Le ministre algérien de l’Intérieur, Noureddine Bédoui, est en visite officielle à Conakry. Une visite de 72 heures. Le ministre algérien est arrivé lundi, ce mardi, Noureddine Bédoui a rencontré son homologue guinéen Abdoul Kabèlé Camara. Au centre des discussions, le dossier migratoire principalement. Alger expulse régulièrement des Subsahariens depuis 2014, année du démarrage d'une vaste opération dénoncée par à la fois par les associations de droits de l'homme et plus discrètement par les autorités des pays sahéliens concernés.

Depuis 2014, pour le Niger seul, les Nations unies avancent le chiffre de 28 000 rapatriements. En très grande partie des migrants dits illégaux. D'autres ont des visas valides.

La plupart d'entre eux vivent dans une situation de très grande précarité. « De la mendicité », avait dit un jour Brigi Rafini, le Premier ministre du Niger. Mais ils ne sont pas seulement Nigériens, aussi Burkinabè, Béninois, Maliens, Ivoiriens, Sénégalais, Guinéens, comme ce Guinéen que nous appellerons Boubacar. Il témoigne d'un racisme ordinaire, quotidien.

« Quand vous êtes dans un bus assis, aucun Algérien ne va accepter d’être votre voisin. Le siège qui est à côté de vous va rester vide jusqu’à votre destination. Cela est une vérité, c’est ce que j’ai vu et ce que j’ai vécu », rapporte-t-il.

Moumen Khelil, le secrétaire général de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), dénonce ces expulsions massives, contraires aux engagements internationaux d'Alger. « Il y a, oui, un racisme qui ne dit pas son nom, mais je ne confondrai cependant pas,affirme-t-il, le racisme des institutions, notamment les pratiques policières, avec la majorité des Algériens. Nous savons nous même ce qu'est l'exode migratoire, nous l'avons vécu, nous le vivons en Europe. »

Une visite chargée pour Noureddine Bedoui

C’est donc une visite chargée qu’effectue en ce moment le ministre algérien de l’Intérieur. Après les ministères de la Sécurité et des Affaires étrangères, Noureddine Bedoui a été aussi reçu par le ministre de l’Administration, du territoire et de la décentralisation. Partout il a été question de coopération, de formation, d’échanges d’expériences, de décentralisation et de jumelage. « Il y a la commission mixte qui s’était réunie il y a de cela une année, à Alger, qui ne s’était pas réunie depuis plusieurs décennies. Elle avait recommandé de relancer la coopération algéro-guinéenne », a déclaré Noureddine Bedoui.

Le ministre algérien de l’Intérieur va tirer profit de cette visite à Conakry pour hisser haut la coopération entre les deux pays. « Je suis très confiant de ce qui va naître de cette rencontre et je suis très optimiste par rapport à l’avenir des relations de nos deux pays. Et nous allons tout faire pour faire hisser ces relations au niveau attendu par nos deux dirigeants », a-t-il poursuivi.

Une relation de confiance mutuelle

Partout il a été aussi question de l’immigration clandestine. L’Algérie est victime de ce nouveau phénomène venu du sud du Sahara. « C’est un phénomène qui est devenu un phénomène universel. Nous vivons ce phénomène en Algérie. Nous subissons également cette question liée à la migration. Nous devons également travailler ensemble parce que c’est un phénomène qui peut être accompagné également par les milieux en relation avec le terrorisme, par des milieux également en relation avec le crime organisé », a conclu le ministre.

 

La coopération et l’amitié entre la Guinée et l’Algérie datent des premières heures des indépendances.

RFI
Le 18 avril 2018

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