En pleine croissance, le marché africain de la défense et de la sécurité attire de plus en plus de sociétés du monde entier, comme le montre l'affluence au salon spécialisé Shield Africa d'Abidjan.

Armes, munitions, uniformes, blindés, drones, systèmes de communications et de surveillance, logiciels... Etats et sociétés privées peuvent trouver de tout à ce salon qui se tenait dans la capitale économique ivoirienne de lundi à jeudi, organisé par le groupe Coges, le promoteur d'Eurosatory en France, un des plus importants événements mondiaux de ce type.

"Le marché africain de la défense ne représente qu'une goutte d'eau par rapport au marché mondial : 42,6 milliards de dollars sur 1.731 milliards en 2017", explique à l'AFP le commissaire général de Shield Africa, Stéphane Konan, citant les chiffres de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI).

"Mais il est en croissance régulière et devrait augmenter de 50% sur les cinq prochaines années. C'est pourquoi les principaux fournisseurs de matériel de défense sont là", poursuit M. Konan, par ailleurs conseiller principal du ministre de la Défense ivoirien Ahmed Bakayoko.

Pour cette cinquième édition du salon, 142 exposants venus de 29 pays sont présents, ainsi qu'une cinquantaine de délégations officielles. Soit quatre fois plus que lors de la première édition en 2013, selon les chiffres fournis par l'organisateur. La précédente édition en 2017 avait accueilli plus de 3.200 visiteurs de 64 pays (chiffres 2019 non encore disponibles pour les visiteurs).

Etats-Unis, Chine, France, Israël... des sociétés de la plupart des grands pays fournisseurs d'armes sont présents sur le salon, mais il accueille aussi des acteurs de puissances moindres, tels que l'Afrique du Sud, la Turquie, la Biélorussie, la Corée du Sud, l'Australie.

"L'Afrique connaît une forte croissance économique, mais aussi de nouvelles menaces. C'est le continent qui a subi le plus d'attaques terroristes en 2017, les menaces sur l'environnement augmentent, comme le braconnage et la pêche illégale... si bien que les besoins en matière de défense et de sécurité s'accroissent", selon M. Konan.

- "Un vrai potentiel" -

PDG d'Asman Technology, une PME française, Eric Matysiak se félicite d'avoir monté un stand, pour la première fois, à Shield Africa.

"C'est un investissement, mais nous sommes très contents, nous avons noué des contacts avec de nombreux clients", explique M. Matysiak, qui a créé cette société spécialement pour le marché africain. Il dirige d'autres sociétés plus importantes qui fournissent l'Etat français.

Asman Technology propose des solutions de surveillance aérienne, avec un avion léger ou un drone embarquant des caméras, transmettant les images en temps réel à une station au sol. Un marché en plein développement, selon M. Matysiak, avec la problématique de la surveillance des frontières et du terrorisme au Sahel par exemple. La société vise une clientèle étatique : police, gendarmerie, services de renseignement.

Géant chinois de la défense avec une centaine d'usines et 300.000 employés, le groupe Norinco est également présent pour la première fois à Shield Africa.

"C'est pour nous une opportunité pour apprendre sur les besoins des clients africains", explique Bowen Guan, responsable marketing commercial, qui dit avoir reçu "beaucoup de visiteurs des ministères de l'Intérieur et de la Défense" de plusieurs pays.

Norinco, qui vend des chars, des blindés, de l'artillerie, des armements et du matériel de maintien de l'ordre notamment, fournit déjà 70% des pays africains, selon M. Guan, qui souligne "l'évolution de la situation sécuritaire et les turbulences croissantes dans certains pays", mais aussi "l'influence croissante de la diplomatie chinoise" sur le continent.

"Le marché africain a un vrai potentiel", estime aussi Asher Wash, dirigeant d'International Military Solutions, une petite société américaine de négoce de tout type d'armements, qui confie avoir noué de nombreux contacts pour sa première participation au salon.

 

AFP
Le 24 janvier 2019

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