Vladimir Poutine et son pays jouent gros. La Russie devient à partir de ce jeudi le centre de la planète football et, d’une certaine manière, le centre du monde. Sera-t-elle à la hauteur des défis qui l’attendent ?
Des bénévoles anglophones tous les cinq mètres à l’aéroport Cheremetievo, un dernier coup de peinture à la hâte, des fans qui envahissent la ville… Moscou s’est enfin mise à l’heure du Mondial.
Sur la place Rouge, on a croisé ce mardi des sombreros mexicains, des cornes de Viking danoises, des masques incas du Pérou, des Iraniennes qui défilent à tête découverte et des maillots rouges de l’Egypte floqués Salah, évidemment. Le tout dans un périmètre encadré par des portiques de sécurité et des policiers qui assurent une circulation à sens unique.
Dans les coulisses du stade Loujniki, où aura lieu la cérémonie d’ouverture ce jeudi, on s’affairait encore pour préparer le stade et répéter un spectacle en l’honneur de la Russie de Vladimir Poutine.
Quel est le niveau de l’équipe de Russie ?
La Sbornaya, l’équipe nationale russe, aborde la compétition escortée par trois nuls et quatre défaites, série en cours, et pointe au 70e rang du classement Fifa. Le plus mauvais des 32 équipes engagées dans la compétition. Le principal objectif consistera à éviter une élimination honteuse au premier tour.
« Sortir de ce groupe où figurent l’Arabie Saoudite, l’Egypte et l’Uruguay est une question d’honneur pour la Russie, estime Vincent Tanguy, spécialiste du football russe pour le site Footballski. Les médias locaux sont assez partagés entre les carences de l’équipe et l’élan patriote. » Ces derniers jours, une union sacrée semble avoir été décrétée, notamment par le biais d’anciens joueurs.
Quelles menaces sur le Mondial ?
Ici comme ailleurs, le risque terroriste est réel. L’Etat islamique a en effet déployé ses tentacules jusque dans les anciennes républiques de l’Union soviétique et la Russie, engagée militairement ses dernières années en Syrie en soutien au régime de Bachar Al-Assad, représente une cible évidente.
En avril 2017, un attentat revendiqué par l’EI a notamment frappé le métro de Saint-Pétersbourg, faisant treize morts. Pour faire face à la menace, les autorités locales ont imposé des standards de sécurité élevés aux abords des stades de la Coupe du monde. Une double palpation est ainsi prévue ainsi qu’un passage dans les portiques de sécurité. Reste à vérifier que ces règles résistent aux impératifs de fluidité.
Hooliganisme et racisme, comment faire face ?
Plusieurs nations présentent des supporteurs susceptibles de créer des troubles à l’ordre public. Pas la France a priori, mais plutôt l’Angleterre, l’Allemagne, la Serbie, la Croatie et la Pologne. Ces pays seront observés à la loupe, à plus forte raison en cas de confrontation directe à partir des huitièmes de finale.
Quant à la menace incarnée par les hooligans russes, présents en force à Marseille lors du dernier Euro à l’occasion d’un match contre l’Angleterre, elle est prise au sérieux par les autorités locales. Mais les méthodes des forces de sécurité russes sont déjà un facteur dissuasif. Autre enjeu pour les organisateurs locaux, la prévention d’éventuels cris racistes dans les tribunes.
« Ce serait formidable que rien de tel ne se produise, veut croire l’Italien Pierluigi Collina, président de la commission de l’arbitrage à la Fifa. Mais si tel était le cas, il y a une procédure en trois étapes que les arbitres connaissent très bien (NDLR : premier message au public, puis arrêt momentané en cas de récidive et, enfin, arrêt définitif). »
D’où viendront les supporteurs ?
Près de 2,5 millions de billets ont été vendus pour ce Mondial, dont un tiers auprès du public russe. Le premier pays étranger représenté serait les Etats-Unis, selon les statistiques de la Fifa, avec près de 88 000 billets achetés depuis le territoire américain.
Une chose est sûre, les Brésiliens, les Colombiens et les Péruviens se déplacent en grand nombre. Adversaires des Bleus le 21 juin, le Pérou devrait bénéficier du soutien d’environ 15 000 supporteurs. A titre de comparaison, les Français ne seront que 2 500 dans les tribunes du stade d’Ekaterinbourg le 21 juin. Selon la FFF, 12 000 supporteurs des Bleus sont attendus lors du premier tour et, si la France poursuit son parcours jusqu’en finale, 17 000 Français pourraient franchir la frontière russe.
Yves Leroy, Bertrand Métayer et Ronan Folgoas, nos envoyés spéciaux en Russie,LeParisien.fr
Le 13 juin 2018

Écrire commentaire

Commentaires: 0