ENVIRONNEMENT Le guinéen UMS est en bonne place pour reprendre Alteo, et prévoit l’arrêt de l’importation de bauxite génératrice de pollution sur place. Une perspective qui ne réjouit ni les associations environnementales, ni les salariés.

 

  • Ce dernier prévoit de ne plus importer la bauxite, dont le stockage des résidus a fait scandale, notamment en raison du rejet de « boues rouges ».
  • Outre les suppressions d’emploi qu’elle indut, cette décision inquiète paradoxalement les associations environnementales, puisqu’elle déplacerait le problème vers un autre endroit du globe

L’avenir d’Alteo se dessine peu à peu… sans «boue rouge» à Gardanne. Après une année de redressement judiciaire, des incertitudes, des dizaines de repreneurs potentiels qui s’étaient manifestés, l’usine des Bouches-du-Rhône, rendue tristement célèbre par ce scandale environnemental, n’a désormais plus qu’un repreneur potentiel. Ce mardi, au tribunal de commerce de Marseille, seul en effet restait en lice l’offre du groupe de logistique implanté en Guinée United Mining Supply (UMS) pour reprendre l’usine qui transforme la bauxite, une roche rouge importée notamment de Guinée, en alumine de spécialité utilisée dans la fabrication des écrans de smartphones ou encore dans l’industrie automobile.

Or, le projet d’UMS, propriété de l’homme d’affaires franco-libano-guinéen Fadi Wazni, prévoit la reprise d’une partie de la dette d’Alteo, et, au terme d’une transition de 12 à 18 mois, l’arrêt du procédé dit Bayer. En effet, Alteo jusqu’ici importait la bauxite, dont le stockage des résidus faisait l’objet de critiques sur le plan environnemental. Après avoir rejeté ses résidus sous forme de boues rouges dans la Méditerranée, Alteo stockait désormais les résidus de bauxite, une fois dépollués, sur des terrains à ciel ouvert sur la commune voisine de Bouc-Bel-Air, sur le site de Mange-Garri, au grand désarroi de certains habitants qui déplorent notamment l’envol des poussières et redoutent la pollution des nappes phréatiques.

Dans le projet d’UMS, Alteo n’importerait plus que de la poudre brute d’alumine produite en Guinée qu’il raffinerait sur place, s’épargnant ainsi de devoir stocker les résidus de bauxite sur le site de Gardanne, et, par la même occasion, des polémiques et des efforts pour se mettre en conformité avec des normes locales exigeantes sur le plan environnemental.

« On a jamais voulu opposer emploi et environnement »

« L’arrêt du procédé Bayer, pour nous, c’est un crève-cœur, souffle Bruno Arnoux, secrétaire du CSE d’Alteo. Ça fait plus de 120 ans que c’est sur Gardanne. Notre usine avait fait des efforts colossaux en matière environnementale. Mais les polémiques ont joué en notre défaveur, c’est certain ! On aurait eu plus d’industriels qui gardaient le procédé Bayer, sans ce vacarme. C’est comme ça. On n'a jamais voulu opposer emploi et environnement, nous… »

En effet, faute d’aide de l’Etat, Xavier Perrier, ancien directeur de l’usine, propriétaire de l’entreprise chimique Kem One, et dernier repreneur face à l’offre guinéenne, s’est retiré au dernier moment. « La question des boues rouges a "hystérisé" les débats malheureusement au détriment de l’emploi et du PIB de la région », a-t-il regretté à la barre, estimant que la polémique avait porté préjudice à ses demandes auprès de l’Etat.

Cette décision n’est en effet pas sans conséquence sur le plan économique, pour cette usine qui génère 400 emplois indirects, ce qui en fait un des plus gros employeurs de la zone d’Aix-en-Provence. Cette évolution aboutirait à la suppression de 98 emplois au maximum principalement centrés sur la transformation de la bauxite. « On va tout faire pour que la transition se passe bien, et qu’on est le moins de licenciement possible, espère Bruno Arnoux. Mes collègues aujourd’hui attendent surtout des garanties en la matière. »

« C’est pas mieux »

Surtout, cet arrêt est loin de calmer les angoisses des associations environnementales, qui craignent de voir le problème se déplacer, malgré une promesse du repreneur guinéen de faire de l’aluminium « plus propre ». « C’est juste une promesse, ce qu’il propose surtout c’est d’envoyer la partie rouge en Guinée et de balancer les boues rouges en mer africaine, s’agace sur les ondes de France Bleu François-Michel Lambert, le député écologiste de secteur. Est-ce que c’est ça être plus propre ? »

 

« Nous, nous avons jamais été pour la fermeture du site d’Alteo à Gardanne, abonde Pierre Aplincourt pour France Nature Environnement Paca. En maintenant l’activité sur le site de Gardanne, nous avions, nous, les associations environnementales, possibilité de faire pression sur l’industriel pour qu’il respecte les normes environnementales françaises. Maintenant, il faut qu’on ait des garanties pour que la production de bauxite respecte des normes environnementales équivalentes à ici ! Si c’est pour balancer les boues rouges d’Alteo en Méditerranée ou ailleurs dans le monde, c’est pas mieux… » Une question qu’abordera peut-être le tribunal de commerce de Marseille le 7 janvier prochain, au moment de rendre sa décision définitive.

« On a jamais voulu opposer emploi et environnement »

« L’arrêt du procédé Bayer, pour nous, c’est un crève-cœur, souffle Bruno Arnoux, secrétaire du CSE d’Alteo. Ça fait plus de 120 ans que c’est sur Gardanne. Notre usine avait fait des efforts colossaux en matière environnementale. Mais les polémiques ont joué en notre défaveur, c’est certain ! On aurait eu plus d’industriels qui gardaient le procédé Bayer, sans ce vacarme. C’est comme ça. On n'a jamais voulu opposer emploi et environnement, nous… »

En effet, faute d’aide de l’Etat, Xavier Perrier, ancien directeur de l’usine, propriétaire de l’entreprise chimique Kem One, et dernier repreneur face à l’offre guinéenne, s’est retiré au dernier moment. « La question des boues rouges a "hystérisé" les débats malheureusement au détriment de l’emploi et du PIB de la région », a-t-il regretté à la barre, estimant que la polémique avait porté préjudice à ses demandes auprès de l’Etat.

Cette décision n’est en effet pas sans conséquence sur le plan économique, pour cette usine qui génère 400 emplois indirects, ce qui en fait un des plus gros employeurs de la zone d’Aix-en-Provence. Cette évolution aboutirait à la suppression de 98 emplois au maximum principalement centrés sur la transformation de la bauxite. « On va tout faire pour que la transition se passe bien, et qu’on est le moins de licenciement possible, espère Bruno Arnoux. Mes collègues aujourd’hui attendent surtout des garanties en la matière. »

« C’est pas mieux »

Surtout, cet arrêt est loin de calmer les angoisses des associations environnementales, qui craignent de voir le problème se déplacer, malgré une promesse du repreneur guinéen de faire de l’aluminium « plus propre ». « C’est juste une promesse, ce qu’il propose surtout c’est d’envoyer la partie rouge en Guinée et de balancer les boues rouges en mer africaine, s’agace sur les ondes de France Bleu François-Michel Lambert, le député écologiste de secteur. Est-ce que c’est ça être plus propre ? »

« Nous, nous avons jamais été pour la fermeture du site d’Alteo à Gardanne, abonde Pierre Aplincourt pour France Nature Environnement Paca. En maintenant l’activité sur le site de Gardanne, nous avions, nous, les associations environnementales, possibilité de faire pression sur l’industriel pour qu’il respecte les normes environnementales françaises. Maintenant, il faut qu’on ait des garanties pour que la production de bauxite respecte des normes environnementales équivalentes à ici ! Si c’est pour balancer les boues rouges d’Alteo en Méditerranée ou ailleurs dans le monde, c’est pas mieux… » Une question qu’abordera peut-être le tribunal de commerce de Marseille le 7 janvier prochain, au moment de rendre sa décision définitive.

20 minutes.fr
L
e 10 décembre 2020

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