La chambre d'appel de la Cour pénale internationale a confirmé mercredi l'acquittement de l'ex-président ivoirien, reconnu non coupable de crimes contre l'humanité en 2019, mettant fin à dix ans de procédures. Une décision qui ouvre la voie à un possible retour en Côte d'Ivoire.

Dix ans, presque jour pour jour, après son arrestation dans son « bunker » de la résidence présidentielle d'Abidjan, Laurent Gbagbo a été pleinement acquitté, mercredi, par la Cour pénale internationale (CPI). « La chambre d'appel rejette l'appel du procureur », a proclamé le juge nigérian Chile Eboe-Osuji. L'ancien président ivoirien, ainsi que son co-accusé, son ancien ministre Charles Blé Goudé sont désormais libres de toutes les charges. « C'est une victoire de la justice. L'innocence d'un homme a été pleinement reconnue », a souligné l'un de ses avocats, Emmanuel Altit.

La CPI avait acquitté Laurent Gbagbo en première instance en janvier 2019 mais la procureure, Fatou Bensouda, avait interjeté appel pour tenter de limiter le camouflet. Sans grande chance. Dans leurs attendus, les juges avaient en effet souligné « la faiblesse exceptionnelle » du dossier d'accusation.

Pression de ses supporters

Lunette et costume, l'ex-chef d'État a accueilli la nouvelle avec un large sourire. Pour lui, selon l'un de ses proches, ce n'est toutefois « qu'une étape de plus ». Il n'a jamais caché son intention de revenir en Côte d'Ivoire. Ce retour « chez (lui )», il en avait fait son objectif premier lors de son unique interview donnée depuis son arrestation, en octobre, peu avant la réélection pour un troisième mandat contesté de son rival de toujours Alassane Ouattara. Ce dernier ne s'y est jamais officiellement opposé. Le président avait simplement laissé entendre que le CPI devait au préalable mettre un terme complet aux poursuites.

Anonymement, l'entourage présidentiel affirmait que ce retour « ne serait possible que si les élections législatives se passent bien ». Or, le scrutin, tenu début mars, s'est déroulé dans le calme avec la participation du FPI, le parti Gbagbo. Les partisans du « Woody de Mama » rêvent ouvertement à un retour imminent du « chef » âgé de 75 ans, et de plus en plus bruyamment. Ils accusent les autorités de tout faire pour entraver ce voyage.

Pour contenir cette pression des supporters de l'ex-président, dont la popularité est restée forte dans toute une partie du pays, le pouvoir a lâché un peu de lest. Les autorités ont ainsi délivré en décembre deux passeports à Laurent Gbagbo. En parallèle, le premier ministre Hamed Bakayoko - décédé depuis - avait engagé des négociations avec l'entourage politique de l'ex-président pour évoquer concrètement les conditions d'un rapatriement. Plus rien ne semble désormais donc s'opposer à un retour, sauf peut-être sa condamnation en 2018 par un tribunal ivoirien à 20 ans de prison dans l'affaire du « casse » de bureau ivoirien de Banque centrale des États d'Afrique de l'Ouest (BCAO).


lefigaro.fr, Par Tanguy Berthemet

Le 1er varil 2021

 

 

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