Le président français Emmanuel Macron est arrivé lundi à Nouakchott où les dirigeants africains poursuivent leurs réunions au dernier jour du sommet de l'Union africaine (UA) dans une atmosphère assombrie par une multiplication des attaques jihadistes dans des pays du Sahel.

"Je réaffirme ici l'engagement de la France et de tous les pays membre du G5 Sahel pour lutter contre l'obscurantisme, la lâcheté, dont les premières victimes sont les Africains eux-mêmes", a déclaré M. Macron à Nouakchott. Il a aussi appelé à "intensifier et repenser le lien entre l'Afrique et la France".

Le président Macron doit s'entretenir en marge du sommet avec les dirigeants des pays du G5 Sahel (Mauritanie, Niger, Burkina, Tchad, Mali), alors que plusieurs attaques meurtrières ont de nouveau frappé le Mali et le Niger depuis vendredi.

Dix soldats nigériens ont été tués et quatre sont portés disparus dans une attaque attribuée au groupe islamiste nigérian Boko Haram dans le sud-est du Niger.

Quelques heures plus tôt, au Mali voisin, des soldats français de l'opération Barkhane ont été visés par une attaque à Gao (nord), qui a fait quatre morts et une vingtaine de blessés civils, selon les autorités maliennes. L'armée française a fait état à Paris de quatre blessés dans ses rangs. Un autre attentat perpétré vendredi au Mali contre le QG de la force antijihadiste du G5 Sahel avait fait trois morts, dont deux militaires de cette force.

Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, qui avait promis samedi de "traquer les terroristes jusque dans leurs derniers retranchements", a déclaré lundi sur France 24 que les "forces armées (maliennes) ont repris du poil de la bête".

"Nous n'allons pas laisser le Mali aller à vau-l'eau, nous allons assumer nos responsabilités. Face à la menace jihadiste, si la barrière du Sahel devait céder, les rives de la Méditerranée seraient débordées", a-t-il dit.

Le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), principale alliance jihadiste du Sahel liée à Al-Qaïda, a revendiqué lundi l'attaque à Gao, sur le site du centre américain de surveillance des sites jihadistes SITE.

- "Ne pas baisser les armes " -

"Ce sont des attaques qui ne doivent pas nous faire baisser les armes", a déclaré dimanche à l'AFP le président du Niger, Mouhamadou Issoufou, qui préside le G5 Sahel.

M. Macron doit s'entretenir avec ses homologues du G5 Sahel de la lente montée en puissance de la force conjointe mise en place pour lutter contre les jihadistes

La France soutient ce projet, y voyant un possible modèle de prise en main par les Etats africains de leur propre sécurité.

Mais sa mise en oeuvre est pour l'instant marquée par les problèmes de financement et les accusations de violations des droits de l'homme par des soldats de la force conjointe.

Avant l'ouverture du sommet dimanche, le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, a appelé à plus d'efficacité dans la lutte antijihadiste: "Il y a encore énormément de failles" dans la sécurité qui doivent être "corrigées".

- "La Zlec, grand pas pour l'Afrique"-

Parallèlement aux questions de sécurité liées aux crises sur le continent, dont celles en République démocratique du Congo, au Sahara occidental, à la guerre civile au Soudan du Sud, les dirigeants africains discutent de la zone de libre-échange continentale (Zlec) qui pourrait représenter un marché de plus de 1,2 milliard de personnes.

44 pays sur 55 avaient en mars à Kigali signé l'accord sur la Zlec. Cinq nouveaux pays ont signé dimanche: l'Afrique du Sud, la Sierra Leone, la Namibie, le Lesotho et le Burundi.

En plus des quatre pays qui ont déjà ratifié l'accord (Ghana, Kenya, Rwanda, Niger), deux autres ont déposé leurs instruments de ratification auprès de l'UA, le Tchad et Eswatini (ex-Swaziland). Vingt-deux ratifications sont nécessaires pour l'entrée en vigueur de la Zlec.

"C'est un grand pas pour l'Afrique, vers l'intégration du continent, le développement économique et social. La Zlec va unifier le marché africain qui est actuellement un marché fragmenté", a souligné dimanche auprès de l'AFP le président du Niger.

- Francophonie-

La Francophonie s'est invitée à ce sommet avec la candidature du Rwanda pour diriger l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), après quatre ans de mandat de la Canadienne Michaëlle Jean, candidate à sa propre succession en octobre.

Avant l'ouverture, le président du Rwanda Paul Kagame avait fait savoir qu'il tenterait de s'assurer du soutien de ses pairs à la candidature de sa ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo.

Paris appuie cette démarche, qui permettrait de ramener la direction de l'OIF en Afrique.

"Nous allons nous aligner sur la position de l'Union africaine", a déclaré à l'AFP un responsable d'une délégation ouest-africaine.

Outre la lutte contre la corruption, thème principal du sommet, la réforme institutionnelle de l'UA, qui vise notamment à garantir son autonomie financière, figure au menu des chefs d'Etat.

AFP
Le 2 juillet 2018

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