Le nouveau président américain Joe Biden a affiché mardi sa fermeté lors de son premier échange avec son homologue russe Vladimir Poutine, malgré leur entente en matière de désarmement et les appels de Moscou en faveur d'une "normalisation" entre les deux puissances rivales.

Les relations américano-russes sont au plus bas depuis la fin de la Guerre froide, malgré les tentatives de rapprochement infructueuses de l'ex-président des Etats-Unis Donald Trump.

Son successeur Joe Biden se veut beaucoup plus offensif.

Paradoxalement, en raison d'un calendrier ultra-serré, ce nouveau chapitre s'ouvre sur une volonté de dialogue: le traité de limitation des armes nucléaires New Start, dernier accord bilatéral de ce genre, expire dans dix jours et Washington avait annoncé dès la semaine dernière vouloir le prolonger.

Lundi, le président Biden avait dit qu'il entendait à la fois avancer sur ce dossier urgent et hausser le ton sur les autres sujets.

Selon la Maison Blanche, les deux dirigeants ont "évoqué la volonté des deux pays de prolonger New Start pour cinq ans, et ont convenu de faire travailler leurs équipes de manière urgente pour une extension d'ici le 5 février".

Dès mardi matin, le Kremlin avait fait état de "contacts énergiques" en cours pour "finaliser la prolongation" qui "est dans l'intérêt des deux pays, comme du monde entier". Et Vladimir Poutine est aussitôt passé à l'acte en soumettant au Parlement un projet de loi pour entériner cet "accord de principe", s'il est confirmé par les deux pays.

Le démocrate américain s'est aussi dit prêt à "envisager des discussions en matière de stabilité stratégique sur une série de questions liées au contrôle des armements et à la sécurité". Il se démarque sur ce terrain de son prédécesseur républicain, qui n'avait pas réussi à reconduire New Start -- ou pas voulu le faire -- et s'était retiré d'autres traités.

Donald Trump avait notamment claqué la porte avec fracas de l'accord international sur le nucléaire iranien, dont Moscou est un des signataires.

- "Empoisonnement d'Alexeï Navalny" -

Le sujet, au menu de l'appel téléphonique, devrait aussi être assez consensuel, Joe Biden ayant promis de revenir dans cet accord. Mais les modalités risquent d'entretenir les tensions: la Russie a demandé au gouvernement américain de faire le premier pas, alors que les Etats-Unis exigent que ce soit l'Iran qui renoue d'abord avec ses engagements, dont il s'est partiellement affranchi.

Au-delà de ces sujets, le président américain a soulevé toutes les questions qui fâchent.

Il a ainsi "réaffirmé notre soutien ferme à la souveraineté de l'Ukraine face à l'agression persistante de la Russie", a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki.

Joe Biden a également fait part de sa "préoccupation" au sujet de "l'empoisonnement d'Alexeï Navalny", l'opposant russe arrêté le 17 janvier à son retour en Russie après une convalescence de cinq mois en Allemagne, ainsi que du "traitement des manifestants pacifiques par les forces de sécurité russes".

Il a ensuite évoqué, selon sa porte-parole, les "ingérences dans l'élection de 2020" aux Etats-Unis, la récente cyberattaque géante contre des ministères américains imputée par Washington à Moscou, et les informations selon lesquelles la Russie aurait payé des "primes" à des talibans pour tuer des soldats américains en Afghanistan. Autant de sujets minimisés par Donald Trump, malgré l'indignation générale qu'ils suscitent dans la classe politique américaine.

"Le président Biden a dit clairement que les Etats-Unis agiront avec fermeté pour défendre nos intérêts nationaux face aux actes de la Russie qui nuiraient à nous ou nos alliés", a ajouté la Maison Blanche dans un communiqué.

Dans un appel distinct avec le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, il a appelé au "renforcement de la sécurité transatlantique" et s'est engagé à "travailler avec les alliés", notamment pour contrer la Russie.

Comme il le fait régulièrement, Vladimir Poutine a de son côté dit soutenir "une normalisation des relations entre la Russie et les Etats-Unis", qui selon lui "répondrait aux intérêts des deux pays mais aussi de ceux de toute la communauté internationale, étant donné leur responsabilité particulière dans le maintien de la sécurité et de la stabilité dans le monde", a rapporté la présidence russe.

sms-fff/cjc/AFP
Le 26 janvier 2021

Commentaires: 0