...) a été découvert mercredi soir par des populations qui ont alerté les forces de l'ordre. Il n'avait aucun document d'identification ni de téléphone sur lui permettant de l'identifier formellement sur place", avait précisé auparavant une source sécuritaire.

M. Woodman "a été identifié par des proches collaborateurs" jeudi, selon le ministre Alpha Barry.

Vice-président de la société canadienne Progress Minerals, Kirk Woodman, géologue et responsable de l'exploration minière au Burkina Faso et en Côte d'Ivoire, avait été enlevé mardi soir sur le site de Tiabangou, dans la province du Yagha, dans le nord-est du Burkina, par un groupe armé, avait déclaré mercredi à l'AFP le ministre burkinabè de la Sécurité, Clément Sawadogo.

- Un couple canado-italien disparu -

"Les agents qui travaillaient ont été assaillis par une dizaine d'hommes en armes qui ont regroupé le personnel. Ils ont fouillé le camp de base et enlevé certains matériels. Ils ont amené avec eux cet expatrié, arrivé au Burkina le 10 janvier", avait détaillé le ministre.

"Notre dispositif sécuritaire est en alerte pour rechercher et retrouver ces hommes qui se sont dirigés selon les informations vers la frontière nigérienne", vers l'est, avait-il ajouté.

Les ravisseurs ont donc "probablement brouillé les pistes" lors de leur fuite, selon une source sécuritaire, puisque le corps a été retrouvé à Beiga-Salmoussi, dans la province de Soum, qui se trouve à l'ouest du site minier.

"Tout est mis en œuvre pour rechercher cet expatrié et les deux autres expatriés, un couple canado-italien, disparus il y a quelques jours dans notre pays", avait encire dit le ministre.

Lucas Tacchetto, 30 ans, originaire de Venise, et sa compagne canadienne Edith Blais, 34 ans, originaire de Sherbrooke (près de Montréal), sont portés disparus depuis le 15 décembre au Burkina. Le couple était parti, par la route, d'Europe vers l'Afrique de l'Ouest, selon les médias locaux.

Les prises d'otages se multiplient au Burkina Faso, confronté depuis 2015 à des attaques jihadistes de plus en plus fréquentes et meurtrières.

- Attaques jihadistes -

En septembre 2018, un Indien et un Sud-Africain travaillant également dans le secteur minier ont été enlevés sur la mine d'or d'Inata (nord).

En janvier 2016, un couple australien, le Dr Kenneth Elliot et son épouse Jocelyn, qui dirigeaient une clinique depuis de nombreuses années, avaient été enlevés à Djibo (nord). Mme Elliot avait été libérée après un an de captivité, mais son époux demeure captif.

Un Roumain, Iulian Ghergut, qui travaillait pour l'énorme mine de manganèse de Tambao (nord), est toujours détenu par des jihadistes depuis son enlèvement en avril 2015.

Parallèlement, les forces armées sont incapables d'enrayer les attaques attribuées aux groupes jihadistes Ansaroul Islam, au Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) et à d'autres groupuscules. D'abord localisées dans le nord du pays, elles se sont étendues en 2018 dans l'est et dans l'ouest. Le bilan s'élève à plus de 270 morts depuis 2015.

L'une des dernières attaques en date, le 10 janvier, par une trentaine d'individus armés contre le village de Gasseliki, non loin de Tiabongou, avait fait 12 morts.

La capitale Ouagadougou a elle-même été frappée à trois reprises, avec un bilan total de près de 60 morts. La dernière attaque, en mars 2018, avait dévasté l'état-major général des armées, en plein centre-ville.

Le chef d'état-major général des armées Oumarou Sadou a été limogé le 10 janvier.

AFP
Le 17 janvier 2019

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