Un millier de femmes de l'opposition guinéenne ont occupé jeudi une autoroute urbaine de la capitale Conakry pour protester contre les violences policières meurtrières lors de manifestations et réclamer une révision des résultats des récentes élections locales officiellement remportées par le pouvoir.

Un jeune homme de 25 ans, Mamadou Saïdou Diallo, blessé par balle mercredi à Conakry par un gendarme lors d'une manifestation, a succombé dans la nuit, a indiqué jeudi sa famille. Son décès porte à trois morts le bilan des manifestations de mercredi qui ont également fait une quinzaine de blessés, selon des sources hospitalières. Sollicité par l'AFP, un porte-parole du gouvernement n'a pas souhaité commenter ces informations.

Selon l'opposition, les manifestations politiques ou sociales en Guinée ont fait 93 morts depuis l'élection du président Alpha Condé en 2010, dont une douzaine depuis les scrutins locaux du 4 février, officiellement remportés par le parti au pouvoir, le RPG.

Un milliers de femmes vêtues de rouge et de blanc ont envahi jeudi matin l'autoroute Le Prince, qui traverse Conakry. En tête du cortège se trouvait Halimatou Dalein Diallo, l'épouse du chef du principal parti de l'opposition, Cellou Dalein Diallo, selon un correspondant de l'AFP.

Les manifestantes, qui contestent la victoire du RPG et exigent un nouveau comptage de bulletins du scrutin du 4 février, scandaient des slogans tels que "Stop aux tueries ciblées" ou "Non à la barbarie policière".

"Nous voulons dire à Alpha Condé +Stop au massacre des démocrates+, nous sommes à la 93e victime de son régime", a déclaré à l'AFP une député de l'opposition présente à la manifestation, Fatoumata Tata Bah.

Le chef du groupe parlementaire du parti au pouvoir, Amadou Damaro Camara, a accusé mardi l'opposition de tenter de "déstabiliser le régime d'Alpha Condé".

Malgré ces tensions politiques persistantes, le front social a connu une accalmie avec la conclusion dans la nuit de mardi à mercredi d'un accord mettant fin à la grève des enseignants qui avait donné lieu à des manifestations depuis le 12 février. Les cours devraient en principe reprendre lundi prochain.

Les organisations de défense des droits de l'homme dénoncent régulièrement le lourd bilan de victimes lors des manifestations en Guinée.

"Jusqu'à présent, aucune des investigations menées dans le cadre des violences commises au cours de manifestations n'a conduit à un procès", avaient déploré en mars 2017 plusieurs de ces organisations, dont la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH).

AFP
Le 15 mars 2018

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