En séance, un député a plaidé en faveur de la légalisation des clandestins pour faire face à la crise de main-d'œuvre dans le secteur agricole. Aziz Zemouri.
Le 15 mai, au cours du débat sur les mesures urgentes liées à la crise sanitaire que le Parlement a votées depuis, l'amendement proposé par l'ex-député LREM M'Jid el-Guerrab visant à la régularisation de 300 000 sans-papiers a pris de court le gouvernement. Outre ses arguments économiques, le parlementaire a fait réagir le ministre de l'Intérieur, assis sur le banc des ministres, lorsqu'il a tenté de le toucher au cœur.

« J'en appelle à votre humanité, Monsieur le Ministre », lance M'Jid el-Guerrab, député des Français de l'étranger, dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale à l'adresse de Christophe Castaner, qui n'apprécie guère de recevoir «des leçons d'humanisme ». «L'humanité n'est jamais celle qu'on fait payer aux autres, fait savoir après coup un proche du ministre. Elle est aussi personnelle et ne se déclame pas sur un banc ! »
En réalité, du point de vue de l'élu, il s'agit moins d'humanisme que de faire face à la réalité économique post-confinement de notre pays. C'est pourquoi le député propose la régularisation provisoire et renouvelable des sans-papiers installés en France, titulaires d'une promesse d'embauche ou d'un contrat de travail dans l'agriculture, un secteur économique déclaré en pénurie de main-d'œuvre.

80 000 à 100 000 travailleurs saisonniers par mois

La proposition, indique l'élu, fait suite aux interventions médiatiques de Didier Guillaume, le ministre de l'Agriculture, qui a appelé les Français, dans un premier temps, à venir aider les agriculteurs. Puis le 13 mai sur RTL, il a précisé sa pensée : « Nous avons besoin de travailleurs étrangers. Il y a des métiers où il faut de la formation, Nous avons besoin de cette main-d'œuvre parce qu'elle vient chaque année. Elle est formée. Pour tailler dans les vignes, il faut être formé. Maintenant, on a besoin de 80 000 ou 100 000 travailleurs saisonniers par mois. »

De même, Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, avait appelé plus tôt à soutenir la filière. Les agriculteurs « ont besoin de bras pour continuer la récolte des fruits et des légumes en France ». «  Les producteurs ont besoin de vendre leurs produits maintenant et c'est, pour certains, une saison très courte.  »

 

En dépit des besoins, l'amendement a été rejeté par le rapporteur du projet de loi. «  Régulariser 300 000 personnes par un simple amendement, ce n'est pas sérieux », dit-on à Beauvau, où le procès en « humanisme » reste en travers de la gorge : «  Nous avons été moteur dans l'accord de la Valette de septembre 2019 sur le débarquement des migrants secourus en Méditerranée. Cela a été salué par Amnesty International en son temps ! »


lepoint.fr
Le 18 mai 2020

Commentaires: 1
  • #1

    silla (mardi, 19 mai 2020 07:22)

    je suis pour la regulisation de tous les San papier sans exception