CAREME 2019 - La période de jeûne du Carême débute ce mercredi 6 mars pour les chrétiens, jour du "mercredi des Cendres", au lendemain de Mardi gras. Dates, jeûne, prières... voici comment se présentent ces 40 jours.
Après Mardi gras, place au mercredi des Cendres ! Le mercredi des quoi ? Date du calendrier liturgique, ce jour de réflexion et de recueillement pour les catholiques (et non pour les orthodoxes), symbole de deuil et de pénitence, marque aussi le démarrage du carême 2019. 40 jours de jeûne et de prière vont s'ensuivre pour les croyants, jusqu'au fameux dimanche de Pâques. Une période qui commémore pour les fidèles les 40 jours de Jésus-Christ dans le désert. Encore aujourd'hui, le Carême reste pour les catholiques une manière de se préparer à la plus grande fête chrétienne : Pâques. Les dates de début des carêmes catholique et orthodoxe (deux courants de la religion chrétienne) sont différentes. Il débute ainsi à la date du "Lundi pur" du 11 mars 2019 chez les orthodoxes et les catholiques de rite byzantin, soit dans les Eglises d'Orient.

Voici les dates à retenir pour le Carême 2019 dans l'Eglise catholique : 

  • Fête du "Mi-carême", jeudi 28 mars 2019
  • Dimanche des Rameaux ouvrant la semaine sainte, dimanche 14 avril 2019
  • Jeudi Saint, Vendredi Saint et Samedi Saint les 18, 19 et 20 avril 2019
  • Dimanche de Pâques, dimanche 21 avril 2019
  • Lundi de Pâques férié le lundi 22 avril 2019

Signification du Carême 

Carême
"Temptation of Christ in the wilderness", Juan de Flandes (1496-1519), National Gallery of Art, Washington © SUPERSTOCK SUPERSTOCK / SIPA

Le Carême tire ses origines d'un épisode biblique : la tentation du Christ. D'après les Evangiles, peu après son baptême (vers l'âge de 30 ans), Jésus a passé quarante jours de jeûne dans le désert de Judée, à l'est de Jérusalem. Là, le Diable lui serait apparu pour le tenter. Ce sont les textes de Matthieu et Luc qui donnent le plus de détails sur cet évènement supposé. Après avoir passé cinq semaines de jeûne parmi les bêtes sauvages, Jésus-Christ est visité par Satan, qui lui fait trois propositions. D'abord, changer les pierres en pain pour soulager sa faim. Ensuite, le malin aurait proposé à Jésus de prouver sa nature divine en sautant du haut du Temple de Jérusalem et en se faisant rattraper par des anges. Enfin, au sommet d'une montagne, le Diable propose à Jésus de lui offrir tous les royaumes du monde en échange de sa soumission... Dans les trois cas, Jésus refuse de se laisser tenter.

L'Eglise catholique résume cet épisode et la tradition du Carême ainsi : "L'Eglise s'unit chaque année par les quarante jours du Grand Carême au mystère de Jésus dans le désert" (Catéchisme de l'Eglise catholique, n° 540). Toutefois, historiens et théologiens demeurent divisés sur la nature de l'événement : retraite réelle dans le désert ou parabole des tourments moraux du Christ ? Quelle que soit la "réponse", la période du Carême invite les chrétiens à se souvenir de cet épisode dans un esprit de retraite collective pendant un mois. Et ladite réflexion se poursuit jusqu'à la Semaine Sainte, période du souvenir de la mort puis de la résurrection du Christ pour les chrétiens (catholiques, orthodoxes, protestants...). Le Carême représente donc aussi pour les pratiquants chrétiens l'occasion de se préparer sereinement à célébrer les solennités pascales, via une purification de leur coeur ; ce qu'ils considèrent comme une bonne pratique de la vie chrétienne et une attitude de pénitence. 

Pour les chrétiens pratiquants, la période du Carême est marquée par une consommation réduite d'aliments qui contraste justement avec les carnavals, beignets et autres réjouissances d'avant le mercredi des Cendres. Mais le Carême correspond aussi et surtout à une recherche spirituelle. Car il va, pour les chrétiens, au-delà du simple jeûne alimentaire. Il s'agit d'une période de présence à soi, à Dieu et aux autres s'ajoutant à une nourriture frugale. Date de pénitence, le Carême commémore en effet des épisodes bien précis de l'existence de Jésus Christ tels que décrits par les évangiles (comme expliqué ci-dessus).

Etymologie du Carême

Le mot Carême tire ses racines de "Quadragesima". En latin, ce mot signifie "quarantième" : il rappelle la durée de cette période qui démarre au lendemain de Mardi Gras pour se terminer le Samedi Saint, veille de Pâques... Et dure pour rappel quarante jours, sans compter les dimanches. Chiffre revenant souvent dans la religion catholique, le 40 y symbolise le recommencement.

Dates du Carême

Le Carême est marqué par plusieurs dates importantes pour les chrétiens. A commencer par le Mercredi des Cendres, lendemain sévère de Mardi gras, ce jour mystérieux lors duquel le prêtre dessine une croix sur le front des fidèles et déclare : "Homme, souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière". Cette évocation symbolique de la mort existe depuis le VIe siècle. Dans leur représentation, les Cendres se rattachent toutefois à plusieurs phases de la relation du croyant au Christ : 1°la condition vulnérable de l'homme, en d'autres termes sa faiblesse, sa vanité et sa propension à commettre des pêchés ; 2°la prière intense de l'homme à Dieu pour que ce dernier lui vienne en aide ; 3°la résurrection à laquelle participe tout homme dans le cadre du "triomphe du Christ".

Le 4e dimanche du Carême - dit dimanche des Lætare (du latin "se réjouir") - est un autre de ces temps forts. Il s'agit d'un temps de pause dans l'austérité du Carême, où les célébrations retrouvent un aspect plus festif (fleurs, cloches, vêtements...). Objectif : laisser entrevoir aux fidèles les joies de Pâques.

Carême
Le Pape François célèbre le Dimanche des Rameaux et de la Passion au Vatican en 2018. © Maria Laura Antonelli / AGF / SIPA

En fin de Carême se produit un autre moment clé : la Semaine Sainte, commémorant la Passion du Christ. Elle s'ouvre une semaine avant Pâques, lors du Dimanche des Rameaux. Ce jour-là, dans le rite catholique, les fidèles apportent des rameaux (branches), qui sont bénis lors de la messe. Cette cérémonie est un hommage à l'entrée triomphale de Jésus dans Jérusalem : selon la Bible, le peuple l'avait alors salué avec des palmes.

La Semaine Sainte se poursuit lors du Jeudi Saint : dans les Evangiles, ce jour est celui de la Cène, dernier repas partagé entre Jésus et ses apôtres et première Eucharistie. Vendredi Saint est le jour de commémoration de la mort de Jésus-Christ. Il est d'usage de ne pas célébrer de messe, mais de suivre un chemin de croix (une procession rappelant les épisodes de la crucifixion). Samedi Saint est consacré au jeûne et à la réflexion. Le soir, les catholiques pratiquants se réunissent pour la veillée pascale. Cette nuit-là marque la fin du Carême et le début des célébrations de Pâques.

Règles du jeûne du Carême

Quelles sont les règles du jeûne du Carême pour les chrétiens ? Il s'agit pour les pratiquants de moins se nourrir et de se limiter à des aliments maigres (un repas par jour, frugal, à base de pain et de riz par exemple). A défaut, ils peuvent aussi se priver d'aliments représentant leurs pêchés mignons et faisant appel à leur gourmandise. Avant de démarrer cette parenthèse de frugalité sur plus d'un mois, la tradition religieuse veut que les réserves de nourriture soient vidées pour éviter le gaspillage : crêpes, beignets et autres douceurs sont ainsi dévorées au moment du Mardi Gras, la veille du début du Carême. 

Le jeûne du Carême se rattache aussi à une abstinence autre que strictement alimentaire : cigarette, alcool, café, smartphones ou autre écrans... Bref, les "efforts" doivent aussi concerner les addictions du quotidien. Objectif pour les pratiquants ? Consacrer davantage de temps aux autres. Des efforts qui prennent fin avec la Semaine Sainte, qui commémore pour les croyants la Passion du Christ.

Histoire du Carême

Le jeûne est une pratique religieuse très ancienne qui ne concerne pas que les chrétiens. Par exemple, elle est déjà signalée dans de nombreux passages de l'Ancien testament ou dans certains enseignement bouddhistes, et concerne aujourd'hui les musulmans, lors du Ramadan, et les juifs, à Yom Kippour. Si les apôtres ne commémorèrent pas la mort de Jésus en se privant de nourriture, la pratique s'installa chez les premiers chrétiens. C'est au IVe siècle que les célébrations de Pâques et du Carême sont formalisées par l'Eglise (pas encore découpée entre catholiques, orthodoxes et protestants) : dates et rituels se fixent progressivement dans l'Antiquité tardive et au Moyen-Âge. Beaucoup de croyants pratiquaient alors la xérophagie (consommation de pain et de fruits secs uniquement) et se privaient du repas du soir.

Dès la Renaissance, la relative sécularisation de la société occidentale et la relaxation des consignes données aux chrétiens ont rendu les pratiques plus souples. Le jeûne peut être remplacé ou complété par des bonnes actions ou des prières. Traditionnellement, il était d'usage de ne pas consommer de viande le vendredi, en souvenir du Vendredi Saint (jour de la crucifixion). Un usage qui demeure courant dans de nombreuses familles – y compris peu ou pas pratiquantes – en France comme ailleurs. Les protestants, eux, considèrent cette période comme un moment de réflexion où l'on doit se tourner vers le Christ, sans pour autant recommander de pénitence alimentaire. 

Par Andy David, internaute.com
Le 6 mars 2019

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