ACTU. Le processus de transition au Mali est bien en marche mais le clair-obscur de la charte de la transition à propos de l'intérim en cas d'empêchement du président est source de fortes interrogations.

Après la désignation d'un Président civil, Bah N'Daw à la tête du pays et d'un Premier ministre civil, Moctar Ouane, le Mali est entré de plein pied dans la transition en publiant, jeudi 1er octobre, la charte qui va organiser la transition des 18 prochains mois. Dans le texte final, l'épineuse question du remplacement du président intérimaire n'est plus mentionnée alors qu'elle cristalise les tensions dans le pays depuis plusieurs jours. En réalité celui qui est directement visé est le colonel Assimi Goïta. S'il était question qu'il puisse remplacer le président dans la transition qui vient de s'ouvrir en cas d'empêchement de ce dernier, le sujet a été évacué. Ce geste, s'il en est un, sera t-il la clé pour lever définitivement les sanctions qui pèsent contre le Mali ? Le débat a secoué le Mali ces derniers jours. Dans tous les cas, le représentant de la Cédéao au Mali, Hamidou Boly, a indiqué que les sanctions pourraient être levées rapidement, « parce qu'il y a eu des actions majeures » de la junte en direction de la Cédéao. « Peut-être que dans les heures ou les jours à venir, dès que la charte sera publiée, nous allons lever les sanctions », a-t-il dit à la radio de l'ONU au Mali, Mikado FM, sans pour autant préciser si l'abandon de cette prérogative du vice-président était attendu.

 

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Transition : la charte en question

D'après l'Agence France Presse, aucune version finale de cette charte n'avait été publiée avant jeudi, bien qu'elle ait servi vendredi dernier à fonder l'investiture du président, Bah Ndaw, et du vice-président de transition, le colonel Goïta. Au moins une version officieuse que l'AFP dit avoir consultée disposait que le vice-président remplaçait le président en cas d'empêchement de ce dernier. Cette disposition alarmait la Cédéao, inquiète que la junte ne s'en serve pour refaire main basse sur une transition dans laquelle elle joue déjà un rôle prééminent. Elle en exigeait la suppression et réclamait la publication de la charte, indique l'agence française.

 

En tout cas, le texte publié jeudi au Journal officiel est clair : « le vice-président est chargé des questions de défense et de sécurité », dit son article 7, sans mention d'une prérogative de remplacement du président. La charte assigne pour objectifs à la transition, d'abord, le rétablissement de la sécurité sur tout le territoire, dont les deux tiers échappent au contrôle du pouvoir central, ensuite « le redressement de l'Etat » et l'organisation d'élections générales.

 

La durée de la transition est fixée à 18 mois, selon le texte, qui dispose que le président et le vice-président ne seront pas éligibles à la présidentielle et aux législatives à la fin de la transition. La charte prévoit la création d'un organe législatif de 121 membres. Elle stipule que les putschistes du 18 août "bénéficient de l'immunité" et ne peuvent être arrêtés pour leur implication dans ces événements.

 

Assimi Goïta, une épine dans le pied de la transition ?

Mais ces derniers jours c'est le rôle du colonel Assimi Goïta qui faisait débat. En effet, il faut rappeler que le colonel Assimi Goïta avait été "proclamé" chef de l'État depuis la publication par le CNSP d'un texte publié sous le nom d'acte fondamental au Journal officiel le 27 août. Désormais vice-président du Mali, Assimi Goïta inquiète aussi à cause de son parcours et de son rôle au coeur de cette transition bicéphale civilo-militaire. « Gestion de la transition au Mali : Assimi Goïta outrepasse-t-il ses missions ? » s'interroge le site Malijet. « D'ores et déjà, certains observateurs ne digèrent pas le fait que le vice-président assiste aux audiences du président de la transition. Assimi Goïta a été aperçu à Koulouba aux côtés de Ba N'Daw lors des audiences que ce dernier a accordées en début de semaine aux Ambassadeurs de France, de Chine et de la Suisse au Mali », explique en détail le média malien. « En attendant de trouver la réponse, nombreux sont les Maliens qui estiment que le vice-président de la transition chargé des questions de Défense et de sécurité, Assimi Goïta a sa place sur le terrain », fait remonter Malijet.

 

Qui est Assimi Goïta ?

C'est un colonel de 37 ans, fils d'un officier de l'armée de terre. Il commandait jusqu'au 18 août le Bataillon autonome des forces spéciales et des "Centres d'aguerrissement", selon un communiqué de la junte. Père de trois enfants, sorti des meilleures écoles militaires du Mali, il a complété sa formation au Gabon, en Allemagne et aux Etats-Unis. Ayant choisi l'armée de terre, spécialité armes blindées et cavalerie, il a été déployé dans le nord du Mali (Gao et Kidal) de 2002 à 2008. Il a ensuite dirigé la lutte contre les "groupes terroristes armés" et les narco-trafiquants le long de la frontière avec l'Algérie (2008-2010), puis a participé à plusieurs opérations dans le grand nord du Mali. Il a ensuite occupé des fonctions au sein de l'état-major malien, puis a été détaché auprès du ministère de la Défense après l'attentat contre l'hôtel Radisson Blu de Bamako (22 morts en 2015). Le colonel Goïta a aussi été engagé en opérations extérieures au Darfour et a été décoré par la France et l'ONU. Depuis le début du bras de fer avec les voisins du Mali, l'homme au parcours très opérationnel fait peur. Son style tranche, sa parole est rare, en rupture avec la manière de faire habituelle d'un putschiste installé à la tête d'un pays. Depuis le 18 août, jour où ses hommes sont allés arrêter les principaux dirigeants nationaux, pas grand-monde n'accepte de parler de lui. « Personne ne sait trop sur quel pied danser en ce moment », dit un haut fonctionnaire.

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La junte peut peser dans la formation du futur gouvernement

Avec un colonel-major à la retraite au poste de président de transition, le chef de la junte à celui de vice-président, un certain nombre de militaires attendus à des postes clés au sein du gouvernement en gestation et des représentants dans le futur organe législatif, la junte conserve une emprise considérable sur la transition. Cela n'est pas nécessairement vu d'un mauvais oeil par les Maliens. Ils ont accueilli le putsch plutôt favorablement et une partie invoque le temps et l'autorité nécessaires pour créer les conditions d'un redressement dans un pays au bord du gouffre.

La Cédéao, elle, s'inquiète d'une instabilité encore accrue dans un Sahel déjà gagné par la propagation djihadiste et du mauvais exemple régional donné par une junte installée au pouvoir. Toutes les conditions exigées par l'organisation ouest-africaine ne sont pas encore satisfaites. Elle a aussi réclamé la dissolution de la junte et la libération des personnalités civiles et militaires arrêtées lors du putsch et toujours détenues.

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Par Le Point Afrique.

Le 5 octobre 2020


Guinée: l’ancien ministre Gassama Diaby à la tête d’un mouvement citoyen
 

L’ancien ministre des droits de l’homme, de l’unité nationale et de la Citoyenneté, Khalifa Gassama Diaby, veut aller à l’affront pour libérer son peuple. Plus d’un an après qu’il ait été débarqué du Gouvernement d’Alpha Condé, Gassama annonce la mise en place d’un Mouvement Citoyen qu’il aura la charge de conduire.

« Je suis déterminé à m’engager avec un Mouvement Citoyen pour réclamer qu’on respecte ce peuple. Et cela comme dès aujourd’hui. J’en appelle à tous les patriotes de ce pays, d’où qu’ils soient » a annoncé l’ancien ministre chez nos confrères des GG d’Espace FM.

Le Mouvement portera le nom  » Dignité et Respect pour le peuple (DRP). Il voit jour à quelques semaines de la tenue de l’élection présidentielle opposant Alpha Condé (président sortant qui brigue un troisième mandat), et 11 autres candidats dont son principal challenger Cellou Dalein Diallo.

Au-delà des critiques acerbes contre la Gouvernance actuelle, mais aussi des propos à relent ethnique des hommes politiques, Khalifa Gassama Diaby estime que l’Etat a échoué dans sa mission. D’ailleurs, insiste-t-il  » Il n’y a plus d’Etat en République de Guinée ».

C’est pourquoi, dira-t-il à nos confrères des Grandes Gueules, pour éviter le pire dans le pays,  »Il faut une transition en République de Guinée », pour ajoute-t-il, empêcher la candidature du président Alpha Condé de prospérer.

Mais comment compte-t-il réussir sa mission? C’est là la grosse interrogation, surtout que les deux principales forces politiques du pays (RPG-UFDG) sont au cœur de la présidentielle du 18 Octobre prochain à travers la campagne électorale qui sera close le 17 octobre sur l’ensemble du pays.

 

Lu sur reeveilguinee

 

Le 5 octobre 2020

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