Le plagiat dont s’est rendu coupable le président de l’Assemblée nationale lors de son discours de clôture, le juillet 2020, de la session spéciale du parlement, ce confrère l’a très mal vécu. Pour lui, au-delà de la personne d’Amadou Damaro Camara, eu égard au statut qui est le sien, c’est la Guinée toute entière que cette attitude aura humiliée par la même occasion. La Guinée, un pays pourtant plutôt jaloux de son image, depuis un certain 28 septembre 1958.

Guinéen et fier de l’être, je ne pouvais en croire mes oreilles lorsque j’ai lu dans la presse, entendu et visionné à plusieurs reprises la vidéo du discours du président de l’Assemblée nationale livré le 4 juillet 2020 comparé à celui prononcé le 7 mai 1996 devant les députés français au Palais-Bourbon par feu le roi Hassan II du Maroc.

Je n’aurais jamais cru voir un tel rocambolesque exercice venir d’un digne représentant d’un peuple de Guinée, fier de son histoire et jaloux de son indépendance. Mais là, je suis tombé des nues. Moi je trouve incroyable qu’un président de l’Assemblée nationale de Guinée se permette un tel plagiat.

Je trouve aussi inconcevable qu’on veuille me dire que c’est la faute au cabinet du président de l’Assemblée nationale qui en serait l’auteur ou encore parce qu’un certain ambassadeur d’un pays voisin du Maroc devrait être reçu en audience au Parlement et que c’est en l’honneur duquel le président Amadou Damaro Camara aurait fait le choix de ne pas citer nommément le roi Hassan II. Tout comme je ne pourrai comprendre qu’un discours solennel même rédigé par un nègre malhonnête, fût-il le plus déloyal prête-plume des cabinets que compte la Guinée, entache de cette manière l’honorabilité de la deuxième institution de la République.

Comme en toute bonne ou mauvaise occasion, il y a un seul qui endosse la responsabilité, alors le chapeau est à faire porter au président de l’Assemblée de la 9ème législature de la République de Guinée.

Par son acte du 4 juillet, le dauphin constitutionnel qu’est le président Amadou Damaro Camara s’est montré particulièrement indigne de porter l’écharpe de digne représentant du peuple de Guinée. C’est lui qui a foulé au pied les principes élémentaires de l’honnêteté intellectuelle.

De son style naturellement grandiloquent de donneur de leçons aux autres, le président Amadou Damaro Camara s’est invité dans un gâchis qui dissimule une ignorance naturelle en plagiant le roi Hassan II.

Il ne s’est même pas donné la peine de citer nommément le roi des marocains, auteur de la partie magistrale du discours qu’il a lu à la clôture de la première session spéciale de l’Assemblée nationale issue du double scrutin du 22 mars 2020.

Pour cela, il s’est déclaré être l’ennemi de la probité morale et du manque de conscience éthique. Car, en ne citant pas feu le roi Hassane II, le président Amadou Damaro se déstabilise lui-même pour porter les habits du roi qu’il n’est pas.

C’est pourtant connu. Quand on reprend un auteur, qui qu’il soit, de quelques manières et en quelques circonstances que ce soit, même avec l’autorisation préalable de celui-ci, on le cite. Ceci est un principe élémentaire que tout rédacteur de discours, d’article scientifique ou de presse doit respecter.

Cela dit, contrairement à ceux de certains de ses prédécesseurs, le discours de président du Parlement guinéen est indécent voire impropre à proposer à un étudiant en droit. 

Il n’y a même pas à se demander si le président Amadou Damaro Camara ne se déshabille pas lui-même. Lui, premier responsable d’une institution aussi importante que celle du Parlement, qui devait être la référence en matière probité, mais qui préfère s’approprier des discours qui ne l’appartiennent pas. Il devient simplement un routinier en la matière, un habitué des faits.

En ce qui nous concerne, nous guinéens, c’est une leçon qui nous tombe sur la tête, de manière brutale mais qui, sans doute, va angoisser dans l’avenir tous les candidats à ce genre de pratique.

Il est donc temps de faire un travail d’explication pour de véritables débats autour de la sauvegarde de l’image de marque de notre Assemblée nationale, car la culpabilisation du premier responsable de cette institution dans cette affaire de plagiat est tellement insupportable que l’on se demande si l’honorable Amadou Damaro mérite de conserver son écharpe, son fauteuil et son marteau de président de l’Assemblée nationale guinéenne.

 Ibrahima Diallo Journaliste et Écrivain
ledjely.com
Le 11 juillet 2020

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